Toussaint 2020

Montpellier, 1er novembre

Ap. 7,2.12 | Mt.5.1,12

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés,

Le message de l’année que nous avons reçu le mercredi saint, 8 avril, dans les Cévennes, a été le passage 1 Co. 3. 18, 21 :

 « Que nul ne s’abuse lui-même : si quelqu’un parmi vous, semble être sage selon ce siècle, qu’il devienne fou afin de devenir sage.

Car la sagesse du monde est une folie devant Dieu. Aussi est-il écrit :  Il prend les sages dans leur ruse.

Et encore :   Le Seigneur connaît les pensées des sages. Il sait qu’elles sont vaines.

Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes. »

Et la contemplation des « béatitudes » que nous venons d’entendre peut éclairer ce message, guide, si nous voulons bien l’entendre, de toute notre année.

Les « béatitudes » sont en effet le chemin que ne pouvaient trouver les plus sages. Sans le Christ et sa Révélation qu’ils mettent habilement de côté, c’est là leur ruse, ils invitent au bon usage de toutes les richesses qu’ils découvrent et produisent en les diverses civilisations dans lesquelles ils s’adaptent au fur et à mesure de leurs réalisations, à la condition mortelle.

Les plus sages selon l’esprit du monde, sont des morts en sursis, une parenthèse entre deux néants. Leur sagesse consiste à l’oublier dans une contemplation sans autre objet que la tranquillité de cet oubli cultivé. Le bon usage des richesses serait possible. Il suffirait de s’en détacher juste assez pour que la tranquillité du corps et du psychisme suffise, prétendent-ils.

« Bienheureux les pauvres » affirme la première béatitude. Elle est la porte étroite vue comme une folie par le monde satisfait. Elle ouvre pourtant à la seule plénitude sans déclin. Elle nécessite le discernement car un pauvre envahi par l’envie d’être riche, est enfermé dans les mêmes ténèbres que les riches. Il est bien précisé dans les Ecritures, qu’il leur sera impossible d’entrer dans le Royaume de Dieu, à moins de traverser les plus terribles épreuves comme Job.

Il évite de mal parler de Dieu comme le fait la sagesse du monde. Job ne se laisse pas influencer par ses amis, des croyants certes, mais qui ne sont pas sortis des ténèbres de l’opinion.

Le pur esprit de pauvreté a ouvert Job à la plénitude : « maintenant, je T’ai vu, » dira-t-il à Dieu, et on imagine bien qu’il n’a que faire des richesses, car il a connu beaucoup mieux : les prémices de la Vérité qui n’est pas dans ce que l’homme possède. La vérité est l’expression, l’horizon grand ouvert de la plénitude, folie aux yeux enténébrés, mais vraie lumière du Verbe de Dieu devenu l’Homme parfait pour racheter la race humaine.

En toute conscience, peuple de l’Accomplissement de l’Alliance, nous avons la vraie liberté d’entamer ce chemin de la vie retrouvée à l’image et à la ressemblance de Dieu dans l’épreuve, dans la douceur, dans le sens de la justice et de la juste place, dans la miséricorde et non dans la vengeance, dans l’aspiration à la pureté du cœur renouvelé, dans l’amour de la paix.

Car si le Royaume est à portée des pauvres en esprit dès maintenant, il le sera aussi pour « les persécutés pour la justice », quand les temps seront accomplis.

Sans doute, celui qui connaît la sobre ivresse de l’esprit, peut-il entendre : « Bienheureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous quelque chose de mal à cause de moi »

N’ayez crainte, vous valez plus que vous ne pensez puisqu’il est dit : « en Dieu, par Lui et avec Lui, vous êtes des dieux ». Chacun dans sa liberté vraie, est en chemin. Ne rétrécissons pas la race humaine.

Père Bernard