La brebis perdue

3° dimanche après la Pentecôte 

Montpellier, 5 Juin 2016

Ez. 34. 7, 16a – 1P.5.6,11 – Lc. 15.1, 10

Bien aimés,

La brebis perdue est l’humanité liée par un pacte de sang, à la volonté de l’ennemi du Créateur et de sa création.

 

« Tu nous a rachetés, Seigneur, Dieu de Vérité ». La nature humaine en Jésus- Christ, n’est plus emprisonnée par cette volonté de destruction de la vie. Au contraire, elle a traversé les 99 cercles angéliques et se trouve à la droite de Dieu le Père.

La victoire est acquise. Pour que l’homme soit vraiment libre, elle est à rejoindre par le peuple de l’Accomplissement qu’est l’Eglise en son devenir et par chacun des appelés en personne.

« Quand vous serez deux ou trois réunis en mon Nom, je serai au milieu de vous. » : la plus petite Eglise est l’Eglise, tout comme la plus pauvre personne humaine est l’Homme. L’une et l’autre sont d’autant plus attaquées par Satan et les autres esprits mauvais dont la ruse est de faire croire qu’ils n’existent pas.

Le prophète Ezéchiel annonçait, cinq cents ans avant Sa Naissance, la venue du seul berger capable de ramener au royaume de Dieu, les hommes égarés et emprisonnés dans leur ignorance et dans leurs instincts dénaturés.

Et il y aura bientôt deux mille ans, l’apôtre Pierre souligne à quel point toute communauté et tout être humain aura à surmonter sa vanité et son impatience .

« Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu » ose-t-il proclamer, car il sait d’expérience ce qu’il en est : alors qu’il était le porte-parole des Apôtres quand il Lui a répondu « Tu es le Christ de Dieu », il a subi l’épreuve la plus redoutable pour lui.

« Arrière de moi, Satan » lui est-il asséné quand il prétend s’opposer à l’arrestation, aux humiliations, aux souffrances et à la mort du Messie attendu. Pierre a éprouvé l’humiliation la plus insupportable : de la lumière du Royaume , il s’est vu précipité dans l’abîme satanique. Comment ? Par le simple refus de l’épreuve incompréhensible et inattendue.

« Humiliez-vous… ».Pierre sait que le chemin vers la vie nouvelle passe par l’acceptation de l’épreuve la plus cruelle il semble. Elle efface toute possibilité de vanité si elle est acceptée comme la volonté encore incompréhensible de Dieu. Elle sera féconde si elle s’accompagne d’une juste patience. Elle est le chemin rude mais viable de la brebis perdue car elle ignorait qu’elle s’était perdue dans l’auto­satisfaction du croyant se limitant à une piété formelle, à la lettre de la révélation et à l’installation dans des habitudes.

L’apôtre Pierre, après son triple reniement du Christ, pourra préciser : « vous serez élevés en temps voulu. ».Dans le repentir amer, Pierre saura s’ouvrir au sens de la vie.

De telles épreuves permettent la liberté de chaque communauté et de chacun. La brebis perdue devenue consciente de son égarement, de son ignorance et de sa résignation à peu de vie, est en mesure de permettre à Dieu de la ramener en Son Royaume.

« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. » peut devenir la prière du cœur. Que Dieu nous en donne le goût et les fruits.

Père Bernard