Historique

Histoire de l’Eglise St Savin

L’ancienne Eglise Saint Savin acquise par l’Eglise Orthodoxe de France dans les années 70, est actuellement sous le patronage des saints Savin et Cyprien fêté le 11 juillet. Ces deux frères originaires de la Gaule Lyonnaise, aujourd’hui la Bresse, furent moines en Poitou, sans doute à l’abbaye de Ligugé. En l’an 458, Saint Savin, poursuivi par des païens, se retira sur une île de la Gartempe et c’est là qu’il fut martyrisé. Saint Cyprien s’échappa mais fut rejoint à quelque distance de là, à Antigny, où il fut mis à mort.

 L’origine de cette église est très ancienne, fondée vers le VIème siècle (500 à 599), plusieurs fois démolie et reconstruite (1400 à 1499). D’après les fouilles du Père de la Croix en 1878, il découvrit sous l’église une citerne romaine comblée avec les débris de l’habitation du comte Eutichius, gouverneur civil et militaire d’Aquitaine. Si l’on en croit l’auteur de la Vie des saints du Poitou, « dès l’origine, vers le Ve siècle, une église paroissiale s’élevait à Poitiers en l’honneur de saint Savin » … Or on mit à découvert un petit oratoire antique que le savant dom Chamard n’hésita pas à reconnaître comme la chapelle primitive de Saint·Savin bâtie sur l’habitation du comte Eutichius que les Visigoths avaient chargé d’administrer la ville de Poitiers, alors que SABINVS ou SABI son neveu (saint Savin), précepteur de ses enfants, y habitait. Cette chapelle, probablement détruite au. Moyen âge, fut totalement rebâtie depuis ; des actes de 1162 et de 1519 en parlent.

L’église actuelle fut construite au XVe siècle par les familles des Moulins de Rochefort, Brochard de la RocheBrochard et autres seigneurs fondateurs dont les armoiries se trouvent sur les voûtes et chapiteaux. Pillée par les Huguenots en 1562, église paroissiale jusqu’à la Révolution, désaffectée en 1790, vendue en 1791, devenue grange à fourrage en 1793, puis un atelier de sculpture en 1875. Fouillée en 1878, on y trouva toutes les pierres tombales de la famille Gaultier du Ferroux  alliée aux familles Barbier, de Cressac, de Veilleçhèze, l’erson de Champoly, etc.

En 1880, cette église fut richement restaurée. Elle servit pendant longtemps de lieu de réunion aux dames du tiers ordre de Saint François. Autrefois les nourrices venaient dans la chapelle Saint Savin mettre un cierge à saint Sabi pour obtenir du lait.

 

Détail des fouilles de 1878

Les premiers résultats obtenus dans les fouilles du sous-sol de l’ancienne église de Saint Savin, sont loin cependant d’avoir donné leur dernier mot, puisqu’il en reste encore une partie importante à explorer. Mais déjà tous ceux que le Révérend Père de la Croix avait conviés à venir constater ses découvertes ont pu voir, au contact du sol rouge naturel qui tapisse le rocher, à plus de 5 mètres au-dessous de la surface du sol actuel, des murs romains parallèles encore parementés en petit appareil, appartenant à la période des deux premiers siècles de l’occupation romaine.

Pèle-mêle dans l’intervalle de ces murs, gisaient des débris de poteries la plupart épaisses et grossières, et d’enduits revêtus de couleurs rouge et noire à fresque, accompagnés de quelques bronzes des premiers empereurs.

Puis au-dessus de ces murs rasés à 1m20 de hauteur et de ces décombres, la trace bien visible de la couche dite d’incendie, variant de 10 à 25 centimètres d’épaisseur, qui se retrouve si fréquemment dans le sous-sol de Poitiers, elle constate la destruction violente des édifices de cette cité au IIIe siècle (275 ou 276).

