La voix dans le désert 2020

5°dimanche de l’Avent « La voix dans le désert »

Montpellier, 13 décembre 2020.

Sainte Odile

Is. 40.1,9    Ph. 4.4,7   Jn. 1.19,28

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien-aimés,

La question « qui es-tu ? » faite à Jean-Baptiste, concerne chaque baptisé et sa réponse est à méditer car elle est un exemple de justesse et de justice.

Vous l’avez entendu. Il répond « je ne suis pas ce que vous supposez » …Sa réponse parfaite « je suis la voix de celui qui crie dans le désert » invite à méditer la prophétie d’Isaïe. Elle ne suffira pas aux pharisiens. La question « qui es-tu ? » est à prendre à notre compte. On peut supposer qu’à notre naissance au Ciel, elle nous soit posée. Jean-Baptiste suggère que notre réponse soit d’abord une négation de tout ce qui était attendu. Et son exigence va très loin.

Il dit « non » je ne suis pas le Christ. ». Et pourtant, dans le ventre maternel, il a tressailli de joie, quand il a mystérieusement perçu dans le sein de Marie, qui en était à « son sixième mois », la présence du Christ…

Il dit « non, je ne suis pas Elie » alors que Jésus dira de lui, « Elie est venu » mais souvenez-vous ?

Il a été décapité par Hérode…Jean-Baptiste répondra de même, « non, je ne suis pas le prophète» alors que le Christ fera saisir à ceux qui l’écoutent, « il est plus qu’un prophète ».

Nous sommes invités à son exemple, à reconnaître que les réponses attendues qui sont du genre « je sers l’Eglise » ou « je sers les autres » sont peut-être prématurées. Elles sont trompeuses si elles n’ont pas été précédées par l’exigence de fonds : cette phrase dans les Ecritures ou dans les prières de l’Eglise… qui nous a été illumination immédiate, foi véritable, lumière incréée que rien ne saurait éteindre.

 Car il existe pour chacun, cette phrase de la Révélation, qui devient vérité personnelle, signature, quand on a traversé ses déserts et ses ténèbres pour découvrir qu’il s’agit d’être, et non d’avoir, ni de posséder, ni de commander, ni de fabriquer, ni d’amasser, ni de compter sur ses richesses ou sur ses seuls plaisirs ou sur sa renommée…La seule joie qui demeure lumière dans la lumière se découvre, s’approche et se bonifie. Elle est l’émergence de l’hypostase unique et irremplaçable dont le nom sera inscrit dans les Cieux.

Remarquez : la réponse juste de Jean-Baptiste « Je suis la voix qui crie dans le désert », n’attend pas quelque résultat. C’est sa pureté. Il s’agit bien d’être, sans plus. De même Saint Jean Chrysostome   dont l’écoute était déjà très grande, a constaté : « ma mission est de prêcher sans jamais escompter de résultat. »

Dans le domaine spirituel, par quoi la vie n’en finit pas de triompher, une certaine jeunesse se fait jour. L’été éternel s’annonce par une ivresse sans aucun lendemain qui déchante.

 Et un poète, réputé maudit, a connu l’inspiration d’écrire une Elévation qui n’ignore rien de la joie sans cause. Il constate :

                 Mon esprit, tu te meus avec agilité

                 et comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,

                 tu sillonnes gaîment l’immensité profonde

                 avec une indicible et mâle volupté. »

« Je suis le chemin, la vérité, la vie » nous confie Jésus-Christ. Et il ajoute : « … la vérité vous fera libres. » Mais comment parler de la prière à l’esprit sous-alimenté, afin qu’il ait l’audace de douter de sa résignation à la condition mortelle ? Revêtu par le Christ, chacun peut aller vers cette vraie liberté par la découverte des deux ou trois phrases des Écritures qui l’ont mis debout, à jamais, par la grâce du Père, du Fils et du Saint-Esprit.                                          

 Père Bernard