Saint Loup, saint guérisseur

Saint loup, saint guérisseur

Sans doute par homonymie avec « la bête » Saint Loup est le saint le plus fréquemment invoqué contre la peur. Saint Loup ou Leu (Lupus en latin) est né d’une famille illustre, près d’Orléans vers 573. A l’école, il surpasse tous les autres élèves. Il fait preuve d’une grande piété et d’un grand ascétisme : attentionné envers les pauvres, il pratique la charité avec application. Sa réputation est telle qu’il est élu Archevêque de Sens, il est très populaire dans le Loiret. Les clercs comme le peuple se réjouissent du nouvel Archevêque, doté de toutes les vertus : défenseur de la justice, célèbre pour sa continence, pratiquant le jeûne, large dans ses aumônes, zélé dans l’annonce de la sainte doctrine. Il se montre bon envers les personnes bienveillantes mais aussi envers les impies et ses ennemis. Accusé de trop aimer Verosia, la fille de son prédécesseur Arthémius, il refuse de se défendre : « les paroles d’autrui ne peuvent nuire en rien à l’homme qu’une conscience propre ne salit pas, » répond-il.

A la mort de Thierry II, roi des Burgondes, alors que le roi des Francs Clotaire II envahit le royaume Burgonde, par sa seule prière, il réussit à repousser les troupes ennemies. Victime des calomnies de Farulfus, à qui Clotaire confie la Bourgogne, et qu’il refusait de servir, et de Medegesil, jaloux de lui, il est exilé par le roi en Neustrie, dans le pays païen de Vimeu, chez le duc Boson Landegesil. Il s’établit dans la vallée de la Bresle et en profite pour convertir les populations locales et baptiser de nombreuses personnes. Mais les Sénonais pleurent leur évêque, surtout devant les exactions de Medegesil, et ils demandent à Clotaire de le rappeler d’exil. Le roi, cédant à leur demande, rappelle Loup qui rentre à Sens sous les honneurs. Il est plus vertueux que jamais et accomplit de nombreux miracles.

Il a suscité selon R. Gauthier, de nombreux pèlerinages, que ce soit dans le Satinais (Cepoy, Sondreville la Franche), en Beauce (Aschères le Marché, Sermaises), en forêt d’Orléans (Lorris, le Moulinet sur Solin), en Sologne (Cerdon, Neuvy en Sullias), en Val de Loire (Ingré, Saint Jean de Braye) et en Puisaye (Cernoy en Berry). Il faudrait encore ajouter à cet inventaire les églises placées sous son vocable (Amilly, Dampierre en Burly, Pannes…) et celles qui en conservent des représentations ou des reliques (Ervauville, Olivet), les paroisses où ont existé des confréries (Courtenay, Nogent sur Vernisson, Saint Benoît sur Loire, Vimory) ou des manifestations plus profanes (comme la foire de Beaugency) et, bien sûr, les villages de Saint Loup de Sonois et de Saint Loup des Vignes. Ceci porte à une quarantaine le nombre de communes où l’on vénérait et où l’on fête encore parfois, saint Loup. Il meurt un premier septembre, date à laquelle il est aujourd’hui honoré, en odeur de sainteté.

Guérisons

A Cernoy en Berry, comme à Saint loup des Vignes, des monceaux de melons étaient vendus à cette occasion : « chevaux de bois, loterie, marchands de berlingots, baraques diverses, cabaret plein de consommateurs, melons en tas d’un mètre pour tenter les chalands, une foule grouillante évoluait au milieu de tout cela ». Saint Leu de Cerdon avait le pouvoir de guérir de la peur et des convulsions, mais aussi d’autres maladies : polyomélite, croup. Il suffisait d’emmener l’enfant ou un de ses vêtements à la bénédiction. Des « voyageurs » existaient. Ainsi à Brinon sur Sauldre, quand un enfant était au plus mal, on y envoyait le père Desnous. Il y allait en courant et devait y être pour la « petite messe». Dès qu’il mettait le pied sur le territoire de Cerdon, le petit malade cessait de pleurer. « Ça faisait un contact à l’enfant », nous confiait L. Villoing en 1980. De tels voyages avaient également lieu à Dampierre en Burly ou Ingré… On attribue encore à saint Loup, des miracles sur son tombeau.

Extrait tiré du « Reflets du Loiret » de septembre 2011