A Saint Savin comme à Saint-Hilaire de la Celle, cette couche était accompagnée d’une couche d’écailles d’huîtres que les constructeurs romains paraissent avoir employées à dater de cette époque, peut·être pour assainir leurs édifices. Elle était ensuite surmontée par d’autres murs, sans relation directe avec les murs sous-jacents, et qui, d’après leur aspect, doivent être encore l’œuvre des ouvriers romains du IVe ou du Ve siècle, bien que la destruction de leurs parements n’ait pas permis d’en constater l’appareil extérieur,

L’intervalle de ces autres murs, rasés à 0m50 de hauteur environ, était comblé par un pêle-mêle de décombres dans lesquels on a recueilli de larges moellons portant à leur surface des peintures à fresque dans lesquelles on distingue encore vaguement des figures vêtues de longues robes bleu de ciel ou rouge vif; des fragments d’enduits coloriés en rouge pâle, en bleu terne et en noir, paraissant avoir fait partie de tableaux décoratifs; puis des vases en terre blanche, minces, portant des traces d’un vernissage jaunâtre et vert clair, de la forme de ceux que le moyen âge affectait aux sépultures et qui figurent dans toutes les collections. C’est d’ailleurs avec les traces d’ensevelissement les plus anciens du moyen âge sur ce point (XIIIe ou XIVe siècle) que ces vases ont été rencontrés, c’est-à-dire avec des blocs de chaux durcie, épaisse, portant encore les empreintes des suaires de toile et des planches des anciens cercueils qu’ils enveloppaient. C’est là une preuve des précautions sanitaires qui étaient prises pour atténuer, annihiler même, les émanations délétères à redouter dans ces ensevelissements à l’intérieur des églises.

Enfin c’est au-dessus du niveau de ces plus anciennes tombes qu’étaient établies les fondations de l’église encore existante de Saint Savin, dont l’architecture accuse la date du XVe siècle avec addition du XVIe siècle dans son ornementation accessoire.

Une tête d’homme barbue en pierre a été trouvée par le Père de la Croix dans un mur de l’église. Elle semble de facture romaine de la basse époque. Les trous que l’on remarque dans la prunelle des yeux indiquent une incrustation ancienne.

 

Inscription au Monument Historique

 La façade a été inscrite sur l’Inventaire supplémentaire des Monument Historiques le 10 Avril 1929. Au premier étage se trouve une fenêtre gothique, baie en ogive séparée par trois meneaux se réunissant à la partie supérieure pour former un quadrilobe.

 

Histoire de la rue

L’église lui donne son nom avant 1900, rue Saint Savin, puis elle devient rue Piorry et enfin elle prend le nom d’Émile Faguet, un écrivain et critique littéraire français né le 17 décembre 1847 à La Roche-sur-Yon et mort le 7 juin 1916 à Paris.

Elle semble être une voie romaine qui conduisait de la porte de l’Arceau à la porte Maynard, rue Saint-Denis, par l’impasse des Minimes. (Voyez rue Pascal-le-Coq,) Elle se trouvait dans l’enceinte romaine du IIIe siècle.

A l’angle de la rue de la Cathédrale (ancienne rue Saint Pierre) se trouvait l’église Saint Luc, qui appartenait à l’abbaye de Nouaillé en 1119 (voyez rue de la Cathédrale); il n’en reste presque plus rien; le portail n° 12 bisporte la date de 1753, et celui du N° 4 date de Louis XIV. Presque à côté se voit un joli petit hôtel particulier des XVème et XVIème siècle qui aurait appartenu à l’origine aux abbés de Saint–Savin; au milieu se trouve un grand écusson « d’azur à 3 fleurs de lis d’or 2 et 1, à une épée et une palme passées en sautoir surmontées de la lettre E à l’antique en chef », qui sont les armoiries de l’abbaye Saint Savin.

