Homélie : 1er dimanche de Carême 2021

Montpellier, 21 février 2021.

Saint Zacharie, patriarche de Jérusalem

Jr. 18. 1, 12                 2 Cor. 6. 1, 10             Mt. 4. 1,11

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés du Christ,

L’imposition des cendres nous a rappelé « … tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». C’est une invitation pressante à ne plus oublier que baptisés en Jésus-Christ, nous avons revêtu le Christ et sommes devenus si nous persévérons à le vouloir de tout notre être, l’homme racheté au démon et ramené dans le chemin de la vie sans la mort.

Et notre vie sur terre ne peut plus être vue comme une parenthèse entre deux néants, celui d’avant notre naissance et celui d’après la mort de notre corps.

Notre « oui » au baptême puis à l’Evangile, nous arrache au temps démoniaque du mensonge, du refus et de l’anéantissement dans l’orgueil. Nous sommes à nouveau et librement orientés vers notre prodigieux destin, celui de la race humaine appelée à la déification et à la transfiguration du meilleur d’elle-même, quand elle est se souvient qu’elle a été créée de peu inférieure à Dieu. Vous êtes des dieux si vous décidez de ne plus vous passer de Dieu. Voilà ce que rend possible l’incarnation du Verbe de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Le Carême est cet effort pour l’admettre pleinement car la Loi, en son esprit, est devenue la vraie liberté quand elle est le chemin praticable, l’effort juste dans l’accueil de la Révélation « aime Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta pensée ».

Le carême est aussi l’effort pour laisser la juste place à la Divine et vivifiante Trinité sur Terre, effort d’écoute au plus intime, car Dieu est là, Lui « qui ne repousse pas un seul d’entre les êtres ».

Le Christ, l’unique éternel engendré, ne s’impose pas. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Fils de l’homme, il explore pour nous le péché à quoi nous sommes habitués. Il invite à voir les racines du péché. Il n’est pas une entorse à la morale ou pas seulement, ni un attachement à la matière qu’il s’agirait de mépriser.

En quatre tentations venues de l’ennemi de la vie humaine dont il est jaloux, car pur esprit, il méprise la race humaine de n’être pas purement spirituelle et il la hait comme il hait Dieu, de la savoir destinée à la première place auprès de Lui. Le père du mensonge est le rival de la race humaine qu’il veut orienter vers son auto­­-destruction.

Les quatre tentations de l’homme parfait Jésus-Christ révèlent le démon habile à faire croire qu’il n’existe pas.

Le vrai combat n’est pas contre une invasion ou une épidémie mais contre les mensonges d’une volonté perverse. Elle voudrait réduire l’homme en lui faisant oublier ou mépriser ou refuser la seule nourriture de son esprit né du silence de Dieu le Père, Source de tout ce qui existe, nourriture qui est exclusivement la Parole de Dieu. Le malin voudrait que l’homme devienne spirituellement un mort en sursis, un résigné à la seule et définitive « poussière devenant poussière. »

Le second pilier du péché est l’orgueil d’imposer à Dieu, à partir d’une écoute partiale et perverse de sa miséricorde, la nécessité d’un miracle. « Jette-toi du haut du temple … ».

Le troisième fondement de rechute dans le péché est la soumission à la toute-puissance du démon. Ainsi, au 20°siècle, la nation allemande, tout à fait civilisée, s’est livrée au démon germanique archaïque, de la toute-puissance exclusive de la force la plus brutale. Elle a montré que le baptême des nations est une nécessité à venir. Le peuple de l’Accomplissement par la Présence de Dieu en est chargé, car là où deux ou trois sont réunis au Nom de Jésus-Christ, Il est présent.

Satan enfin, dans son délire de menteur, père du mensonge, ose proposer au Fils de l’Homme, de voir en lui, esprit de révolte et de suffisance, le maître de la création digne d’être adoré. Le monde va dans le sens de cette folle auto-satisfaction quand un de ses grands philosophes, proclame « Dieu est mort ».

A partir de notre intelligence et notre être tournés vers Dieu, nous demeurons les artisans de la race humaine, de l’Amour vainqueur, et les bénéficiaires des prémices de la Résurrection.

Père Bernard