Pâques, de l’archevêque de San Francisco en 1960 en la Cathédrale de Saint Irénée

Christ est ressuscité !

Maintenant le vrai Soleil de Justice, le Christ, est ressuscité, éclairant et illuminant tout par les rayons de Sa lumineuse Résurrection. Le ciel est en liesse, la terre se réjouit, l’univers entier, visible et invisible, est en fête. Et nous rechantons triomphalement le psaume : «Que Dieu se lève et Ses ennemis seront dispersés».

Est-il possible que tous les homme ne soient pas joyeux, lorsque toute la créature participe à cette fête solennelle ? Est-il possible qu’il en reste encore qui luttent contre Dieu ? Mais nous entendons la suite du psaume : «et que ceux qui Le haïssent fuient devant La Face».

Eh oui, le Lumière qui a resplendi du Tombeau n’est pas consolante pour tous ! Certes, «la Lumière du Christ éclaire tous» mais Elle aveugle certains. Elle réjouit les uns et Elle attriste les autres. Le Sang du Christ adoucit les cœurs, mais il en est qu’il peut durcir. Pourquoi donc tous ne sont-ils pas en joie lorsque, à tous sans exception, le Christ annonce la joie ?

Pendant que les uns se délectent de la Lumière du Christ, comme Pierre, sur le Mont Thabor, clamant : «Seigneur, il est bon pour nous d’être ici !», les autres fuient la Lumière comme un feu brûlant. Le Christ n’aurait-il donc souffert que pour quelques-uns ? Par Sa Résurrection, n’aurait-il ouvert que pour quelques-uns les portes de la Vie éternelle et de l’éternelle Joie. Non, Il a souffert pour tous et c’est pour tous qu’Il a ouvert les portes de la Vie éternelle et de l’éternelle Joie. Car, Celui qui est ressuscité aujourd’hui du tombeau a prié Son Père pour ceux qui l’ont crucifié, pour Ses ennemis.

Il les reçoit tous dans Ses bras, Il les embrasse tous, à tous Il ouvre les portes du Paradis. Il nous rassasie tous de Sa Grâce.

Qui donc, alors, peut demeurer Son ennemi ? Celui qui s’attache aux biens de ce monde et ne veut pas y renoncer pour les richesses éternelles et célestes. Celui qui préfère le charnel périssable au spirituel impérissable. Celui qui, aimant passionnément ce qui s’oppose à la Volonté divine -le péché- ne peut même plus supporter une simple allusion à Dieu et à notre devoir envers Lui.

Pour ceux là, le jour lumineux de la Résurrection est un jour obscur. Mais il ne dépend que d’eux que ce jour resplendisse pour eux aussi. Tournons-nous donc de tout notre cœur vers Celui Qui a souffert pour nous et Qui est ressuscité maintenant ; efforçons-nous de prendre conscience que les Dons invisibles qu’Il dispense de son Tombeau vivifiant dépassent ce que le monde visible a de meilleur, et que, même ce qui nous apparaît comme la suprême beauté de cette terre, ne revêt cette beauté que par la Lumière divine.

Au regard de cette Lumière de la Jubilation éternelle, les nuages de la mélancolie et de la tristesse se dissipent, notre âme est comblée d’allégresse, nos maux se font légers, nos épreuves insignifiantes.

Réjouissons-nous donc pour nos défunts car, dans les domaines célestes; ils se délectent déjà de la Lumière du Christ, et ils ressentent, plus abondamment que nous, la puissance vivifiante de ce jour de Pâques.

Plus de crainte devant la mort et le Jugement Dernier ; car la joie pascale est «la prémice» du bonheur infini du Royaume du Christ qui approche.

Venez, tous les fidèles, adorez la Sainte Résurrection du Christ. «Que les pêcheurs disparaissent de la face de la terre, et que les iniques ne soient plus». Adorez le Soleil de Justice et recevez de Lui la richesse de Sa bonté.

Ce Jour que le Seigneur a fait, soyez dans la joie et dans l’allégresse !

Christ est ressuscité !

Homélie de Pâques de l’Archevêque Jean de San Francisco en 1960 en la Cathédrale Saint Irénée

L’Archevêque Jean de San Francisco (1896-1966) ,canonisé en 1994, fut le protecteur de l’Église catholique orthodoxe de France de 1958 à 1966