Homélie de la fête de Pentecôte 2020

Pentecôte 2020. Montpellier 31 mai.

Sainte Pétronille, fille de Saint Pierre, martyre à Rome, Saint Bède le Vénérable, Saint Jean le Russe.

Jn. 7. 37, 39a Ac. 2. 1,11 Jn. 14. 23,31 Jn. 15. 26,27


Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Amis en Christ, je vous espère plus que jamais sensibles au printemps de l’esprit et du cœur purifiés par le feu du Ciel et dans le courage qu’Il donne. Je vous vois, chacun selon le mûrissement de son être, dans l’écoute de l’été sans déclin.

A nouveau ensemble, et dans le respect des précautions, pour éviter de favoriser quelque affolement, nous sommes en mesure de célébrer la venue de l’Esprit-Saint, Feu de Vérité, de force et de douceur,

Nous sommes dans la vraie liberté, le peuple de l’Accomplissement. Par le Christ et par l’Esprit-Saint, notre être s’ouvre à la glorieuse divino-humanité.

Ne vous installez pas dans les craintes du monde, nous dit le Fils de l’Homme ressuscité, « J’ai vaincu le monde. »

L’esprit de pauvreté, d’écoute et de silence s’épanouit dans la beauté et la louange de tous ces chefs-d’œuvre que sont les créatures vivantes.

Aujourd’hui, dans le temps liturgique qui propose de prendre le risque de s’ouvrir à l’inconnu qui est cette intrusion des énergies incréées, sans changement ni mutation, car elles appellent à la transfiguration et déification au jour le jour, selon la foi, l’Esprit-Saint est cette tempête qui devient lumière intérieure et chasse le goût d’en rester à des opinions.

L’Esprit-Saint vient donner à chacun le courage de témoigner de l’homme nouveau en Jésus-Christ, le vivant délivré de toute résignation à la condition mortelle. Les fantasmes et les idolâtries s’évaporent. La vraie liberté émerge. Elle est possible.

Mes amis, si votre destin vous pèse, vous inquiète ou vous ennuie, sachez que l’Esprit-Saint envoyé par le Christ ressuscité est le Consolateur. Il est venu, Il vient quand la Révélation vous a semblé s’éloigner. « Il vous dira ce que je vous ai dit » prévient le Christ. Il le fera au fur et à mesure de ce que vous pourrez en supporter. Appelez sans crainte l’Esprit-Saint. Aujourd’hui, appelez-Le « Viens » comme y invite Saint Siméon le Nouveau Théologien, car il témoigne de l’Esprit-Saint dont il a parfait la contemplation au début du 11° siècle. La liturgie d’aujourd’hui, après l’épiclèse, vous fera entendre sa substantielle prière à l’Esprit-Saint. Vous pourrez l’appeler « Viens » Dieu, donneur d’énergies incréées, «  éclaire-moi et j’agirai selon Ta lumière. ».

Dans cette prière qui est un témoignage, ce Saint Siméon nous invite à reconnaître que si le Corps et le Sang du Christ sont la nourriture et la boisson célestes, l’Esprit-Saint venu en son temps pour chacun, permet une communion et un souffle de vie sans déclin.

Il devient « nourriture inexprimable et parfaitement gratuite qui sans fin, déborde aux lèvres de l’âme et rejaillit à la source du cœur ».

Siméon parle d’expérience. Et cette ineffable nourriture s’accompagne d’une purification qui a pour fruit « d’impérissables larmes que Ta Présence apporte à ceux que Tu visites» précise le saint, et dont témoignent tous les saints hésychastes.

Nous chantons « nous avons revêtu le Christ », au baptême. Par notre écoute, nous pouvons chanter à la Pentecôte, « nous avons revêtu l’Esprit-Saint »

.Et si les larmes de la componction, larmes de contrition et de joie de la Présence ineffable sont là, nous sommes comblés, et nous nous orientons vers la plénitude jamais tout à fait atteinte, en cette deuxième moitié de l’année liturgique.

Que ce temps après Pentecôte, comme il est dit, soit celui du Royaume, de notre déification et de la transfiguration, et qu’ainsi toute épreuve soit perçue comme passagère.

Père Bernard