DE LA FREQUENTATION DE L’EGLISE
Saint Nicodème l’Aghiorite
Comment ne pas admirer le grand abaissement de Dieu envers les hommes ? Comment ne pas s’émerveiller de l’amour du Tout Puissant pour tout le genre humain, et, en particulier pour le nouveau peuple élu des Chrétiens ?
Selon la Théologie, Dieu est indescriptible par nature, aucun lieu ne peut le contenir. Il est partout présent et hors de l’univers, comme l’a fort bien dit Saint Hilaire : « Le Dieu de l’univers est au delà de l’univers. Il contient ‘tout » (De Trin. VIII).
Pour nous Chrétiens, le Dieu indescriptible et incontenable s’abaisse, pour être circonscrit et contenu dans les Saintes Églises.
Roi sublime de l’univers, Il a pour trône le ciel et pour escabeau de Ses pieds la terre. Aucun lieu, aucun temple fait de main d’homme, n’est digne de Sa divine majesté : « Voici ce que dit le Seigneur : Le ciel est Mon trône et la terre l’escabeau de Mes pieds. Quelle maison Me construirez-vous ? Quel sera le lieu de Mon repos ? (Is. 66, 1) ». Et pourtant, Dieu accepte de reposer dans les Temples Sacrés des Chrétiens. Il dit les avoir choisis pour Sa demeure : « J’ai choisi ce lieu comme Ma maison où l’on M’offrira des sacrifices » (2 Chron. 7, 12).
Celui Qui dit que les cieux et la terre Lui appartiennent, pour les avoir formés par Sa Toute Puissance, par Sa main créatrice : « Toutes ces choses, Ma main les a faites, toutes ces choses sont à Moi » (Is. 66, 2), Dieu, par amour des Chrétiens semble d’une certaine manière voiler Sa Majesté. L’Immortel, le Céleste veut habiter chez les mortels, chez les hommes de la terre et appeler Sa Sainte Église Sa Maison: « Ma maison sera appelée maison de prières pour toutes les nations » (Is. 56, 7).
Quel abaissement divin ! Quel immense bienfait ! Quelle grâce pour les Chrétiens ! Hélas, les Chrétiens, aujourd’hui, ne comprennent plus cet abaissement indicible de Dieu ; ils ne mesurent plus, comme il le faudrait, ce suprême bienfait, cette grâce qui a fait les mortels dignes de converser avec l’Immortel, avec le Roi du ciel, toutes les fois qu’ils viendraient dans Son Saint Temple. Mais encore une fois hélas! L’un est empêché par ses affaires, l’autre par les soucis de sa maison, un autre pour tel prétexte, un autre pour tel autre… Tous négligent d’aller le soir et le matin à l’Église, selon le devoir de tout Chrétien. S’ils y vont, c’est par contrainte ; et encore deux ou trois fois la semaine, et ils ne s’y tiennent pas comme il convient, dans la crainte et la piété. Ils parlent, rient, et c’est distraits et sans attention qu’ils écoutent les Divines Paroles, laissant leur esprit voler çà et là, sans le fixer.
C’est pourquoi j’ai décidé d’exposer dans la présente homélie :
1°) Comment les Chrétiens doivent aller à l’Église de Dieu.
2°) Comment ils doivent s’y tenir.
-I-
LES CHRETIENS DOIVENT PAR NECESSITE ALLER A L’EGLISE.
L’EGLISE POSSEDE LA TABLE ET LA FONTAINE SPIRITUELLE
POUR RASSASIER ET POUR DESALTERER.
Frères chrétiens, nous devons aller à l’Église :
1). par nécessité
2). par amour
3). avec assiduité
4). avec pureté
5). par devoir.
1. PAR NECESSITE
Quand nous avons faim, nous nous mettons à table pour nous restaurer, et quand nous avons soif nous allons boire à la fontaine pour nous désaltérer.
Ainsi doivent agir les Chrétiens affamés du Pain Substantiel, qui est le Corps Vivifiant du Seigneur, et du Pain Spirituel qui est la Parole de Dieu, Sa Doctrine, comme l’a très bien dit Saint Grégoire le Théologien : « Le Pain, c’est la Parole Divine, dont se nourrissent les âmes affamées de Dieu. »
Ainsi doivent agir les fidèles assoiffés de la Boisson éternelle, qui est le Sang vivifiant de Notre Seigneur Jésus-Christ, de la boisson spirituelle qui est le vin de la Parole et de la Doctrine Divines.
Voilà pourquoi le Chrétien qui a faim et soif doit par nécessité aller à l’Église pour se restaurer à la Table Mystique qui porte le Corps du Seigneur et la Parole Divine, et étancher sa soif, par le Sang du Seigneur Qui véhicule la vie, et par les eaux de la doctrine des Saintes Écritures, qui coulent dans l’Église.
Car si nous n’allons pas à l’Église fréquemment pour y manger ces Mets et boire ces Breuvages immortels qui donnent la vie, nos âmes mourront, comme l’a dit le Seigneur : « Si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l’Homme et si vous ne buvez pas Son Sang, vous n’aurez pas la Vie en vous » (Jn 6, 53)
Tous ces Biens, cette double Nourriture et ce double Breuvage, se trouvent dans la Maison de Dieu, la Sainte Église. Voyant cela à l’avance, David le divin prophétise et dit : « Nous nous rassasierons des biens de Ta Maison, de la Sainteté de Ton Temple » (Ps. 64, 5).
Le Prophète Joël, à Propos du breuvage qu’est la doctrine divine, qui jaillit dans l’Église et abreuve les Chrétiens desséchés, qui comme le jonc ne portent pas de fruits : « En ce jour là, une source jaillira de la Maison du Seigneur, elle arrosera la vallée des joncs » (Jo. 3, 18).
L’EGLISE EST UNE ARCHE
Pour une autre raison aussi, les Chrétiens doivent aller à l’Église par nécessité : l’Église est une Arche.
Au temps du déluge, les hommes et les animaux qui entrèrent dans l’Arche furent sauvés du Déluge, et tous les hommes et les animaux qui restèrent dehors furent noyés.
De même aujourd’hui, tous les Chrétiens qui vont à’ l’Église sont à l’abri du déluge spirituel du péché et des passions.. Et tous les Chrétiens qui restent hors de l’Église, sont engloutis et noyés. Le Divin Chrysostome disait : « Le déluge était la figure des choses futures. L’Arche c’était l’Église. Noé le Christ. La Colombe le Saint Esprit. Le rameau d’olivier, l’Amour de Dieu pour les hommes. Les premiers étaient des figures, les seconds la réalité. Comme l’Arche qui se mouvait sur les eaux, sauva ceux qu’elle contenait, de même l’Église sauve tous les égarés » (Hom. sur le Tremblement de terre).
L’EGLISE EST UNE BERGERIE SPIRITUELLE.
Frères, il faut s’efforcer d’aller à l’Église. L’Église est votre Bergerie spirituelle et vous les Brebis raisonnables de cette Bergerie. Hors de la Bergerie, les brebis s’exposent aux périls et s’égarent. Le loup, le chacal et d’autres bêtes sauvages les ravissent. Mais dans la bergerie, elles ne risquent rien. Ainsi, tous les Chrétiens qui ne vont pas à l’Église et restent dehors, risquent d’être dévorés par le Diable, le loup spirituel et par les bêtes sauvages que sont les passions. Tous ceux qui se trouvent dans l’Église échappent aux dangers. C’est pourquoi le Divin Chrysostome a dit : « Demeure dans l’Église et tu ne t’égareras pas. Si tu es dedans, le loup n’y pénétrera pas; si tu en sors, tu seras sa pâture. Rien n’égale l’Église, ne t’en éloigne pas. Rien n’est plus fort que l’Église.
