Message de l’évêque Philippe de La Charité-sur-Loire pour la fête de la Nativité 2024, Église catholique orthodoxe de France.

En cette douce nuit de la Nativité, notre cœur est dans la joie parce que notre Seigneur Jésus-Christ daigne visiter le monde. Il surgit du palais virginal et, par amour pour nous, descend des cieux. Et les anges chantent : « Gloire dans les cieux ! » L’armée entière des anges est dans la liesse parce que la terre reçoit son Roi éternel.

Contemplons la crèche dans laquelle repose toute l’humanité du Sauveur, et ouvrons-nous à la compréhension de l’économie de l’incarnation de Dieu le Verbe. Nous avons lu pendant la période de l’Avent le livre du prophète Isaïe. Il nous annonce le Roi pacifique et la terre entière le désire. Nous étions dans l’attente de sa venue, nous sommes dans l’attente de communier à ce qui est à lui après qu’Il a partagé ce qui est nôtre.

Car le Fils de Dieu est devenu Fils de l’homme pour faire de nous, les hommes, des fils de Dieu, en élevant par la grâce notre race à ce que Lui-même est par nature, enfin en nous engendrant d’en haut dans l’Esprit-Saint et en nous donnant d’entrer aussitôt dans le Royaume des cieux, ou bien plutôt en nous accordant de L’avoir en nous.

Ainsi ce n’est pas en espérance que nous entrons dans le Royaume, mais nous en jouissons et nous proclamons : « Notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. »[1]

Le Verbe de Dieu devenu chair a pris en lui notre nature. S’étant comporté en homme parfait, sans péché, il a, en Dieu parfait, reformé la nature humaine et l’a déifiée. Il est le Verbe de Dieu, le Verbe de la première « intelligence ». Il s’est uni à la raison de notre nature, il l’a fait voler vers les hauteurs, pour qu’elle pense et considère les choses de Dieu. Mais il est aussi le feu. Par le feu essentiel, par le feu divin, il a vite fermé l’ardeur de l’âme aux passions et aux démons contraires. Il a dilaté dans l’amour intérieur le désir de l’âme en lui donnant de communier à ces biens de la vie éternelle. Il a ainsi renouvelé en lui-même l’homme tout entier. Il a fait du vieil homme un homme nouveau qui, recréé, n’a plus en lui aucune raison d’accuser le Verbe créateur.[2]

Ceux qui ont été baptisés en Christ doivent passer par tous les stades de la vie du Christ. Car ils ont reçu leur puissance. Et à travers les commandements, ils peuvent les découvrir et les apprendre :

  • La conception est le gage de l’Esprit,
  • La naissance est l’énergie de la joie,
  • Le baptême est la puissance purificatrice du feu de l’Esprit,
  • La transfiguration est la contemplation de la lumière divine,
  • La crucifixion est la mort au monde,
  • L’ensevelissement est la garde de l’amour divin dans le cœur,
  • La résurrection est dans l’âme le réveil vivifiant,
  • L’ascension est l’extase vers Dieu et le ravissement de l’intelligence,

Celui qui n’a ni découvert ni senti le passage par ces stades est encore un enfant dans son corps et dans son esprit, même s’il semble être pour tous un homme comblé d’années et d’actions.

Mes bien-aimés, réjouissons-nous avec les bergers, avec les mages, avec les armées angéliques et avec toute la création car celui qui était avant les temps est entré dans le temps par son incarnation de la Vierge Marie.

Évêque Philippe de la Charité-sur-Loire et du diocèse Bourgogne Val-de-Loire

[1] Syméon le Nouveau Théologien, « Chapitres pratiques, gnostiques et théologiques » n° 108,

[2] Nicétas Stéthanos, « Chapitres physiques » n° 93,