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Lettre pastorale de l’évêque Benoît pour la Pâque 2024

Bien-aimés pères, bien-aimés serviteurs et servantes de l’Église, bien-aimés frères et soeurs en Christ ressuscité d’entre les morts,

En ce temps de la Résurrection, je vous embrasse du triple baiser de la Pâque, en vous disant avec joie et allégresse : « Christ est ressuscité ! », cette bonne nouvelle inscrite au centre de notre foi de chrétien, car si le Christ n’était pas ressuscité, notre foi serait vide de sens, et nous serions les plus malheureux des hommes.

Avec la puissance de l’Esprit présent en plénitude dans l’Église, puissance transmise depuis la Pentecôte par les apôtres – hier, aujourd’hui et demain – je vous souhaite de vivre pleinement ce mystère pascal, ce renouveau de notre vie. Je souhaite à chacun de vous et à vos familles de recevoir les biens célestes : la paix de l’âme, la joie de l’esprit, l’amour qui se déverse de la source divine dans le cœur de l’être ; et avec ces biens célestes – c’est-à-dire la proximité avec le royaume de Dieu – recueillez aussi tout ce qui peut être donné par surcroît sur cette terre, selon ce qui convient à Dieu pour chacun de vous.

Le temps de Carême fut pour tous, préparation de la Pâque salvatrice : déluge avec Noé dans l’arche, épreuve de la foi avec Abraham, traversée du désert avec Moïse. Nul n’a été sans souffrances, mais existe-t-il sur terre une vie sans souffrances, sans aucune croix ? Alors, les prophètes qui l’ont aussi éprouvée voient – prévoient – la libération et le repos de nos
âmes, tel Isaïe, porte-parole de Dieu disant – prédisant – au monde la résurrection par le Christ qui tire l’homme de la prison en laquelle le Satan le retenait ligoté :

Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. Je t’ai façonné, établi, pour que tu sois l’alliance du peuple, pour relever le pays, restituer les héritages dévastés et dire aux prisonniers : « Sortez » ! et aux captifs des ténèbres : « Découvrez-vous» ! (Is 49, 8-9)

La Pâque du Christ est la libération de l’homme hors des ténèbres et de l’ombre de la mort, libération des souffrances du corps et de l’âme, ainsi que le disait Méliton de Sardes au IIe siècle : le Christ prit sur lui les souffrances de celui qui souffrait, par le corps capable de souffrir, détruisit les souffrances de la chair et tua – par son esprit qui ne peut mourir – la mort homicide. C’est lui qui nous arracha de l’esclavage pour la liberté, des ténèbres pour la lumière, de la mort pour la vie, de la tyrannie pour une royauté éternelle, lui qui fit de nous un sacerdoce nouveau et un peuple élu, éternel. C’est lui qui est la Pâque de notre salut.

La pierre du tombeau – le joug et le fardeau que nous portons, nos épreuves, nos souffrances, nos ténèbres – est roulée par l’ange, drapé dans un vêtement de lumière et annonçant aux femmes porteuses d’aromates que Jésus le crucifié est désormais ressuscité : ainsi la Résurrection du Christ ouvre à l’Église et à ses fidèles fervents – avec force et douceur, puissance et légèreté – la porte de la vie qui sort du tombeau, de la guérison qui sort de la plaie, de l’impassibilité qui sort de la Passion, de l’ascension qui sort de la chute.

Ô Pâque merveilleuse, prodige incompréhensible de la divine vertu, fête véritable et éternel mémorial, avec toute l’Église – symbolisée par Marie et les saintes femmes qui, les premières, comprirent la lumière de la vie jaillissant des ténèbres de la mort –, nous t’embaumons des doux parfums de louange, nous t’honorons de l’encens subtil de la prière, et ainsi que des enfants nés à nouveau nous t’applaudissons dans des transports de joie.

Hier j’étais enseveli avec lui dans la tombe, aujourd’hui je me relève avec lui dans la lumière.
Oui, en vérité, le Christ est ressuscité !

Évêque de Pau et d’Aquitaine Provence.

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