Que ton espoir soit l’Église.
Que ton salut soit l’Église.
Que ton refuge soit l’Église.
Elle est plus haute que le ciel, plus vaste que la terre. Elle ne vieillit jamais, elle s’épanouit sans cesse » (Discours à Eutrope).
Voulez-vous, mes bien-aimés, savoir comment celui qui va à l’Église est sauvé et comment celui qui reste hors de l’Église est perdu ?
Écoutez :
Une loi respectée par nos anciens Empereurs Orthodoxes, voulait qu’un criminel, fut-il le plus grand et digne de la mort, s’il parvenait à pénétrer dans l’Église ou atteindre ses limites, à fouler son parvis, échappait à la mort et personne ne pouvait l’arrêter. Dans le cas contraire, il était arrêté et exécuté.
Un prince du sang de l’Empereur Arcadius, Eutrope, malgré la loi qu’il promulgua contre le droit d’asile de l’Église, s’y réfugia quand l’Empereur lui retira ses faveurs. Mais quand il quitta l’Église pour prendre la fuite, il fut arrêté et décapité.
Saint Jean Chrysostome, qui était Patriarche de 1’époque, écrivit deux admirables discours. L’un, quand Eutrope tremblant de crainte se réfugia dans l’Église, et l’autre, quand le même Eutrope en sortit et fut arrêté. Dans l’un de ces discours, on lit ces paroles d’or : « Ne va pas dire qu’Eutrope a été dénoncé par l’Église, non, il n’a pas été dénoncé. Ne va pas dire qu’il s’est réfugié et qu’il a été trahi, non, l’Église ne l’a pas abandonné, c’est lui-même qui l’a quittée. Il n’a pas été arrête à l’intérieur, mais à’ l’extérieur, pendant sa fuite…
L’EGLISE EST UN DISPENSAIRE POUR TOUS
Chrétiens, efforcez-vous d’aller à l’Église. Elle est un dispensaire qui prodigue ses soins aux pécheurs spirituellement blessés par le Diable.
Ceux dont le corps est blessé vont, par nécessité, chez le médecin, pour être soignés et éviter la mort, de même les Chrétiens spirituellement blessés par les passions et les péchés, doivent aller, par nécessité, au Dispensaire qu’est l’Église y montrer leurs plaies au Prêtre et recevoir les remèdes appropriés et les baumes qui guérissent. S’ils négligent de le faire, leur mal s’aggravera jusqu’à la mort éternelle de l’âme. Le divin Chrysostome a dit encore à propos de l’Église : « Cette Maison est un dispensaire spirituel où sont guéries les blessures reçues dehors » (Hom. 2 sur Saint Jean). Et ailleurs: « L’Église est l’Hôpital des âmes… on y vient pour recevoir les remèdes appropriés à nos maladies » (Hom. 32 sur la Genèse).
Dans la parabole de l’homme tombé dans les mains des brigands, le Seigneur appelle l’Église Hôtellerie ou Hospice (Lc 10, 34).
Et voici l’explication de la parabole :
L’homme c’est Adam et aussi tout pécheur.
Jérusalem d’où il vient, c’est le Paradis et la vertu,
Jéricho, c’est le monde et le péché.
Les brigands, ce sont les démons.
Les blessures, ce sont les passions.
Le Samaritain, c’est le Christ.
L’Huile et le Vin, l’amour de Dieu pour l’homme et sa justice.
La Monture, c’est la nature humaine du Seigneur.
L’Hôtellerie, c’est l’Église.
L’Hôtelier, c’est Paul, les autres Apôtres et leurs successeurs Évêques et Prêtres
Les Deux deniers, l’Ancien et le Nouveau Testaments.
2). LES CHRETIENS DOIVENT ALLER A L’EGLISE AVEC AMOUR.
LA MERE COMMUNE DES CHRETIENS
Les Chrétiens doivent aller à l’Église avec un grand désir, parce que l’Église est la Mère commune de tous les Chrétiens Orthodoxes. Elle les a tous régénérés dans la piscine du Saint Baptême; elle les a nourris avec le lait spirituel de la piété, de la foi et avec les Saints Mystères.
Comme les enfants se pressent vers leur mère naturelle avec désir et amour, les Chrétiens devraient aussi se jeter dans les bras de leur Mère Spirituelle et très douce, la Sainte Église, avec une joie sans limites, un grand-amour, un parfait désir, et jouir de ses biens célestes.
Saint Jean Chrysostome a dit : « L’Église est la Mère de ses enfants, elle leur ouvre ses bras… » (Hom. sur Phocas le Martyr).
L’EGLISE C’EST LA MAISON COMMUNE DES CHRETIENS
Allons avec désir à l’Église, elle est la Maison de Dieu, la maison commune de tous les Chrétiens. Quand les habitants d’une maison matérielle s’absentent au loin, ils désirent toujours y revenir et revoir leurs parents. Les Chrétiens devraient également venir à l’Église avec un grand désir, comme à leur maison commune, la Demeure de Dieu, afin de contempler le Père céleste et tous les Saints, leurs parents spirituels, et jouir avec eux des biens éternels. Quand il écrit à Timothée, Paul affirme que l’Église est la Maison de Dieu : « Sache comment il faut te conduire dans la Maison de Dieu qui est l’Église du Dieu Vivant ».
Chrysostome expliquant la parole du Patriarche Jacob quand il vit l’échelle, dit : « L’Échelle était une figure de l’Église, c’est pourquoi il l’appelle Maison de Dieu ».
Le même affirme que l’Église est la Maison Commune des Chrétiens : « C’est pour toi que le Prêtre est assis, c’est pour toi que le Diacre reste debout, non sans fatigue et sans lassitude. Quelle sera donc votre excuse, vous qui ne daignez pas lui prêter attention ? »
« L’Église est la maison de nous tous. La Maison où nous sommes est plus que respectable. Ici sont déposés nos trésors les plus précieux; ici nous avons toutes nos espérances » (Hom. 32 sur Matthieu).
L’EGLISE EST LE JARDIN ET LE PARADIS
Il faut aller à l’Église avec un grand désir, frères, car elle est un Jardin, le Paradis.
Comme celui qui entre dans un beau parc éprouve beaucoup de plaisir à la vue des arbres et des fleurs, de même les Chrétiens devraient éprouver beaucoup de joie dans l’Église, à la vue des fleurs et des plantes que sont les Saintes Écritures Évangéliques, Apostoliques et Prophétiques. Dans ce Paradis qu’est l’Église, pas de serpent pour attaquer, mais le Christ qui conseille ; pas d’Ève pour chuter, mais la doctrine qui redresse. Il n’y a pas que des feuilles d’arbres mais aussi des fruits de l’Esprit.
« Y a-t-il, s’écrie Chrysostome, une prairie pareille à l’Église ? Y a-t-il un Paradis semblable à notre Compagnie ? Ici, pas de serpent notre ennemi, mais le Christ qui nous guide; pas d’Ève pour séduire, mais l’Église pour redresser; pas de feuilles d’arbres mais des fruits de l’Esprit ». Et encore :
« Dans les prairies il y a des fleurs variées ; les unes réjouissent la vue, les autres l’odorat, d’autres encore servent pour les soins du corps, toutes sont pour l’homme. De même dans l’Église, il y a les Saintes Écritures, l’audition des Évangiles, des Épîtres et des Prophètes ».
L’EGLISE EST UNE KERMESSE
Il faut que les Chrétiens aillent avec amour à l’Église. L’Église est comme une Kermesse où on aime aller promener, regarder, y faire des affaires et même gagner de l’argent pour s’enrichir.