SAINT SAVIN ET SAINT CYPRIEN, MARTYRS AU DIOCÈSE DE POITIERS

5 e ou 6e siecle

Fêtés le 11 juillet

Dans le cours du 5 e siècle, deux frères, nés dans cette partie de la Gaule lyonnaise, qu’on a depuis appelée Bresse, quittèrent leur pays et leur famille qui y tenait une position élevée, pour répandre au loin, par un apostolat volontaire, la connaissance et l’amour de Jésus Christ. Savin, l’aîné, était prêtre selon toutes les apparences; car leurs actes nous les montrent accompagnés dans leur pieux pèlerinage de deux autres prêtres, nommés Asclépius et Valère. Après s’être arrêtés en plusieurs provinces, ils arrivèrent dans le Poitou et y continuèrent leurs prédications. C’était le temps où l’Eglise, délivrée dans la Gaule du poison de l’arianisme aspirait sur le tombeau de saint Hilaire après des combats longs et animés. Cependant l’erreur ne laissait pas d’apparaître dans le Poitou avec les hordes barbares qui possédaient l’Aquitaine les Visigoths y étaient les maîtres, et cette contrée surtout avait à supporter leurs brutales exactions. Arrivés dans cette partie du haut Poitou où la Gartempe se jette dans la Creuse, les deux jeunes gens trouvèrent le pays occupé par quelques détachements de ces barbares. La foi de la Trinité qu’ils prêchaient déplut aux farouches ennemis de cet adorable mystère ils poursuivirent les deux Saints, qui se virent ainsi forcés de se séparer pour leur échapper plus facilement à travers les bois dont le pays était couvert. Mais Dieu permit qu’un même sort les réunit bientôt dans un séjour que personne ne pourrait leur ravir. Savin s’était réfugié dans une petite île de la Gartempe, nommée le Gué-de-Sceaux, entre la ville actuelle de Saint-Savin et Antigny (Vienne). Il y exerçait déjà son zèle charitable envers quelques pauvres âmes qui écoutaient ses instructions quand il y fut découvert, tout près d’un lieu appelé alors Le Cerisier. Ses persécuteurs le saisirent, et, pour le forcer de renoncer à Jésus Christ, lui firent subir de cruels tourments. Les fouets, le chevalet, les peignes de fer exercèrent tour à tour sa constance mais la douleur ne put vaincre cet intrépide soldat de Jésus Christ; il oubliait son supplice pour exhorter ses bourreaux à se convertir, et ceux-ci ne purent lui imposer silence qu’en lui coupant la tête sur le lieu même de son généreux combat. Cyprien avait pu gagner Antigny, mais il n’y fut pas longtemps en sûreté. Des hommes ardents à sa poursuite s’étaient élancés sur ses traces et l’y rejoignirent. Pressé de renoncer à Jésus Christ, au nom de sa jeunesse que ces barbares semblaient vouloir respecter, le jeune homme repoussa avec horreur cette indigne apostasie, et mourut de la mort de son frère. Les deux prêtres, qui avaient été forcés de se séparer des deux Martyrs, ne les avaient pas perdu de vue, et se hâtèrent, la nuit suivante, de venir dérober leurs corps à la terre dont on les avait recouverts. Ils furent portés et ensevelis dans le même tombeau, aux Trois-Cyprès, maison de campagne du voisinage, qui occupait l’éminence connue aujourd’hui sous le nom de Mont Saint-Savin. Le nom des deux frères ne tarda pas à devenir célèbre dans la contrée, et étendit au loin la renommée de leurs miracles. Charlemagne fonda, en 806, sur les bords de la Gartempe et près d’un lieu sanctifié par nos deux Martyrs, une magnifique abbaye. Les miracles s’y continuèrent nombreux et éclatants, de telle sorte que Pépin 1 er, roi d’Aquitaine, qui avait sa cour à Poitiers, jaloux d’y posséder quelque chose de ces pieuses richesses, obtint des moines ce qui n’avait pas été accordé à d’autres églises des restes de saint Cyprien. Ils furent transportés à Poitiers en 828, au milieu de grandes pompes et d’une foute immense de peuple, qui était allé les chercher dans l’église abbatiale et qui les accompagna jusque dans la capitale du Poitou. Il y avait alors en dehors de la ville, et sur les bords du Clain, une petite église dédiée à Notre-Dame et à saint Martin c’est là que les saints corps reçurent un nouvel asile, et qu’une église plus vaste et plus belle fut élevée sous l’invocation de saint Cyprien. Pépin y ajouta un monastère qu’il dota de terres et de revenus. Peu de temps après, en 846, les Normands vinrent assiéger Poitiers et renversèrent l’église et les bâtiments. Rebâtie dans les premières années du 10 e siècle par l’évêque Frottier II, elle fut dédiée, en 936, à la sainte Vierge et au saint Martyr. Mais il semblait que les deux frères, que Dieu avait unis pendant leur vie d’une si sainte amitié, dont la mort avait été la même, qui avaient reposé

 

près de quatre siècles dans le même tombeau, et qu’on n’avait enfin séparés que pour les honorer davantage, il semblait, disons-nous, qu’ils devaient se retrouver ensemble dans la dévotion de la grande cité. C’est pourquoi une église paroissiale y fut dédiée à saint Savin peu de temps après, et ne fut supprimée, comme l’abbaye de Saint-Cyprien, qu’aux jours malheureux où il fut donné à l’ennemi de Dieu de «prévaloir pour un temps contre son Eglise». Elle devait recouvrer dans notre siècle sa première splendeur. tiré de : Les Petits Bollandistes; Vies des saints tome 8