Le bon Samaritain

Montpellier le 4 septembre 2011

12° dimanche après la Pentecôte : le bon Samaritain

Is. 66.18,24 – 2 Co. 3.4,9 – Lc.. 10. 23,37

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

bien aimés,

 

Aujourd’hui la parabole de Jésus invite à une juste pensée en ce qui concerne la religion. Le bon samaritain selon les Pères de l’Église est Jésus-Christ. Par la religion, il est considéré comme hérétique. Il ne respecte pas toutes les règles de la loi religieuse. 

 

Les brigands qui dénudent et blessent l’homme mis en danger de mort, sont les volontés perverses des anges déchus, les démons. L’homme est blessé à mort d’avoir allié sa volonté aux volontés démoniaques, en voulant se passer de Dieu. L’homme ainsi n’offense pas Dieu. -Si Dieu se vexait il ne serait pas Dieu. – L’homme dans le péché, qui est l’oubli de Dieu et l’écoute de l’ennemi de Dieu, est tellement blessé et mis à nu qu’il ne peut plus se relever lui-même en dépit de tous ses pouvoirs, religions, philosophies, arts, sciences, technologies…

 

Le Verbe de Dieu fait homme seul,voit les blessures mortelles du péché et les soigneLe prêtre et le lévite qui passent sans lui porter secours manquent de cœur dit-on. Ils représentent l’aveuglement et l’impuissance de la religion archaïque. Elle pense plaire à Dieu et purifier l’homme en sacrifiant des animaux. Le prêtre y est le sacrificateur. Et une fois « peuple élu », l’homme pense devenir juste par l’observation de la Loi. Le lévite y est le guide et le savant.

 

Les religions d’avant Jésus-Christ ne voient même pas que les blessures de l’homme sont inguérissables. Jésus-Christ, Dieu fait homme vient enseigner et montrer que son sacrifice librement consenti rend inutile et pervers tout sacrifice. C’est Lui qui purifie la nature humaine. Étant Dieu il rachète par son sang, une fois pour toutes, l’homme qui s’est livré à Satan. Dieu n’exige aucune réparation. Il n’y a pas un prix à payer pour revenir à Dieu. Et l’Église n’a pas un trésor d’indulgences. Le lévite qui passe montre que l’obéissance à la lettre de la Loi ne justifie pas l’homme.

 

La Loi de Moïse révèle l’hypocrisie de l’homme. Jésus par son enseignement apprend comment lire la Loi selon l’esprit. Jésus-Christ n’est pas venu juger mais guérir l’homme. Jésus est le thérapeute de l’esprit créé jusqu’à la fin des temps. L’Église est comme une auberge où les plaies de l’homme sont en voie de guérison par le vin devenant le Sang de l’Agneau, librement donné en « rémission des péchés », et par l’huile, onction de l’Esprit-Saint proposant force et lumière à chaque personne.

 

Les deux deniers sont l’Évangile et les sacrements. Là les temps retrouvent leur sens : ils permettent à l’homme s’il le veut, d’être remis debout, de permettre et de hâter le retour du Christ. Et si l’auberge Église dépense plus qu’elle n’a reçu, il ne lui sera pas demandé de comptes. A ce sujet, Monseigneur Jean de Saint-Denis, notre premier évêque a proposé la sainte communion à tous les baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit pour permettre à des sous-alimentés spirituels dans ce monde agnostique sinon athée, de guérir et de retrouver le chemin du Royaume.

 

Cette générosité lui a été reprochée au nom de la tradition orthodoxe. Il a été jugé par un tribunal canonique et, comme il est de coutume, on a prié l’Esprit-Saint et on a ouvert l’Évangile. Eh bien, on est tombé sur la parabole de « l’économe infidèle », celui dont le maître admire la sagesse car il a généreusement diminué la dette de ses débiteurs.

 

L’invitation était claire : Monseigneur Jean était comme l’économe infidèle, admirable donc aux yeux de Dieu, pour son intelligence de la situation, et non pas condamné d’avoir abusé du « Corps très saint et très pur » et du « Sang très précieux » de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les Églises orthodoxes en France, par la voix de ce tribunal, l’ont reconnu, ce jour-là, et on dit à Monseigneur Jean : « Va, tu es justifié ».

 

Et « la montagne sainte » dont nous a parlé Isaïe, nous y montons ensemble lors de toute divine liturgie jusqu’à recevoir « la vraie lumière » qui a illuminé le visage de Moïse. Quant à la Jérusalem elle est céleste et elle est intérieure, déjà réelle en chaque saint et dans la sainteté du temps liturgique juste. Nous voilà donc au plus loin de toute morbidité, de toute culpabilité sacrificielle, de toute idée de rachat dans quelque souffrance , le repentir et l’humilité étant l’attitude juste du retour à Dieu, si nous voyons Jésus-Christ comme le bon Samaritain et jamais plus comme un justicier méticuleux. Gloire à la Sainte Trinité.

 

Père Bernard