Chrétiens, allons a l’Église de Dieu nous enrichir non de pierres précieuses, d’or ou d’argent, richesses éphémères et corruptibles, mais de Sa Doctrine, de Ses Paroles Divines, incomparablement plus précieuses que l’or et l’argent, comme le dit David le divin : « Les jugements du Seigneur sont vrais, éprouvés, plus précieux que l’or, les pierres précieuses, plus doux que la cire et le miel » (Ps. 18, 9 sq).
L’EGLISE EST UN PORT SPIRITUEL
On doit courir à l’Église avec la hâte des marins, en danger sur la mer, pour rentrer au port.
L’Église de Dieu est un port spirituel, un port sûr, tranquille et protégé, un abri pour tous ceux qui sont en péril sur la mer des villes, battus par la tempête du péché, par les vagues des soucis de ce monde.
Mille ans avant, le Prophète David avait beaucoup désiré dans son cœur de voir l’Église des Chrétiens, de se réjouir de sa gloire merveilleuse et de sa majesté. Il voulait être enlevé et porté dans une de nos Églises des nations: « Qui me mènera, disait-il, dans la ville forte? » (Ps. 108, 11).
Pour Saint Jean Chrysostome, la ville forte c’est l’Église.
Imitant David, les Chrétiens devraient avec plus de désir encore, se hâter vers l’Église dès le signal des cloches et des simandres sacrées.
Le peuple Israélite chérissait son Temple, qui n’était pourtant qu’une figure, qu’une ombre de l’Église des Chrétiens. « Que Tes demeures sont aimables, s’écriait-il, Seigneur des armées ! Mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur » (Ps. 83, 1). Les Israélites préféraient être les dernier dans le Temple de Dieu plutôt que d’habiter dans les palais des pécheurs. « Je préfère me tenir sur le seuil de la maison de Dieu, plutôt que d’habiter sous les tentes de la méchanceté »(Ps. 83). Ils ne demandaient qu’une grâce à Dieu, se trouver toujours dans la maison de Dieu pour y contempler sa gloire : « Je demande au Seigneur une chose, que je désire ardemment: Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison du Seigneur, pour contempler la magnificence du Seigneur et pour admirer son Temple » (Ps. 26, 4).
Si les Juifs nourrissaient tant d’amour pour leur Temple, où étaient offerts des sacrifices d’animaux, s’ils désiraient ardemment voir l’Ancien Temple de Dieu où se trouvaient les seules images des Chérubins, quel doit donc être l’amour des Chrétiens pour les Saintes Églises du Dieu où est sacrifié mystérieusement le Fils de Dieu Qui les habite et y séjourne, Lui Qui est assis sur le trône de gloire chérubique ?
3). LES CHRETIENS DOIVENT ALLER A L’EGLISE AVEC ASSIDUITE
Les Chrétiens se doivent d’aller à l’église de Dieu avec assiduité, c’est-à-dire chaque matin et chaque soir. C’est le conseil que les Apôtres donnent à l’Évêque : « Exhorte le peuple d’aller à l’église le matin et le soir de chaque jour. Qu’on ne s’absente pas et qu’on y vienne assidûment » (Const. Apost. Liv. II, Cap.58). Et encore : « Ne préférez pas les affaires du monde à la parole divine, mais rassemblez-vous chaque jour matin et soir de même que les Dimanches pour chanter et prier » (Ibid.).
Si David le Roi-Prophète, malgré sa charge royale, priait sept fois par jour : « Sept fois le jour je Te célèbre, à cause des lois de Ta justice » (Ps. 118, 164) pourquoi les chrétiens n’iraient ils pas à l’église deux fois le jour ?.
Si nous ne pouvons pas aller à l’église chaque matin et chaque soir, parce que l’église est loin, ou qu’on est malade, ou pour tout autre raison valable, il faut en tout cas y aller chaque Dimanche et à chaque grande fête, pour y entendre la parole de Dieu et prier-en commun le Seigneur.
C’est vraiment une honte pour les Chrétiens, qui possèdent le vrai Dieu, de ne pas aller assidûment à l’église pour Le prier, Lui rendre le culte, la gloire, l’adoration qui Lui sont dus, alors que les peuples idolâtres montent dès leur réveil sur les hauts-lieux pour adorer leurs idoles.
Je crains fort que les païens et les musulmans, les juifs et les idolâtres, ne soient plus justes que les Chrétiens. Nous aurons des comptes à rendre, pour avoir dépassé dans le mal les païens eux-mêmes, comme le disent les Apôtres : « Comment ne sera-t-il pas ennemi de Dieu, celui qui jour et nuit ne pense qu’aux choses éphémères ? »
Le Seigneur qui a menacé Jérusalem en disant: Sodome sera traitée moins rigoureusement que toi, ne lui dira-t-il pas: Les nations ont été plus justes que vous. Dès le matin, les païens s’empressent d’adorer leurs idoles et avant de se rendre à leurs travaux ou à leurs affaires, les prient d’abord… Si donc ceux qui sont égarés montrent tant de zèle pour ce qui est inutile, comment justifieras-tu tes absences devant le Seigneur, toi qui n’imites même pas ces païens ? Voici ce que dit le Seigneur par la bouche de Jérémie : « Vous n’avez pas observé mes préceptes, vous n’avez même pas marché selon les préceptes des païens » (Const. Apost. 11,59).
Le VIème Concile Œcuménique ordonne, dans son canon 70, que celui qui ne va pas à l’Église trois Dimanches consécutifs, soit déposé s’il est clerc, excommunié, s’il est laïc.
4). LES CHRETIENS DOIVENT ALLER A L’EGLISE AVEC PURETE ET SANS RANCUNE
« L’EGLISE EST UNE TEINTURERIE »
Les Chrétiens doivent aller à l’église avec pureté. Si vous avez quelque grief ou rancune contre un frère, il faut aller auparavant lui demander pardon, vous réconcilier, puis aller à l’Église.
Car si vous avez de l’inimitié, votre offrande et votre prière ne seront pas agréées par Dieu. Le Seigneur a dit : « Si donc tu présentes ton offrande a l’Autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’Autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis viens présenter ton offrande » (Matt. 5, 23).
Celui qui nourrit de la haine ne peut ni entrer dans la Maison de Dieu, ni dire: « Notre Père… remets nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs… » Il ment car, sans pardonner à son frère, il demande le pardon de Dieu.
Saint Jean Chrysostome appelle l’Église : « TEINTURERIE ». En effet, celui qui veut teindre une étoffe, la lave avant de la teindre d’une couleur éclatante et belle. De même, celui qui veut aller à l’Église du Christ pour recevoir, dans son âme, la teinture céleste et divine doit, auparavant, se laver et se purifier de toute impureté.
POURQUOI LES CHRETIENS DOIVENT SE LAVER LES MAINS AVANT D’ALLER A L’EGLISE
Telle était l’habitude des anciens Chrétiens. Celui qui devait aller à l’Église se lavait les mains avant. Beaucoup de Chrétiens observent encore cette habitude. Pourquoi ?
Pour ne pas oublier de laver de toute impureté l’esprit et la conscience, ces deux mains de l’âme, avant d’aller à l’Église.
« Ce lavement des mains, dit Saint Germain dans son Explication de la Liturgie, ce lavement des mains, nous rappelle qu’il nous faut purifier la conscience, l’esprit et l’intelligence, qui sont comme les mains de notre âme, puis approcher la Sainte Table, dans la crainte de Dieu… »
Si après avoir lavé les mains, on laisse notre cœur et notre âme sales et impurs, quel profit en aurons-nous ? Dieu ne regarde pas les mains, mais le cœur et l’âme purifiés.
