Homélie : Sexagésime 2022

Montpellier, 20 février 2022.

2ème dimanche des Gésimes

Jr 12/1-13         2 Cor 11/19 à 12/9          Lc 8/4-15

Saint Éleuthère, évêque de Tournai (+531)

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés,

les lectures de ce dimanche invitent à ne rechercher aucune louange venue du monde car les vrais prophètes comme Jérémie et les apôtres comme Paul, ont dû prendre tous les risques, dont la mort, pour oser témoigner de la Parole de Dieu et de l’illumination par Sa présence. Les risques, en cette préparation au Grand Carême, en cette année et en notre pays,  ne sont plus les mêmes, ils sont ceux d’une mort spirituelle par une indifférence à toute révélation qui dans le monde, va jusqu’à l’oubli, la négation ou le refus de Dieu.

Et cette mort spirituelle est à l’imitation de l’homme impie dont l’Écriture prévient qu’il passera pour victorieux avant le retour du Christ en gloire.  Ce pourrait être la « seconde mort » annoncée elle aussi, anéantissement définitif semble-t-il. Elle aura rendu fade jusqu’au sel de la Terre, qu’est Jésus-Christ, dans l’absence de la foi, c’est dire par l’ignorance de la lumière divine.

Les prophéties et les témoignages comme ceux de l’apôtre Paul méritent toute notre écoute et toute notre foi, à condition de s’être débarrassé de toute vanité et en particulier de tous ces fantômes que le monde invite à imiter et à envier, ces vedettes dont la mode se volatilise. « Nous sommes des hommes comme vous », protestent Pierre et Paul qui viennent de guérir par miracle , quand la foule veut les honorer comme des dieux.

C’est la leçon dans l’humilité vraie de Paul quand il se raconte pour montrer en lui, la puissance de Dieu, pureté et grâce imméritées, dons gratuits. Nous connaissons et nous avons à cultiver : «  non par nos mérites mais par obéissance, nous osons dire , Notre Père » … et toute prière.

L’Évangile de ce dimanche est une parabole scellée et fermée aux esprits impurs. Et « aux cœurs endurcis » quand une volonté humaine croit vaincre par sa propre force.

Il est nécessaire conseille Jésus-Christ de ne plus se réduire à un chemin, à un rocher, à des broussailles mais à devenir comme une terre meuble, capable d’accueillir et de nourrir les graines du Royaume, de la vie éternelle.

La créature humaine se réduit à un chemin impénétrable aux graines , quand il se laisse envahir et dépouiller par n’importe quel désir , superficiel, à la mode et passager. Il s’agirait de passer le temps, non de se convertir.

Se réduire à un rocher, c’est cultiver l’esprit de dureté, développer la volonté de seulement vaincre l’adversité, de s’enfermer dans la vanité d’avoir réussi , puis dans l’orgueil.

Quant aux broussailles qui ont pris toute la place, ce sont les nécessités, les œuvres, les plaisirs quand ils prétendent suffire à donner absolument tout son  sens à la vie.

Éviter ces trois écueils permet  de découvrir peu à peu ou, brusquement, sa juste place, de n’être plus prisonnier de soi-même, de son passé, de son milieu ou des autres, mais du silence intérieur, de savoir désirer entendre la Parole de Dieu sans se l’approprier, afin qu’elle donne le regard juste et le goût de l’incréé, dans le Père, Source de tout ce qui existe et le Fils, éternel et unique Engendré et l’Esprit-Saint, réalité ineffable et personne inconcevable.

Père Bernard