Homélie : Le pharisien et le publicain 2021

Montpellier, 1er août 2021.

10° dimanche après la Pentecôte

Dn. 3.34,45          1 Cor. 12. 1,11          Lc. 18. 9, 14

Saint Séraphin de Sarov et vénération des chaînes de Saint Pierre

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés,

avec Daniel, prions : « agrée-nous Seigneur pour notre cœur brisé, notre esprit humilié » en ce temps d’épreuve.

Seigneur Jésus-Christ, Tu vas te demander si Tu trouveras encore la Foi sur la Terre, tant l’homme est satisfait de ses prodigieuses réalisations.

Seigneur, la parabole que nous venons d’entendre résonne avec Ta question dans le psaume 4 : « Fils des hommes, jusques à quand aurez-vous le cœur endurci, jusques à quand, aimerez-vous la vanité et chercherez-vous le mensonge ? »

Aujourd’hui, le défaut fondamental de la race humaine semble bien être l’auto-satisfaction et la suffisance, tellement insuffisante d’ailleurs.

Le pharisien, souvenons-nous, est l’homme exemplaire, très zélé pour appliquer la Loi de Moïse, il en ajoute : il donne la dîme de tous ses revenus et non seulement de ses revenus imposables, dirions-nous, et il jeûne non pas une fois par semaine, mais deux.

Et pourtant le Christ le condamne : sa prière aura été vaine : il sortira du Temple, non-justifié. Tous ses dons, ses efforts, ses intentions sont comme anéantis . Pourquoi ? C’est qu’il en a fait sa supériorité. Debout , il s’est couronné lui-même de ses mérites. Il s’estime meilleur que tous ces pécheurs autour de lui.

S’il persiste en cet aveuglement, il se bâtit la plus imprenable prison, son orgueil.

Il endurcit son cœur. Il ne voit plus le mystère qu’est le chemin de toute créature humaine.

Qu’il se convertisse, jusqu’à peu à peu voir en tout autre , « l’image de Dieu », à l’exemple de Saint Séraphin de Sarov que nous fêtons aujourd’hui !

Le cœur pur lui évolue  jusqu’à reconnaître le mystère de l’inégalité originelle.

Chaque don, chaque talent, chaque juste place participent au bien en devenir de l’ensemble de l’humanité et de la création.

Le publicain lui qui s’est mis au service de l’occupant romain dont il collecte les impôts, ose dans le Temple, voir son indignité. Aussi « cœur brisé » comme dit le psaume, il bénéficie de sa prière . Elle est devenue son repentir amer.

Justifié, il a traversé son vide. Il pourra s’orienter sans boursouflure,  vers l’Amour de l’inconnu, le tout à fait Autre, et l’autre.  Sa prière du cœur « aie pitié de moi » pourra l’ouvrir dans la patience, à l’amour de tout ce qui vit.

C’est dans ce sens qu’il est dit « Les premiers seront les derniers et les derniers deviendront les premiers. »

Que le Père, le Fils et le Saint-Esprit nous donnent le goût dans le plus grand calme, de ce chemin-là.

Père Bernard