Aller à l’Église les mains non lavées, cela est sans importance. Y aller avec un cœur et une âme non purifiés, c’est le pire de tous les maux, comme l’a fort bien dit le divin Chrysostome : « Si nous allons à l’Église, les mains propres et non le cœur, les mains feront-elles entendre une voix ? N’est-ce pas l’âme qui parle, n’est-ce pas elle que Dieu voit ? La pureté du corps ne sert à rien, si l’âme est souillée. A quoi bon les mains du corps propres et celles de l’âme souillées. Il est indifférent de prier les mains sales, mais prier avec un esprit souillé, voilà le pire des maux » (Hom. 63 sur Jean).
5). ON DOIT ALLER A L’EGLISE PAR DEVOIR
L’EGLISE SYMBOLISE DEUX CHOSES
Les Chrétiens doivent aller à l’église de Dieu par devoir. Le terme même EGLISE nous y invite.
Le terme EGLISE a deux significations. La principale est: Assemblée, Rassemblement, Multitude d’hommes. Ne lisons-nous pas dans le Deutéronome : « C’est cela même que tu as demandé au Seigneur ton Dieu, a l’Horeb, au jour de l’EGLISE (au sens d’assemblée du peuple) » (18, 6). Et aussi : « Puis le roi retourna et bénit toute l’EGLISE (Assemblée) d’Israël qui se tenait debout » (3 Rois 8, 14).
Isidore de Péluse dit qu’il y a EGLISE et église. La première est faite d’âmes pures, la seconde de pierres et de murs. Et Saint Cyrille d’Alexandrie : « En disant EGLISE, nous n’entendons pas les murs qui nous entourent mais la noble assemblée ». Et Saint Germain : « L’Église c’est l’assemblée du peuple, le Corps du Christ ».
C’est par abus que l’on appelle église l’édifice appelé aussi Maison, Temple de Dieu, où les Chrétiens se réunissent. Le divin Germain dit : « Par église, on entend également le Temple de Dieu, le Sanctuaire sacré, la Maison de Prière ».
POUR CES DEUX RAISONS LES CHRETIENS DOIVENT ALLER A L’EGLISE
L’EGLISE S’APPELLE AINSI PARCE QU’ELLE RASSEMBLE LES CHRETIENS
Tous nous avons le devoir d’aller à l’église de Dieu, si nous voulons que ce nom corresponde à son objet. Car comment peut-elle être appelée Assemblée des Chrétiens, si l’on ne s’y rassemble pas ? Comment l’EGLISE peut-elle être appelée Corps du Christ quand nous, les membres, nous en sommes absents ? Ou comment pouvons-nous l’appeler LIEU ET TEMPLE de Dieu, si nous la méprisons en ne nous y réunissant pas pour y faire monter vers Dieu nos prières et nos doxologies ?
L’EGLISE est aussi appelée église parce qu’elle invite tous les Chrétiens en elle, soit par ses simandres, soit par ses cloches sacrées, comme la bergerie appelle les brebis par le son des clochettes.
Comment justifiera-t-elle son nom, si quand retentissent ses cloches sacrées et ses simandres, nous méprisons cette bergerie spirituelle en n’y allant pas ?
L’EGLISE EST AIMEE ET HONOREE PAR LE CHRIST :
CEUX QUI LA MEPRISENT, MEPRISENT LE CHRIST
CEUX QUI SE SEPARENT DE L’EGLISE SERONT SEPARES DES JUSTES
Où sont donc les Chrétiens qui entendent les cloches de l’église les inviter aux Matines du Dimanche, des Fêtes du Seigneur ou de la Mère de Dieu ? Où sont donc les Chrétiens qui entendent l’Église les appeler aux Vêpres, et la méprisent par leur absence, pour se livrer aux plaisirs et aux spectacles du monde ? Où sont ceux qui entendent l’Église les inviter à la Sainte Liturgie, et vont au café et se détournent de l’assemblée de leurs frères ? Misérables et malheureux ! Le Christ a aimé l’Église au point de donner Sa vie pour Elle. « Christ a tant aimé l’Église, dit Paul, qu’Il S’est livré pour Elle » (Eph. 6, 25) et vous, vous La fuyez ?
L’Église est si précieuse aux yeux de Dieu qu’Il a placés des Anges pour la garder. « Les Sept Etoiles sont les Anges des sept Églises » (Apoc. 1, 20). Les Anges de Dieu gardent l’Église, et vous, ô insensés, vous vous en détournez.
Ne savez-vous pas qu’en vous détournant d’Elle et en La méprisant, vous vous détournez du Christ et vous Le méprisez, Lui qui en est la Tête, comme le dit Paul ? (Ibid.) Ignorez-vous qu’en n’allant pas à l’église, vous vous séparez des Chrétiens, comme des membres pourris du Corps de l’Église ? Ignorez-vous que vous sortez de vous-mêmes de la Bergerie du Christ, comme des brebis galeuses ? Que vous vous coupez du Christ, la Tête de l’Église et que vous ne recevez plus aucun secours de Lui, aucune grâce ?
Que dis-je ? Si vous fuyez maintenant l’Église du Christ, si vous vous séparez volontairement du Christ et de l’Assemblée des pieux fidèles, sachez que lors du Jugement, vous serez séparés de l’Assemblée des Justes et des brebis qui se tiendront à Sa droite, pour être placés à gauche, avec les pêcheurs et les boucs.
Comme l’Église qui lutte ici-bas est l’image de celle qui est au Ciel, votre séparation volontaire ici-bas est la figure de votre séparation future, comme le dit Saint Denys l’Aréopagite : « Il est vrai que le visible est l’image où se reflète l’invisible, car dans les siècles à venir, ce n’est pas Dieu qui Se sépare justement des méchants, mais les méchants qui se séparent totalement de Dieu… » (Épître à Jean le Théologien).
CELUI QUI PRIE A L’EGLISE EST PLUS ECOUTE QUE CELUI QUI PRIE CHEZ LUI
A celui qui dit : moi, je prie chez moi, et je n’ai pas besoin d’aller à l’Église, je réponds avec Saint Jean Chrysostome et lui dis : tu t’égares et tu te trompes, qui que tu sois, en parlant ainsi. Certes, tu peux prier chez toi, mais la prière faite à la maison n’a pas la même force que celle faite à l’Église, ou se trouve la multitude des Prêtres, des Docteurs, des Chrétiens, où tous prient d’une seule bouche et où ta prière est mieux entendue de Dieu.
Le divin David, qui avait l’habitude d’aller prier dans l’église (=assemblée) et d’y louer le Seigneur, ne disait-il pas : « Dans les Églises, je Te bénirai Seigneur » (Ps. 25). Et aussi : « Au milieu de l’Église, je Te chanterai » (Ps. 21). non seulement il priait à l’Église, mais il exhortait aussi les autres à venir y prier : « Dans les Églises, bénissez Dieu » (Ps. 67, 27). Et aussi : « Adorez le Seigneur dans ses parvis sacrés » (Ps. 28, 2).
Commentant ce verset, Saint Basile le Grand dit : « Il ne convient pas d’adorer Dieu hors de ce parvis, mais à l’intérieur. Celui qui se trouve hors du parvis est attiré par les choses extérieures ; il perd le privilège d’être dans le parvis du Seigneur… «
LA PRIERE MATINALE A L’EGLISE SIMPLIFIE TOUS LES TRAVAUX DU JOUR
Après ce que nous venons de dire sur le terme EGLISE, dès que vous entendez le son des cloches ou de la simandre, que ce soit Matines, Liturgie ou Vêpres, pressez-vous, comme des enfants vers votre mère commune, comme des membres de la même famille vers la Maison Spirituelle, comme des marins battus par la mer vers le port, comme des affamés et assoiffés vers la Table Spirituelle des Mystères du Verbe Divin. Comme des malades et des blessés, vers l’infirmerie.
