La foi et la guérison 2021

Montpellier, 24 janvier 2021.

Saint Timothée, disciple de saint Paul, martyr

Ml. 1. 11, 14          Ro. 12. 16,21          Mt. 8. 1.13

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés du Christ, aujourd’hui nous sommes invités à prier pour affermir notre foi.

Pour qu’elle germe et grandisse, il faut en prendre soin et ne pas en rester à une croyance où l’on se verrait installé sans plus entendre qu’une ambiance dominicale.

Quoi qu’il arrive, réveillez-vous les vivants.

Nous avons revêtu le Christ et tout nous invite à devenir de plus en plus sensibles à la présence de la Parole de Dieu qui ne s’impose pas, mais qui est là, quand on veut bien l’écouter, car Dieu a créé la race humaine libre afin qu’elle puisse L’aimer et entrainer toute la création en cet Amour.

A l’ombre de la condition mortelle devenue palpable, en ce temps d’un individualisme forcené, où un tissu de mensonges passe facilement pour vérité, on se surprend à nous dire « Vous êtes bienheureux, vous avez de la chance d’avoir la foi ».

La foi n’est pas un cadeau. Elle est plutôt un désir. On l’a reçue, on lui a laissé place. Elle est le désir d’entendre le sens de la vie. Elle devient goût de la Vérité qui est le Christ et qui nous fera libres, si nous le voulons bien.

Si elle a été illumination ineffable et immédiate, révélation personnelle, la foi est le compagnon inusable de la vie triomphante.

 Le désir de la foi lui permet de se développer. Il faut la laisser germer, pousser, grandir, et ne pas croire qu’elle donne une supériorité quelconque.

Le lépreux de l’Évangile a la foi en Jésus envoyé par Dieu pour guérir. « Si tu veux me guérir, tu le peux. » a-t-il simplement dit. Après l’avoir guéri, Jésus lui conseille de ne pas s’en vanter.

C’est dire que la guérison n’est pas une récompense, et que l’épreuve n’est pas un châtiment. Qui se vante, se pétrifie dans l’autosatisfaction, et qui s’arrête sur sa culpabilité s’interdit de revivre en Dieu, à partir d’un repentir lucide.

La foi de l’étranger, un envahisseur, un Romain, le centurion, est parfaite.
« Je n’ai pas vu une foi semblable à celle-ci dans tout Israël » s’exclame Jésus à son sujet.

Quelle est donc cette foi unique dans sa pureté, dans sa lucidité ? Elle est la foi entière en la Parole de Dieu, en son pouvoir créateur et vivifiant.

Pourquoi cette admiration accordée à la foi en la Parole de Dieu ?

Le peuple élu a reçu la Loi de Moïse et les Prophètes. Mais il a perverti la première, condamné, refusé d’entendre et même tué les seconds. Le peuple élu – nous sommes le reste d’Israël et nous ne valons pas mieux que nos pères, les Juifs, que Dieu pardonne à tous – a eu tendance à pervertir détourner, trafiquer la Loi et les prophéties dans la mesure où elles contredisaient ses coutumes, ses opinions, et sa satisfaction de peuple élu solidement organisé.

Nous venons d’entendre Malachie du 5° siècle avant Jésus-Christ, déplorer que l’autel lui-même dans le Temple, était devenu méprisable, et que le peuple se détournait de Dieu pour en revenir aux mensonges, aux divinités archaïques et aux idoles à la mode.

La Parole révélée tend à être remplacée par des interprétations qui flattent les petits soucis de chacun, les vanités des gloires illusoires des gens en place et les scepticismes des peuples.

« Je suis le Chemin, la Vérité, la vie » dit Jésus. Or, au mieux, on ne veut voir de Lui que le talent, le don divin, de guérir des malades.

Il faudra peut-être encore cinq cents ans d’oubli de Dieu généralisé et de veille des élus dont la foi demeure parfaite comme celle de ce Centurion romain dont l’Église invite à s’appuyer sur la prière, avant la communion au Corps et au Sang du Christ reconnu en chaque divine liturgie, pour que la race humaine soit enfin prête à bénéficier du Soleil de Justice, ce retour glorieux de l’Unique Engendré avec ses milliards d’anges et ses myriades de saints, victoire à jamais du vivant.

 « N’ayez crainte, J’ai vaincu le monde » dit le Christ déjà partout présent.

Père Bernard