Hagiographies

 

Solange naquit aux environs de Bourges, au lieu-dit Villemeont à deux kilomètres du bourg de Saint-Martin-du-Crot. Instruite par ses parents dans la loi du Seigneur, elle donna dès les premières années de son existence les marques d’une rare piété et, à l’âge de sept ans, consacra sa virginité au Seigneur, l’époux des vierges. Dieu la combla de telles faveurs que, selon une antique et vénérable tradition, elle guérissait les malades et chassait les démons par sa seule présence. Occupée à garder les moutons de son père dans un pré du voisinage, elle occupait son temps à prier son divin maître et à s’entretenir familièrement avec lui.

Un jour, l’un des fils du comte de Bourges, peut-être Bernard, comte de Bourges et d’Auvergne, rencontra la jeune bergère Solange et fut séduit par sa grande beauté. Par ses avances et des promesses d’abord, par des menaces ensuite, il s’efforça d’obtenir qu’elle consente à devenir son épouse. Mais, fidèle à son vœu, elle repoussa ce projet. N’avait-elle pas décidé de n’aimer que le Christ. Alors le jeune homme, dans un élan de furie, l’enleva de force, la mit sur sa monture et l’entraîna avec lui dans une course folle. Mais la jeune fille, qui avait moins peur de mourir que d’être infidèle à son Seigneur, se déroba de son ravisseur et se laissa tomber à terre, au bord d’un ruisseau. C’est alors que, dans sa rage, le séducteur tira son épée de son fourreau et trancha la tête de la jeune bergère. Elle subit ce martyre à la fin du IXème siècle, un 10 Mai (peut-être le 10 Mai 878…).

La tradition rapporte que la tête de Solange, bien que séparée du corps, invoqua trois fois le saint Nom de Jésus. Puis Solange, décapitée, prit sa tête dans ses mains et la porta jusqu’à l’église saint Martin. Elle fut donc ensevelie en l’église Saint-Martin du village de Saint-Martin-du-Crot. Mais par la suite, une nouvelle église fut édifiée à la place de l’ancienne, placée sous le vocable de Solange, et le bourg lui-même prit le nom de la sainte martyre : Sainte-Solange (c’est la seule commune de France à porter ce nom). Le Seigneur confirma par de nombreux miracles l’héroïcité des vertus de sa servante et son tombeau n’a jamais cessé d’être honoré par les fidèles du Berry qui vénèrent sainte Solange comme leur patronne spéciale.

Saint Désiré et Saint Patrocle

Vie de Saint Désiré

Né près de Soissons, il fut l’un des plus grands évêques de l’époque des rois Mérovingiens, qui avaient à sortir la Gaule du chaos où l’avait plongée la ruine de l’Empire romain. C’était au VIe siècle et Désiré était prêtre quand il fut obligé d’accepter la lourde charge de chancelier (gardien du sceau royal) des fils de Clovis, Clotaire et Childebert. C’était une mission difficile et périlleuse, au milieu d’une cour pleine de débauches et de cruautés. Désiré tenta à plusieurs reprises de s’enfuir pour aller vivre dans la solitude. Ses maîtres l’en empêchèrent, prétendant ne pas pouvoir se passer de lui. Du moins, il tira avantage de ses grands pouvoirs pour construire nombre d’églises et de monastères.

Il devint archevêque de Bourges en 543 et se mit à combattre les hérésies avec énergie. Il organisa avec soin la formation des prêtres et demeura toujours prêt à servir de médiateur dans les nombreux conflits de sa région. L’évêque Désiré était ferme et inflexible pour extirper les hérésies infiltrées par les Barbares dans le centre de la Gaule. Il savait en même temps se montrer diplomate pour restaurer la paix entre divers clans qui s’affrontaient avec violence. C’est ainsi qu’il parvint à réconcilier l’Anjou et le Poitou, en guerre depuis longtemps. Désiré fut appelé jusqu’à Cologne pour rétablir la concorde entre les tribus Alémaniques. Il termine sa vie bien remplie de pasteur et de  » rassembleur de ce qui était dispersé » à Bourges, le 8 mai 550.

