Historique

Le Moutier Saint-Martin fut un monastère jusqu’en 1977, avant de devenir une paroisse.

 

Georges Lechat est né en Seine et Marne. Il est comptable et vit sagement dans la maison familiale. La baronne Tatiana de Sievers appartient à une grande famille russe. Elle a épousé l’homme qu’elle aime et vit heureuse à Moscou. Un souffle inattendu s’empare du jeune comptable et l’emporte au Nouveau Mexique où il étudie les Indiens et s’intègre lentement à leur vie et à leur pensée. La Révolution bolchevique fusille comme otage l’époux de Tatiana et la chasse avec son fils en France, où elle s’engage comme bonne à tout faire afin d’élever son enfant. Georges Lechat rencontre le Père Eugraph et Tatiana de Sievers est amenée à l’église Saint-Irénée par une princesse russe. Chacun, de son côté, désire se reposer dans le silence et, tous deux font profession monastique. Lui s’appellera Germain, elle Marie. Le dimanche, après la Divine Liturgie, ils se réunissent dans la sacristie, mangent une ascétique bouillie et prient tout l’après-midi. La famille Bret, Gertrude et ses deux fils, Roger-Michel et Jacques – devenus plus tard prêtre et diacre – possèdent une propriété sur les bords de la Loire, près d’Amboise. Ils veulent faire don de la moitié pour fonder un monastère. Le Père Germain, Mère Marie s’y installent, en 1961 et Jacques Bret devient l’aide inlassable de l’Abbé Germain. Le 11 novembre 1962, le Moutier Saint-Martin est inauguré. Bientôt l’orante Mère Séraphine vient partager leur vie. En plus des offices, ils disent chaque soir la prière du cœur : «Jésus, Fils du Dieu Vivant, aie pitié de moi, pécheur !» La vie est si bien rythmée que l’Abbé Germain ayant dû s’absenter quelques jours, un oiseau le remplace et tape du bec à la fenêtre jusqu’au retour du moine. Germain part vers Dieu le 22 mars 1967 et Marie le 13 décembre 1969. Ils sont ensevelis dans une grotte mitoyenne de la chapelle. Le Père Eugraph a merveilleusement peint la grotte-chapelle, dressant les saints moines Nectaire d’Egine, Jean de Climaque, Séraphin de Sarov… mais il part, lui aussi, avant d’avoir pu agenouiller auprès de la porte un Indien pensif.

Le Moutier Saint Martin (Vincent Bourne, La divine contradiction)