Rivalisez de zèle pour aller au Temple du Seigneur. Honte et confusion au dernier, comme le recommande Sirach : « Lève-toi, sans traîner et presse-toi vers le Temple », et aussi : « Approchez-vous de Moi, ignorants et mettez-vous à l’école ».
En allant dès le matin à l’Église du Christ pour y prier, sachez que cette prière facilitera tous vos travaux du jour et que les œuvres de vos mains seront bénies, dit le divin Chrysostome. Le même dit que le Chrétien devrait tout d’abord élever ses mains dans la prière à l’Église, puis vaquer à ses travaux. Cette prière donne la force à ceux qui travaillent.
Ne ressemblons pas aux invités du Banquet spirituel en refusant l’invitation de l’Église, prétextant que nous avons pris femme, acheté des bœufs, des champs, des prairies et que nous n’avons pas le temps d’aller à l’Église. Car,
1°) C’est vous blâmer vous-mêmes, en disant que vous êtes occupés et pris par les soucis terrestres, au point de ne pas trouver un temps pour les choses spirituelles et indispensables au salut
2°) Tous ces prétextes sont en vérité des mensonges et non des raisons vraies et bénies.
Quand on veut visiter des amis, aller au théâtre ou à d’autres distractions, on trouve toujours le temps et jamais d’obstacles. Mais quand c’est l’Église qui nous appelle, pour la prière et l’audition de la parole de Dieu, alors on trouve mille bonnes raisons pour ne pas y aller.
Frères, ne comprenez-vous pas que ces prétextes, ces raisons, viennent du diable qui veut nous détourner du bien et du salut ?
Ne voyez-vous pas que vous gaspillez la majeure partie de votre vie pour des choses vaines et passagères et ne consacrez pas le moindre temps aux choses nécessaires, salutaires et divines que vous jugez superflues ?
Ne songez-vous pas qu’en agissant ainsi, vous n’êtes pas dignes de vivre et de voir le soleil ?
Le Diable, jamais à court d’inventions, qui veut empêcher les Chrétiens d’aller à l’église, leur suggère des pensées apparemment valables, comme celles-ci : « Même si vous allez à l’Église corporellement, vous n’y êtes pas en esprit, vous restez dehors pour aller à vos affaires. Puisque vous ne pouvez maîtriser votre esprit et l’obliger à rester à l’Église, pourquoi y allez-vous ? »
Frères, n’écoutez pas cette mauvaise pensée proposée par le Diable, qui veut la perte de vos âmes. Non, allez à l’Église de Dieu, luttez pour rassembler votre esprit dans le cœur et empêchez-le de se répandre à l’extérieur, pour vaquer aux affaires du monde, et que ce que l’on chante à l’Office ne soit pas votre lot : « … Souvent, pendant que je psalmodie, Je me vois accomplir le péché. Ma langue chante un hymne et mon esprit est occupé ailleurs … «
Frères, si avec le corps, vous vous trouvez à l’église et que votre esprit s’évade à l’extérieur, ne vous troublez pas, ramenez-le au plus vite a l’Église, puis en vous-même. si à nouveau il s’échappe, a nouveau ramenez-le dans votre cœur et ne quittez pas l’Église.
Dans le livre des Pères du Désert, un Abba dit : « Le poulain quitte sa mère et va gambader ici et là, mais il revient toujours vers elle. De même fait l’esprit, il n’est pas toujours avec son corps, car il s’en va gambader lui aussi, ici et là, mais il revient toujours à son corps … «
Gardez-vous, frères, d’une autre pensée, que le Diable propose à certains : « Tu es un homme ignorant et tu ne comprends rien à ce qui se dit à l’Église, pourquoi y vas-tu ? »
Écoutez ce que répond un autre Abba du Désert: « Si tu ne comprends rien à ce qui se dit à l’Église, le Diable le comprend et prend la fuite… »
Si vous ne comprenez pas tout ce qui se dit à l’Église, vous êtes quand même édifiés par le peu que vous comprenez. J’ajouterai que si vous allez fréquemment a l’Église et que vous y écoutez les Paroles Divines, l’assiduité et le temps vous feront comprendre ce qui vous échappait au début. Et Dieu, voyant votre bonne disposition, ouvrira votre esprit et l’éclairera pour qu’il comprenne.
L’AME ET LE CORPS SONT DEUX COMPAGNONS DANS LE PARTAGE DU TEMPS – L’AME EST TOUJOURS LESEE
L’âme et le corps sont deux compagnons, placés par Dieu dans le monde, pour y travailler et recevoir chacun son salaire, selon sa nature et sa dignité.
L’âme étant immatérielle, immortelle et par conséquent supérieure au corps, a droit à une plus grande part. Le corps, qui est matériel et mortel, par conséquent inférieur à l’âme, a droit à une part plus petite.
Malgré cela, le contraire se produit. L’âme, au cours des vingt-quatre heures, ne reçoit ‘ qu’une part de deux heures, passant une heure le matin et une le soir à l’Église, alors que le corps reçoit la part la plus importante, c’est-à-dire vingt-deux heures sur vingt-quatre.
Frères Chrétiens, considérez cette grande injustice! Consacrer à peine deux heures à notre âme immortelle, en allant à l’Église le matin et le soir, selon le conseil des Apôtres, et vingt-deux heures au corps mortel… Grande est notre injustice ! On n’est vraiment pas digne d’être appelé Chrétien, ni même homme, avec une âme raisonnable et immortelle.
Nous sommes des païens, seulement des charnels, des corps semblables aux hommes d’avant le déluge, dont Dieu a dit: « Mon Esprit ne demeurera pas sur ces hommes, car ils ne sont que chair » (Gen. 6, 3).
COMBIEN DE FOIS PAR SEMAINE DOIT-ON ALLER A L’EGLISE
Chrétiens, cessez de faire un partage aussi injuste entre votre corps et votre âme, et si vous ne pouvez aller à l’église deux fois par jour, allez-y au moins deux fois par semaine, le Samedi et le Dimanche, ou encore, au lieu du Samedi, allez-y pour chaque Fête, comme le demandent les Saints Apôtres, « Le jour de Samedi et particulièrement le Dimanche qui est le Jour de la Résurrection du Seigneur, rassemblez-vous pour louanger Dieu qui a tout créé par Jésus ».
LES CHRETIENS DOIVENT AMENER LEURS ENFANTS A L’EGLISE
Quand vous allez à l’Église, Saint Jean Chrysostome vous recommande d’amener avec vous vos enfants, même s’ils sont petits. Ne craignez pas de les réveiller de leur doux sommeil, quand vous allez à Matines, même par temps froid et mauvais, été comme hiver, afin qu’eux aussi voient, contemplent et vénèrent les Saintes Icônes du Seigneur, de la Mère de Dieu et des Saints, entendent les divines paroles et s’habituent, dès l’enfance, à aller à l’Église du Christ.
Cet âge, c’est comme de la cire molle. Comme un sceau, s’imprime dans leur esprit tout ce qui est dit et entendu, ils prennent de bonnes habitudes et apprennent à marcher dans la vie vertueuse.
Et quand ils grandiront et vieilliront, cette bonne habitude, qui sera devenue comme une seconde nature, les portera à fréquenter régulièrement l’Église du Christ, à travailler pour acquérir les vertus, à progresser dans les affaires temporelles, à devenir plus respectables et plus sages que les vieillards.
