Pâques

Montpellier le 24 avril 2011

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

bien aimés,

 

Christ est ressuscité !

Il été bon de le proclamer en toutes les langues car Jésus-Christ n’est pas seulement le Messie du peuple élu mais de tous les peuples appelés à devenir ses disciples. En Lui, pleinement Dieu et homme parfait, la nature humaine retrouve son unité. Elle avait été perdue: l’oubli de Dieu depuis Ève, Adam et Caïn avaient dispersé l’homme en multiples idolâtries.

 

La nature humaine une en Jésus-Christ invite l’homme à ne plus se résigner à la nature pervertie, pulvérisée, atomisée en familles, tribus, empires puis individus mais à se convertir au destin originel à quoi il est invité. L’homme est destiné à élever la création visible et sensible dont il est fait, vers Dieu car le sens de cette création est l’Amour.

 

Dieu tout-puissant est amoureux de sa création visible, sensible, et libre , de sorte que Dieu demande à l’Église qui est l’homme en devenir revenant à lui-même, d’être son épouse bien-aimée. Or le péché livre l’homme aux ténèbres . Il est l’héritage commun à tous les hommes. Il les livre à la mort dont ils ne peuvent pas se libérer. Il a fallu que Dieu se fasse homme puis se soumette librement au pire en l’homme pour que, par sa mort sur la croix, et par sa résurrection, l’homme ne soit plus barré par la mort.

 

Cette victoire de Jésus-Christ est la joie d’aujourd’hui. Elle est le début de la vie de l’homme nouveau. Voilà bientôt deux mille ans qu’a commencé sur Terre, la vie sans la mort. Et répéter « Christ est ressuscité » c’est en imprégner autant qu’il est possible, chaque cellule de notre être afin que dans la foi et librement, l’homme nouveau remplace l’homme ancien. Il a fallu mille ans à l’homme pour vraiment reconnaître et admettre que Jésus est Dieu et homme.

 

L’Église de Rome en est restée à cette joie. Il a aussi fallu mille ans aux Églises qu’on dit aujourd’hui orthodoxes, pour contempler le mystère de la Personne du Saint-Esprit et par Lui, le mystère des personnes créées, transcendantes et capables de vivre la vraie liberté . Ainsi l’homme à l’image de la Sainte Trinité vit l’unité dans la diversité et va vers la ressemblance. Il faudra peut-être encore mille ans pour que l’homme parvienne à contempler et à vivre avec justesse, le mystère de l’Église, épouse du Christ, une dans la diversité des Eglises locales.

 

Dans cette tension et pour cet effort, Jésus propose la communion à son Corps et à son Sang et l’Église, le souci de la Vérité en plénitude. Cette Vérité n’est pas un savoir mais une présence. Elle est Jésus-Christ ; l’Esprit-Saint seul en donne le désir, le feu et la lumière. Comment ? Eh bien par le temps liturgique. L’année liturgique est le temps cyclique où l’homme est appelé à ne plus en rester au temps chronologique de l’usure et de la mort. La liturgie l’invite à vivre ce qui ne passera pas : la naissance du Christ, ses paroles, ses miracles, sa Croix et sa Résurrection.

 

C’est dans ce temps liturgique et dans la divine liturgie que l’homme désire et accepte d’être enlevé à la condition mortelle : il est peu à peu déifié. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, ne verra pas la mort » Telle est la résurrection à vivre.

 

Et les ténèbres intérieures, les entraves, les blocages spirituels procèdent des résignations à l’uniformité, à l’usure et à la mort. Peu à peu vivant dans le temps liturgique et par le feu de la lumière incréée, l’individu fait place à la personne tournée vers l’autre et transcendante.

 

De même l’Église locale est transcendante elle aussi. Ces deux transcendances sont d’autant plus ignorées dans le monde que « la société de consommation est le crime parfait » , le consommateur consommant étant gommé en tant que personne. Bien aimés du Christ, que le Père et le Fils et le Saint-Esprit, Dieu un, vous donne le désir, le goût et la force de résister à l’ambiance pour bénéficier de la Résurrection du Christ, et échapper aux ténèbres de la résignation.

 

Père Bernard