Session d’étude Bordeaux 2013

SESSION D’ÉTUDES A BORDEAUX

La paroisse de Bordeaux organise tous les deux ans. une session d’études ouverte à tous.

En cette année 2013. cette session s’est déroulée le samedi 25 mai et le dimanche 26 mai au domaine de la Fraysse à Fargues-Saint-Hilaire. Le sujet traité était : L’éveil de l’esprit dans l’homme.

Quand le Christ recommande : « Cherchez plutôt le royaume (du Père) et ces choses vous seront données par-dessus » (Le 12,31 ), et qu’il dit que « le royaume de Dieu est au milieu de vous « (Luc 17,21 ), ne faut-il pas voir dans ce royaume notre esprit, le trône de la présence de Dieu ? Pour que nous devenions roi de nous-mêmes, disait l’évêque Jean, il convient que l’esprit règne sur l’âme et le corps, et que « s ’il n ‘est pas éveillé, la grâce ne peut coordonner, éclairer l’être humain, grâce qui se répand dans notre âme et dans notre corps proportionnellement à l’éveil de l’esprit ».

S’il est aisé d’avoir conscience de son corps, si la connaissance de l’âme est devenue un sujet plus courant, notamment avec le développement de la psychologie moderne, le dépistage de ce qu’est l’esprit, et davantage encore la découverte de son propre esprit, au- dedans de soi. n’intéressent pas beaucoup nos contemporains. Et pourtant, là est une des clefs de l’équilibre de l’homme, et surtout la clef de la vie dite « spirituelle » ou « intérieure » du chrétien, la porte ouverte vers le royaume de Dieu.

Le samedi 25 mai. les exposés de Monseigneur Germain, du diacre Spiridon Tauzin, de Père Jean-Louis Guillaud et d’Hubert Ordronneau se sont succédés en alternance avec les prières des heures de la journée, sexte. none. vêpres et complies.

Le dimanche 26 Mai la divine liturgie a été célébrée en notre chapelle de Bordeaux.

Les repas pris en commun nous ont permis d’expérimenter la convivialité. La journée s’est terminée avec l’office de none et nous nous sommes quittés.


Voici quelques extraits de l’exposé de Monseigneur Germain :

Pour une approche de l’esprit

Il convient de distinguer l’Esprit-Saint, l’une des Personnes de la Trinité, de l’esprit de l’homme, selon ce qu’écrit saint Paul : « Ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment,

Dieu nous l’a révélé par son Esprit ; car l’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondeurs de Dieu. Car qui des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu 1»

Quand le Christ parle du Royaume des cieux, on peut comprendre de façon immédiate, au premier degré, qu’il s’agit de l’esprit de l’homme qui est en lui. Et c’est dans l’esprit de l’homme que Dieu réside. Celui qui dépiste son esprit et qui l’éveille trouve Dieu et le Royaume.

Celui qui ne dépiste pas son esprit ne bénéficie pas en plénitude de l’Esprit-Saint de Dieu. Par l’esprit de l’homme, le Saint-Esprit révèle les mystères de Dieu. Le Saint-Esprit œuvre toujours, mais si l’esprit n’est pas éveillé, l’homme, parasité par son psychisme, ne saura pas traduire et recevoir ce qui lui est révélé. Celui qui n’entre pas dans son esprit n’a pas d’échelle des valeurs.

Pour mieux comprendre l’esprit de l’homme, il peut être utile d’en contempler les trois énergies, et leur analogie avec la Divine Trinité :

En grec En latin En français La Trinité
noûs mens silence Père
logos ratio verbe Fils
pneuma spiritus souffle Esprit-Saint

N.B. Souvent, chez saint Paul et chez les Pères, le terme grec noûs désigne l’esprit en globalisant les 3 aspects ci-dessus.

Il convient de distinguer aussi l’âme (psychè en grec) de l’esprit, comme le fait saint Paul :

« L’homme psychique ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent selon l’esprit (pneuma). Mais l’homme spirituel discerne toutes choses ; mais lui n’est discerné par personne ; car qui a connu l’esprit (noûs) du Seigneur pour qu’il l’instruise ? Mais nous, nous avons l’esprit (noûs) du Christ 2»

Celui qui juge par son âme, psychiquement, ne voit pas clair et ne peut pas juger. Le monde psychique est toujours conditionné, par les sympathies ou les antipathies, par le temps qu’il fait, par l’éducation, par l’estomac qui a faim…L’esprit, lui, n’est jamais conditionné, c’est pourquoi il voit clair et discerne tout, même les profondeurs de Dieu. Le saint, sans juger les êtres, voit clair par son esprit.

Il est bon pour l’homme de profiter de son esprit : il est alors comme cet homme qui profite d’une lampe allumée dans une chambre noire. Et le travail pour que cette lampe illumine l’intérieur de son être, c’est la prière.

Origène dit que l’esprit est créé dans le silence, et Isaac le Syrien dit que le silence est le mystère du monde futur. L’esprit-silence est capable d’écouter, d’ouvrir l’oreille, d’obéir, afin d’entendre une autre volonté que la sienne. L’esprit-silence peut voir ce que l’œil n’a pas vu, il est neuf de toute vision, il peut tout voir, comme un enfant qui vient de naître.

La société divine est naturelle à l’homme, puisque l’esprit de l’homme est en liaison naturelle avec Dieu. L’homme naturel, normal, est celui qui prie, c’est celui qui rentre en son esprit en liaison avec Dieu. Le surnaturel n’existe pas : Dieu existe, et il est en quelque sorte « sous- naturel » de ne pas être tourné vers Lui.

Notre esprit peut entrer dans l’intimité divine, recevoir les pensées divines et parler avec

Dieu d’égal à égal. Mystère étonnant.

Monseigneur Germain
Extraits de la conférence donnée à Bordeaux
le samedi 25 mai 2013