QUE DOIVENT FAIRE LES CHRETIENS EN ENTENDANT LES CLOCHES DE L’EGLISE
Dès qu’on entend le son des cloches ou des simandres, on doit se réjouir dans le fond de son cœur, ressembler au cheval fort, qui hennit au son de la trompette, comme le dit fort bien Job: « Frémissant d’impatience, il dévore l’espace, il ne se tient plus quand sonne la trompette …
Donc, quand on entend les cloches, disons en nous-mêmes : « Voici que l’Église, notre mère spirituelle, nous invite à venir dans ses bras, pour nous donner Ses biens célestes ». Ces cloches sont, les trompettes des Anges qui retentiront au dernier jour du monde.
Nous, exhortons-nous les uns les autres à aller à l’Église, par les paroles prophétiques de Michée:
« Frères, venez et montons sur la montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob; là, nos Pontifes et nos Prêtres et maîtres nous montrerons la voie à suivre dans les commandements du Seigneur, et nous marcherons en elle.
« Venez et montons a la Montagne du Seigneur, au Temple du Dieu de Jacob, pour qu’il nous enseigne dans ses voies et que nous suivions ses sentiers » (Mi. 4, 2).
En entrant dans l’Église, que chacun de nous dise les paroles de David: « J’entrerai dans Ta Maison, j’adorerai dans la crainte dans Ton Temple Saint » (Ps. 5, 7).
-II-
DE LA TENUE A L’EGLISE
L’EGLISE EST A L’IMAGE DU CIEL TOUT CE QUI EST AU CIEL SE TROUVE AUSSI DANS L’EGLISE
Quand vous entrez dans l’Église c’est dans le ciel que vous entrez, l’Église en est l’image. Le Narthex de l’Église figure la terre, la Nef le ciel et le Sanctuaire, le ciel des Cieux.
Veux-tu savoir que l’Église est un ciel ? Dis-moi, qu’est-ce qui fait le ciel ?
1°) La présence de Dieu.
2°) La présence du Corps incorruptible et glorifié du Christ.
3°) La présence de la Mère de Dieu.
4°) La présence de tous les Saints.
Toutes ces présences sont également dans l’Église du Christ sur la terre. En elle, en effet, le Dieu céleste habite et se meut, comme l’enseigne Saint Germain dans son explication de la Liturgie.
Chaque jour, dans l’Église, est consacré le Corps glorifié et incorruptible de notre Seigneur Jésus Christ. Dans l’Église sont présents la Mère de Dieu, les Anges et avec eux, tous les Saints.
Là où est le Roi, là se trouvent nécessairement ses milices. Le ciel est fait du soleil, de la lune et des étoiles. Dans l’Église, à la place du soleil, il y a le Christ, à la place de la lune, Marie la Mère de Dieu, et à la place des étoiles, les chœurs des Anges et des Saints.
Tu vois le Saint Autel ? C’est le Trône chérubique où Dieu le Roi des Cieux est assis. L’Autel, dit encore Saint Germain, c’est le trône chérubique du Grand Roi. Sur lui est assis Celui que portent les Chérubins, le Dieu devenu homme ».
Tu vois le Saint Évangile déposé sur l’Autel ? C’est le Christ, assis comme Roi sur son Trône.
Sur l’Iconostase, tu vois l’Image du Christ à droite et celle de la Mère de Dieu à gauche. A droite du Seigneur, l’Icône du Précurseur, puis celle des Anges, des Apôtres, des Saints, etc. Cette disposition te révèle l’ordre qui règne dans le ciel, et que le Seigneur, quand Il reviendra aura le même entourage, selon Syméon de Thessalonique.
Tu vois la Croix au-dessus du voile du sanctuaire ? Elle est aussi dans le ciel. Elle apparaîtra lors du Second Avènement. Le Seigneur a clairement annoncé cela : « Alors le signe du Fils de l’Homme paraîtra dans le ciel ».
L’architecture de l’édifice, la coupole, les chœurs en arrondis, tout cela nous révèle que l’Église est à l’image du ciel.
Définissant l’Église, Saint Germain a dit qu’elle était un ciel terrestre. D’ailleurs le peuple orthodoxe,. ne chante-t-il pas chaque jour, d’une voix allègre : « L’Église est apparue comme un ciel aux innombrables lumières … » et aussi : « Présents dans le Temple de gloire, nous croyons être au ciel… «
Saint Jean Chrysostome va plus loin, encore : « L’Église, dit-il, est de beaucoup supérieure et préférable au ciel lui-même, car le ciel et la terre passeront, comme l’a dit le Seigneur « le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matt. 25, 35). L’Église qui possède les paroles du Seigneur ne passera pas, elle est éternelle » (Hom. 67 sur Matthieu).
DANS L’EGLISE, LES CHRETIENS DOIVENT SE TENIR COMME LES ANGES ET LES SAINTS DANS LES CIEUX
L’Église étant le ciel sur la terre, comme on vient de le dire, les Chrétiens doivent s’y tenir avec crainte et respect. Dans le ciel, les Anges et les Saints ne pensent à rien de terrestre, de temporel. Comme eux, les Chrétiens aussi, ne doivent penser à rien de terrestre, de matériel, quand ils sont à l’Église.
Dans le ciel, les Anges et les Saints sont dans la paix. Les Chrétiens aussi, quand ils sont à l’Église, doivent être dans la paix du corps, de l’âme, des sens, de l’esprit.
Les Anges et les Saints jouissent de l’amour et de la concorde dans le ciel. Les Chrétiens aussi doivent être dans les mêmes dispositions quand ils sont à l’Église. Dans le ciel, les Anges et les Saints ne bavardent pas, ils ne sont pas distraits, leurs regards ne sont pas errants, mais tournés avec attention et piété vers Dieu qui est présent. De même doivent faire les Chrétiens à l’Église, écouter la parole divine avec attention et piété, pensant qu’ils sont en présence du Dieu le Roi du Ciel.
PENDANT LA SAINTE LITURGIE ON DOIT ETRE RECUEILLIS
A l’Église, que ce soit à vêpres comme à Matines, les chrétiens doivent se tenir avec respect et piété, évitent tout désordre, toute distraction, surtout pendant la Divine Liturgie, au moment ou mystérieusement est consacré et sacrifié le Fils de Dieu Lui-même, où le Pain et le Vin sont changés en Corps et en Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, par la grâce et l’opération toute-puissante du Saint Esprit. En effet, à ce moment suprême, les chœurs des Anges, les Chérubins aux innombrables yeux et les Séraphins aux six ailes, tous les chœurs des Saints Ancêtres, Pères, Prophètes, Apôtres, Justes, se tiennent dans la crainte. Tous les Chrétiens sont appelés à représenter les Chérubins, les Anges et les Saints, à se tenir, eux aussi, dans la crainte et le tremblement, a déposer tout souci de ce monde. C’est pourquoi on chante : « Nous qui mystiquement représentons les Chérubins et chantons à la Vivifiante Trinité l’hymne trois fois sainte… » ou encore le Grand et Saint Samedi : « Que toute chair humaine fasse silence et se tienne dans la crainte et le tremblement. Qu’elle éloigne toute pensée terrestre … »
D’ailleurs, quand le Prêtre dit : « ELEVONS NOS CŒURS », élevons nos cœurs et nos pensées dans les Cieux des cieux, les Chrétiens répondent qu’il en sont bien ainsi: « NOUS LES TOURNONS VERS LE SEIGNEUR » et le reste…
Où êtes-vous Chrétiens, qui bien que présents à l’Église qui est le ciel sur la terre, allez en esprit au marché, au théâtre, à l’auberge, ou encore bavardez pendant l’office de choses vaines et futiles ?
