Homéie : 3e dimanche de Carême 2021

Montpellier, 07 mars 2021.

Oculi

Ba 2.11,18                 Eph. 5.1,9                        Lc. 11. 14,28

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés, aujourd’hui le Christ libère l’homme du démon muet.

Qui est-il ? C’est le démon lui-même : créé ange, il refuse la volonté de Dieu et, la refusant, il devient muet, ennemi de toute louange, de toute grâce rendue à Dieu et de quoi que ce soit s’adressant à Dieu. Et muet, il veut l’homme muet à son image, l’homme incapable de louange, de remerciement, d’harmonie avec le destin prodigieux que lui propose Dieu.

L’Évangile nous enseigne que seul le Christ, Dieu fait homme, libère l’homme du démon qui le rend muet. En Jésus-Christ, l’homme retrouve la parole créée appelée à l’harmonie avec la Parole incréée, ce qui est la voie librement acceptée de la déification dont est jaloux le démon enfermé dans son mépris du visible et du sensible.

L’homme devient libre d’accueillir le Verbe de Dieu et de s’y joindre. Il demeure libre de le refuser et d’en rester aux énergies qui lui sont propres et qu’il juge alors suffisantes. C’est le cas des témoins de ce miracle qui disent « il est disciple du prince des démons » ou qui demandent « un signe dans le ciel ». Ils sont dans le mutisme démoniaque : ils ne voient que des relations de pouvoir.

A ceux qui ont foi en Lui, Dieu fait homme, Jésus présente le péril nouveau qu’ils doivent éviter : l’esprit et le cœur purifiés par la foi, par le baptême, les sacrements et l’approche du mystère ensemble dans la liturgie, peuvent être envahis par « sept démons », par toute la puissance démoniaque, par le pire.

L’invitation est de garder dans l’esprit et dans le cœur la Parole de Jésus. L’effort consiste à refuser de laisser vides son esprit et son cœur : de refuser de s’installer dans une piété qu’on imaginerait acquise une fois pour toutes.

Une telle attitude attirerait tous les démons.

En ce carême, nous voilà invités à retrouver ce qui va permettre à Jésus-Christ et à l’Esprit-Saint de demeurer, Dieu un, notre hôte.

Bède l’Ancien énumère 7 dangers et Saint Ephrem le Syrien 4. Ce n’est pas contradictoire.

L’effort sur soi demeure nécessaire pour que la soif de la vie sans la mort, le désir de la présence de Dieu et le goût de l’accueillir gardent la première place dans l’esprit puis dans le cœur.

Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous donne la grâce de ne pas faiblir, de ne pas nous laisser emprisonner par les ambiances du monde et de garder au fond du cœur la fidélité à partir du souvenir toujours vivant de ce que nous avons vécu de plus intime avec Lui.

Que ce carême devienne ainsi comme il est dit, « le printemps de l’âme ».

Père Bernard