Vie de Saint Patrocle

La vie de Saint Patrocle nous a été léguée par un évêque mérovingien célèbre, Grégoire de Tours (538-594). Grâce à lui, nous possédons un certain nombre de vies de saints des Ve et VIe siècles, certes enjolivées, mais au demeurant passionnantes. On retrouve l’histoire de Patrocle dans deux ouvrages : “Histoire des Francs” (lib. V, chap.X) et “ Vie des Pères” (chap. IX).

Probablement né à la fin du Vème siècle, aux alentours de 496, dans le pays des Biturgies, dans les environs de Bourges, Patrocle connaît une enfance paisible, au milieu de ses moutons dont il est le gardien. D’école, il n’en est point question pour ce fils cadet. En tant qu’aîné, son frère Antoine a été d’office scolarisé et il ne reste aucune place pour les suivants. Cependant, la providence s’en mêlant, Patrocle accède à l’enseignement et devient un brillant élève, surpassant de loin tous les autres.

Refusant toutefois de rester dans le monde, malgré les supplications de ses parents, il demande à l’évêque de Bourges, Arcadius de lui couper les cheveux et de l’accepter au nombre de ses clercs.

Son intelligence ne passe pas longtemps inaperçue et c’est à Paris, auprès du roi Childebert, fils de Clovis et de Clotilde et en compagnie de Nunnion, un grand de la cour que le jeune Patrocle achève sa formation.

Sans doute fort apprécié de la cour, il n’en dédaigne pas moins cette vie foisonnante et retourne dans son pays, après la mort de son père.

A Bourges, il est nommé diacre, mais une fois encore, il préfère le silence de la méditation aux honneurs. On le retrouve alors à Néris-les-Bains, ancienne ville gallo-romaine, qui conservait un culte vivace des dieux romains. Une situation qui désole Patrocle, devenu prêtre. Celui-ci s’empresse de construire un petit oratoire voué à Saint-Martin, un saint dont Grégoire de Tours a longuement parlé. Après une quinzaine d’années passées en compagnie des Nérisiens, Patrocle se sent appelé vers d’autres cieux et se décide à partir, avec, pour seuls bagages une bêche, un râteau et une hache à deux tranchants.

Si le paysage actuel de cette région est quadrillé par les routes et la campagne verdoyante, il n’en allait pas de même au VIème siècle. Ce ne sont que forêts, ronces et bêtes sauvages. Un territoire tout à fait approprié au désir de Patrocle. Il établit sa cellule à La Celle, située à sept kilomètres de Colombier. On suppose qu’il vécut là comme de nombreux ermites, se nourrissant de peu, priant et jeûnant en abondance et bien sûr, subissant les assauts d’un démon particulièrement tenace.
Cette sainteté lui amena nombre de disciples, qui comme lui, prenaient goût à la solitude. Patrocle décide alors d’établir un monastère au lieu dit Colombier, aux alentours de 560. Entourant l’église primitive, des habitations se dressent pour abriter la communauté des frères, contribuant ainsi à l’extension de Colombier.

Arrivé au terme de sa vie, Patrocle, alors âgé de 80 ans s’éteint le 19 novembre 576, en souhaitant se faire enterrer à Colombier. C’est sans compter l’archiprêtre de Néris, qui désireux de récupérer un corps aussi saint va à Colombier. Mais un miracle se produit, rendant le linceul du mort brillant d’un éclat mystérieux et extraordinaire. Averti de la volonté divine, l’archiprêtre préfère se rendre et ensevelit avec les moines le corps dans le monastère de Colombier.
Ce saint n’a pas été introduit au martyrologe hieronymien complété, à ce moment-là en Gaule et n’est entré, par la suite dans aucun martyrologe. Si l’on retrouve trace de son culte au XIIème siècle, grâce aux moines de Souvigny, il ne réapparaît qu’au XVème siècle dans les bréviaires de Clermont, comme étant fêté le 20 novembre. Le Livre des saints, écrits par les pères bénédictins nous soumet deux dates pour célébrer Patrocle : le 16 novembre, dans le diocèse de Moulins et le 28 novembre dans le diocèse de Bourges.