Que faites-vous Chrétiens, qui allez à l’Église sans amour et concorde entre vous, le cœur plein de haine et de dissentiment ?
Ô Prophète Michée, où es-tu, pour pleurer l’impiété des Chrétiens modernes et leur dire : « Malheur à moi, car l’homme de bien a disparu du pays et il n’y a pas de juste parmi les hommes… » (Mi. 7, 2).
Ignorez-vous, malheureux, qu’en priant Dieu à l’Église sans attention, vous l’irritez et que vos prières ne sont pas exaucées ?…
Que fais-tu homme ? Le Fils de Dieu est sacrifié par amour de toi, et toi misérable, tu bavardes. Dieu le Paraclet, le Saint-Esprit descend pendant la célébration pour sanctifier les dons divins et toi, insensé, tu troubles l’assistance ? Le Père Eternel consent d’En-Haut au Mystère de la Divine Eucharistie, et toi, indifférent, tu bailles ? La Sainte Trinité participe à la célébration des redoutables Mystères et toi tu ne trembles pas ?
Tu es dans le Ciel et tu penses aux choses de la terre. Les Anges et les Archanges glorifient et toi tu penses aux choses éphémères. Pendant la prière, tu parles à Dieu du bout des lèvres et ton esprit est ailleurs. Avec ton corps tu es à l’Église et avec ton esprit sur la place publique…
Tu entends le Prêtre dire non simplement paix à vous, mais PAIX A TOUS, c’est-à-dire paix à tout le monde. Et toi tu es en guerre contre les autres, et tu n’as pas la paix en toi!
Ne sais-tu pas qu’une paix partielle n’est pas bénéfique, comme le dit Chrysostome : « Le Prêtre ne dit pas simplement paix à vous mais bien paix à TOUS. A quoi nous sert d’être en paix avec un tel et en lutte et en guerre contre un autre ? «
Tu entends le Prêtre dire: Paix à tous, et le Diacre demander un Ange de paix. Pourquoi ? Parce que, selon Chrysostome, le démon troubleur est présent. C’est pourquoi le Diacre prie et demande qu’un Ange de paix nous soit donné pour nous pacifier.
Quand tu sèmes le trouble, tu chasses l’Ange de paix et tu appelles le démon troubleur. Ce n’est pas une fois que l’on dit PAIX A TOUS à la Liturgie, mais deux, trois fois et plus. « Quand le Prêtre entre dans le Sanctuaire, dit Saint Jean Chrysostome, il dit aussitôt : PAIX A TOUS. Quand il bénit : PAIX A TOUS ! Quand il donne le baiser: PAIX A TOUS ! Quand le sacrifice est accompli : PAIX A TOUS ! »
POURQUOI « PAIX A TOUS » EST SOUVENT REPETE A L’EGLISE
Parce que la Paix est la mère de tous les biens, parce que la paix est une source de joie, parce que la paix est la voie qui mène à l’amour. Pour Saint Jean Chrysostome, rien n’égale la paix : « Partout nous demandons la paix, dit-il, rien ne l’égale… Elle est la mère de tous les biens, elle est une source de joie… C’est pourquoi le Christ a recommande à ses Apôtres de dire : « PAIX » en entrant dans une maison, comme signe de tous les biens : « En entrant dans les maisons, dites PAIX A VOUS ». Si la paix est absente, tout le reste ne sert à rien. Jésus disait encore à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ». La paix ouvre la voie à l’amour ».
CEUX QUI N’ONT PAS LA PAIX A L’EGLISE PECHENT GRAVEMENT
Si le mot PAIX est si souvent prononcé à l’Église de Dieu, si la paix est un si grand bien, Chrétien songe quel péché tu fais quand tu n’as pas la paix en toi à l’Église, quand tu t’agites et déranges les autres. En te conduisant ainsi, tu laisses entendre que l’Église n’est pas véridique, que tout ce qu’on y dit sur la Paix n’est que formalisme. N’es-tu pas un menteur quand tu réponds au Prêtre : « ET A TON ESPRIT », et que sorti de l’Église, tu te disputes avec les autres, tu calomnies le Prêtre. Vois-tu que tu n’es en paix ni avec toi-même, ni avec les autres. Le divin Chrysostome se lamente et dit : « Comment, après avoir entendu à plusieurs reprises, qu’il nous faut posséder la paix, sommes-nous en guerre contre les autres, et luttons-nous contre celui qui nous a donné la paix et à qui nous l’avons rendue ? Tu as dit : ET AVEC TON ESPRIT, puis hélas ! Tu l’as chassée… »
BIENFAITS DE LA PRIERE FAITE AVEC PIETE ET HUMILITE POURQUOI LES STALLES
Frères, je vous supplie dans le Seigneur. A l’Église, soyez attentifs, respectueux, calmes, paisibles, humbles de corps et d’âme. Offrez vos prières et vos demandes à Dieu, le regard baissé pensant que nous sommes tous pécheurs, parce que :
1° Dieu a promis de considérer et d’exaucer les prières de ceux qui Le prient calmes et en paix et qui craignent ses paroles : « Voici sur qui je porterai Mes regards : sur celui qui est humble et tranquille et qui craint Mes paroles » (Is. 66, 2).
2° Celui qui prie sans se considérer pécheur, sa prière n’est pas exaucée par Dieu, selon Saint Isaac qui écrit :
« Un Saint a dit que celui qui ne se considérait pas comme pécheur devant Dieu, sa prière n’était pas exaucée ».
3° Parce que l’attitude, extérieure du corps, engendre la contrition et les larmes, c’est-à-dire, quand on prie la tête nue, quand on se tient comme un coupable devant son Juge, quand on se frappe la poitrine comme le Publicain, quand on a le regard baissé, quand on reste debout dans sa stalle, les pieds joints et les bras sur les accoudoirs.
Les stalles ont été inventées pour permettre aux bras et aux mains une attitude de prière. En effet, chez les Prophètes et les Apôtres, les bras levés pendant la prière étaient une habitude courante. David en témoigne: « Que ma prière s’élève comme l’encens devant toi et l’élévation de mes mains, comme le sacrifice vespéral » (Ps. 140, 2). Et le grand Paul : « Je veux que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées » (1 Tim.2, 8).
CEUX QUI SE TIENNENT SANS RESPECT A L’EGLISE NE TIRENT AUCUN PROFIT
Comment Dieu « Portera-t-Il ses regards » sur celui qui se tient mal et s’agite dans l’Église ? Comment Dieu écoutera-t-Il celui qui prie à l’Église avec orgueil et pharisaïsme ? Comment Dieu pardonnera-t-Il à l’homme ou à la femme qui viennent à l’Église somptueusement vêtus, parfumés, le visage enduit de crèmes et de fards ?
Quelle sera la contrition de ceux qui sont assis les jambes croisées ou allongées comme des paralytiques ?
Quelles seront les larmes de ceux dont le regard n’est pas baissé, qui ne prêtent aucune attention aux Lectures et, au lieu de regarder les Saintes Icones, promènent leurs regards sur la beauté des hommes et des femmes. Je pense, en vérité, que de tels Chrétiens ne tirent aucun profit d’une prière faite sans la crainte de Dieu, qu’ils pèchent et nuisent à leur âme. La malédiction du Prophète David sur Judas vaut aussi pour eux : « Que sa prière passe pour un péché » (Ps. 108, 7).
Et l’Église du Christ, au lieu d’être le lieu où l’on soigne les blessures, comme on l’a déjà dit, devient un lieu où l’on en reçoit.
