Le lys des champs

Montpellier le 18 septembre 2011

14° dimanche après la Pentecôte

Qo. 3. 1,15 – Ga. 5. 16,25 – Mt. 6. 24,34

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

bien aimés,

 

Le baptême de Mathilde se colore aujourd’hui de la splendeur du lys et de la liberté des oiseaux dans le ciel. L’Evangile se termine par l’invitation à ne s’installer dans aucun des temps : « à chaque jour suffit sa peine ».

 

Comme nous y a invités le livre de « la Sagesse », demeurer vivant exige de ne jamais se fixer sur un temps d’épreuve, de réalisation , de destruction ou de joie. Ce sont toujours là, des temps changeants de la vie intérieure . Au travers de ces temps, le but est le Royaume de Dieu, la pérennité, l’éternité en dehors de toute usure et de la tristesse.

 

Quoi qu’il arrive, « regardez les lys des champs »: Dieu leur donne gratuitement une splendeur inutile. Elle est une beauté éphémère mais elle annonce le destin magnifique de l’homme : il est invité non seulement au meilleur de l’humain mais au divino-humain dans la magnificence de la lumière incréée.

 

Pour s’ouvrir à cette grâce, il lui faut entamer la lutte intérieure entre la chair et l’esprit d’après l’apôtre Paul. La « chair » dont il parle, est la création visible quand elle veut se suffire; elle ne peut pas donner ce que l’homme attend dans sa soif d’absolu. Il en est de même pour « Mammon », les richesses.

 

Il y a antagonisme entre le monde et le Royaume de Dieu. Baptisés , il nous faut choisir tout en restant dans le monde, de n’être pas du monde. – Les avatars venus du pouvoir financier, les fameuses crises, montrent bien que « la chair », « Mammon », les richesses sont des sources de perversion.

 

Et la lutte intérieure nécessaire est celle des individus et des communautés. Cette lutte n’est pas le refus de plaisirs légitimes car la matière n’est pas mauvaise ni méprisable. La lutte entre la « chair » et l’esprit consiste à ne pas faire un absolu de ce qui passe. Et la justice de Dieu est plutôt la justesse : il s’agit de reconnaître la juste place du corps , de l’âme ou psychisme, et de l’esprit. Donner à l’esprit sa place, qui est la première, permet de devenir un vivant .

 

L’esprit créé dont l’exclusive nourriture est la Parole de Dieu, se découvre, se développe et grandit jusqu’à recevoir cette « nourriture inexprimable et parfaitement gratuite qui sans fin déborde inépuisablement aux lèvres de l’âme et rejaillit à la source du coeur » comme en témoigne saint Syméon à partir de l’expérience de l’Esprit-Saint en personne.

 

En la divine liturgie, nous sommes en marche ensemble et chacun personnellement, vers le mystère. Invités à communier au Corps et au Sang du Christ, nous allons devenir Dieu autant qu’il est possible . Cette réalité spirituelle fait de l’homme un vivant et le sel de la Terre. C’est son destin de baptisé au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Que Dieu nous en donne le désir, le goût et la force. A Lui la gloire aux siècles des siècles.

 

Père Bernard