Homélie : Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu (2022)

Montpellier, lundi 15 août 2022.

Ap 12/1,18            Lc 1/41,55

Alype, évêque de Thagaste (Afrique) (+430)

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Bien aimés,

Dans le chapitre 12 de l’Apocalypse, nous pouvons lire comment les anges, ces purs esprits créés, perçoivent l’humanité. Ils la voient se perpétuer dans le risque de se voir engloutir par les démons. Elle est comme une femme en fuite dont les démons guettent les enfants à naître. Elle devient au cœur et aux yeux des anges, la femme sauvée par l’Incarnation du Verbe de Dieu, Marie, vierge et mère. Ils la contemplent, ces anges du « oui » à la volonté divine, comme vivante à nouveau et à jamais. Ils peuvent nous aider à la reconnaître comme Mère de Dieu fait homme pour le salut de l’humanité.

Dans l’instant de la plénitude éternelle, les démons ont librement choisi la dureté, la jalousie et le mensonge. Dans les cieux, ils ont été vaincus par les armées angéliques et précipités sur la Terre où ils errent dépouillés par l’Incarnation, de tout autre pouvoir que leur volonté de pervertir et de soumettre la créature humaine.

Mais l’enfer a été capturé par l’obéissance jusqu’à la mort du Fils de Dieu devenu Fils de l’homme.

Le malin, père du mensonge, a redoublé d’ingéniosité jusqu’à faire croire qu’il n’existe pas, ni sa légion de démons, ni tout l’invisible dont Dieu Lui-même, ni la Sainte Croix alors qu’elle est l’Arbre de Vie pouvant relier à nouveau la Terre et le Ciel dans la Paix librement préférée aux prétentions mortifères.

Marie la toute obéissante à la volonté de Dieu devient « celle qui traverse le désert, habillée de riches étoffes et appuyée sur son Bien Aimé ». Ce désert est le monde résigné à la condition mortelle. Marie nous précède dans le chemin qui est son fils, Jésus-Christ, parfaitement Dieu et homme parfait. Par Lui, et avec elle, créature humaine rachetée puis sauvée selon notre foi, cette lumière divine au plus vrai de notre être, nous reconnaissons que nous ne sommes pas des « animaux comme les autres » ni même des humanistes comblés par leurs prodigieux pouvoirs sur la matière, les corps et les psychismes. Mais que notre faim et notre soif ne peuvent être comblés que par la divino-humanité.

L’Assomption de la Vierge Marie est la fête qui couronne la prodigieuse histoire humaine en Elle qui précède chacun d’entre nous, si nous le voulons bien, dans le seul Chemin sans mutation ni transformation, ni idéologie, ni conquête, ni magie, de la créature humaine vraiment vivante.

Si Marie a connu la mort, c’est qu’elle est créature, mais si elle n’a pas connu la corruption, c’est qu’elle a été parfaitement obéissante à la volonté de Dieu, héroïque en son « oui » à l’Ange de l’Annonciation ; dans la simplicité de l’accueil le plus viril, elle accepte sans peur ni forfanterie, le tout à fait inconnu : devenir vierge et mère. Elle ne s’est attardée ni sur une crainte ni sur une prudence. Elle ne s’est pas rassurée par quelque ambition.

Mes amis, que cette forte liturgie nous aide à cultiver en nous, le « oui » calme et tranquille à l’image de Dieu et à la voir en chacun.

Père Bernard