« Cette Maison – l’Église-, dit Saint Jean Chrysostome est une infirmerie spirituelle. On y vient pour soigner les blessures reçues à l’extérieur et non pour en recevoir de nouvelles … «
L’Église qui est un ciel et un paradis, comme on l’a déjà dit, n’est d’aucune utilité pour les Chrétiens qui n’ont pas la crainte de Dieu. Le Diable qui était dans le Ciel, n’en a tiré aucun profit, pas plus que notre ancêtre Adam du Paradis. Les deux ont chuté par perversité.
LES PRETRES ET LES MOINES NE DOIVENT PAS PARLER DANS LE SANCTUAIRE
Frères Chrétiens, par amour de Dieu, veillez à vous tenir dans le Temple de Dieu avec crainte et piété. Ainsi le veut le Seigneur qui a dit : « Les fils d’Israël seront pleins de piété » (Lev. 25, 31) et non irrespectueux et légers. Ceux qui méprisent cet ordre, irritent Dieu, comme cela est écrit : « Jetez les yeux, ô moqueurs. Regardez et soyez saisis d’étonnement, car vous périrez » (Hab. 1, 5-6). Que les Saints Prêtres et les Moines fassent bien attention, qu’ils ne bavardent pas dans le Sanctuaire, ni dans les chœurs. Car si les simples fidèles doivent garder le silence, dans la crainte et le respect, combien plus les Prêtres dans le Sanctuaire ? Et pour cela deux raisons :
1° Parce qu’ils se trouvent dans le Lieu Divin du Sanctuaire, où sont la Sainte Prothèse, l’Autel sacré et la Sainte Réserve, là où les Anges et les Archanges désirent jeter leurs regards, mais ils couvrent leurs faces sous leurs ailes. Que les Prêtres et les Clercs ne parlent pas de choses profanes dans le Sanctuaire et qu’ils soient fiers de la grâce qui leur est faite d’y pénétrer.
Chez les Hébreux, les Prêtres n’avaient pas le droit d’entrer dans le Saint des Saints, qui pourtant n’était qu’une figure du Nôtre. Seul le Grand Prêtre, une seule fois par an y entrait et non pas n’importe quand.
Que nos Saints Prêtres considèrent le grand honneur qui leur est fait, d’entrer dans le prototype du Saint des Saints, là où le Pain Céleste est consacré tous les jours.
2° Parce que les Prêtres, les Clercs et les Moines, se doivent d’être, en tout, un modèle pour les laïcs, surtout en ce qui regarde à l’ordre dans l’Église, à la modestie, à la piété, au silence.
Si les Prêtres bavardent dans l’Église, que feront alors les fidèles ? Si la lumière devient ténèbre, que sera la ténèbre, comme l’a dit le Seigneur ?
Beaucoup de Chrétiens considèrent comme bénédiction – à juste titre d’ailleurs – d’aller en pèlerinage à Jérusalem, pour y vénérer avec amour les Saints Lieux, c’est-à-dire le Sépulcre Vivifiant du Seigneur, le Saint Golgotha, la Sainte Bethléem, etc. Ils font une chose excellente. Mais pourquoi ne vont-ils pas, avec le même zèle, à l’Église du Christ, où se trouvent symboliquement tous les Saints Lieux de Jérusalem. A la Liturgie sont présents, non pas les Reliques de tel ou tel Saint, mais le Corps et le Sang du Dieu-Homme, notre Seigneur Jésus-Christ, le Saint des Saints ?
DANS L’EGLISE SE TROUVENT, EN FIGURE, TOUS LES LIEUX SACRES DE JERUSALEM
Veux-tu être certain que tout ce qui est vénéré à Jérusalem se trouve aussi dans l’Église ?
Vois-tu la Patène sur la Table de la Sainte Prothèse ? Elle symbolise la Crèche où le Christ est né. Vois-tu l’Astérisque au-dessus de la Patène ? Il symbolise l’Etoile qui apparut aux Mages en Orient, et qui s’arrêta au-dessus de l’endroit où se trouvait l’Enfant, selon l’Évangéliste Matthieu. Vois-tu le Saint Calice ? Il symbolise la Coupe qui a reçu le Sang jailli du Côté Divin du Seigneur, lors de Son immolation sur la Croix. Vois-tu la vénérable Éponge et la Sainte Lance ? Elles rappellent l’éponge qui abreuva les lèvres desséchées du Sauveur Crucifié, et la lance qui ouvrit le côté du Maitre plus que doux.
Vois-tu le Saint Autel ? C’est la Table divine sur laquelle le Seigneur a célébré et distribué les Mystères dans la Chambre Haute, le soir du Grand et Saint Jeudi. C’est aussi le Sépulcre Vivifiant où le Prêtre aidé du Diacre, comme d’autres Joseph et Nicodème, ensevelissent le Corps du Seigneur.
Vois-tu l’Iléton ou Antimension (linge consacré qu’on déploie sur l’Autel, juste avant l’offrande) c’est le Linceul qui enveloppa le Corps divin de Jésus enseveli. Vois-tu l’Aër ? (grand voile qu’on agite au-dessus des Saints Dons pendant le chant du Credo) il symbolise, selon Saint Germain la pierre qui a fermé le Tombeau du Seigneur.
Définissant l’Église, le même Saint Germain dit qu’elle expose à nos regards la Crucifixion, l’Ensevelissement, et la Résurrection du Christ. La piété que vous avez pour les Saintes Reliques, vous devez donc l’avoir pour tous ces objets sacrés qui se trouvent dans l’Église du Christ, et cela, sans frais, sans voyages, sans fatigues, sans les dangers des routes et des mers. Il vous suffit seulement d’aller à l’église et de vous y tenir avec piété et crainte et vous recevrez la même récompense que donnent les Lieux Saints.
CEUX QUI VONT A L’EGLISE DOIVENT ETRE UNIS
Vous qui vous rassemblez dans l’Église du Christ, gardez-vous de toute division, de toute séparation entre vous, gardez-vous des haines, des inimitiés, des dissensions. Aimez-vous, soyez d’accord et unis, ayant une même pensée, formant un seul corps et un seul esprit, possédant la même espérance de votre vocation comme le dit fort bien l’Apôtre. Car le nom même d’Église signifie UNION, RASSEMBLEMENT. L’Église unit physiquement, en un lieu, tous les Chrétiens, pour leur dispenser sa doctrine, leur distribuer le même Pain, le Corps du Seigneur et un seul Calice, le Sang du Christ. C’est pour cela qu’elle vous demande d’être unis dans un même esprit, une même pensée, une même opinion. Le bienheureux Paul, exhortant les Chrétiens de son époque à l’union et à l’amour, utilisait souvent le mot EGLISE. Il écrivait : « A l’Église de Dieu qui est à Corinthe … » (1 Cor. 1, 1), « Aux Églises de la Galatie… » (Gal. 1, 2).
Saint Jean Chrysostome qui a commenté Saint Paul écrit, à propos des Corinthiens : « Paul dit EGLISE de Dieu, voulant montrer par là , qu’il faut être unis à elle… Le terme EGLISE signifie UNION, ACCORD et non séparation ». A propos des Galates, il dit : « Paul les convie tous à l’UNITE. S’ils sont divisés et morcelés, ils ne peuvent recevoir ce nom qui signifie CONCORDE, SYMPHONIE ».
Donc hors de l’EGLISE du Christ les dissensions, les inimitiés, les haines et les rancunes. Dans l’Église de Dieu, il n’y a que concorde, amour symphonie.
De deux choses l’une : ou abandonner l’inimitié et la haine envers les frères et entrer dans l’Église de Dieu ou nourrir cette haine et cette inimitié et renoncer d’aller à l’Église.
Église et haine, Église et inimitié, Église et dissensions, sont deux extrêmes qui s’opposent et qui ne pourront jamais se toucher.