Quelques dates sur les hommes et les événements de l’Eglise orthodoxe de France

EphÉmÉrides

Quelques dates sur les hommes et les événements
de notre Eglise…

D’après « La Divine Contradiction I et II »

Vincent Bourne

« Le 3 janvier 1931, l’Administration Diocésaine de l’Europe reçoit un décret du Patriarcat de Moscou déclarant que la Confrérie Saint-Photius et toute son activité dépendent dorénavant directement de Moscou. Mais à Pâques parvient le décret interdisant le Métropolite Euloge et nommant à sa place le Métropolite Eleuthère comme Exarque en Europe occidentale. Les paroisses françaises, elles, restent sous l’autorité du Métropolite Euloge. Les relations de la section Saint-Irénée avec les dites paroisses deviennent de ce fait de plus en plus difficiles. Seuls des rapports amicaux persistent entre le Père Léon Gillet et M. Kovalevsky. »

le 26 janvier 1928, une lettre est adressée à Mgr Kenninck, archevêque d’Utrecht de l’Eglise Vieille-Catholique, pour lui demander l’hospitalité dans « l’Eglise catholique gallicane Saint-Denis, 96 bd Auguste Blanqui » (Procès-verbal du Père Abraham).

Le 27 janvier 1929, a lieu « l’Assemblée générale de la Paroisse orthodoxe française où le Père Gillet donne lecture des Statuts définitifs ; l’assemblée décide de placer la Paroisse sous le vocable de la Transfiguration et le patronage de sainte Geneviève ». (Procès-verbal) Eugraph Kovalevsky, de représentant de la Confrérie, devient membre du Conseil paroissial. Il a remporté une victoire. Le Père Gillet explique dans le numéro de La Voie, de février, ce que ce premier groupe de Français entend par : Orthodoxie française.

Le 27 janvier 1937, la Confrérie approuve, en réunion confrériale, l’ordination du Frère Eugraph, demandée par Mgr Winnaert. Elle sollicite du Métropolite de le nommer Président de la commission chargée des affaires occidentales et, si Dieu rappelle à Lui Mgr Winnaert, de le remplacer dans son œuvre.

le 28 janvier 1967, le clergé de l’Eglise de France écrit immédiatement au Patriarche Justinien pour lui demander officiellement «de prendre l’Eglise orthodoxe de France sous sa haute juridiction. Le Carême approche et notre impérieux désir grandit de passer ce temps de pénitence avec l’âme pacifiée par Votre reconnaissance».

Les rencontres de Mgr Winnaert avec les Russes augmentent le 29 janvier 1933, le Métropolite Euloge préside un office œcuménique dans la Chapelle de l’Ascension de l’Eglise catholique-évangélique. A Noël de la même année, le chœur russe « fait entendre les chants liturgiques de l’Eglise d’Orient » dans la même chapelle.

30 janvier – Naissance au ciel de Mgr Jean : Sa mort est à l’image de sa vie modelée par la Liturgie : il part vers son Unique Ami, au 33ème anniversaire de son ordination, le 30 janvier, fête des «Trois saints Docteurs»,

Le 2 février 1937, Fête de la Sainte Rencontre, l’évêque malade réclame à son tour cette ordination (du Père Eugraph) :

« J’ai l’honneur de demander à Votre Eminence de bien vouloir accorder la grâce de l’ordination de la prêtrise à M. E. Kovalevsky. Il désire, je le sais, se consacrer à l’ouvre de l’Orthodoxie occidentale qu’il a déjà beaucoup servie. Je suis certain qu’il sera un admirable chaînon de liaison avec Votre Eminence et, dans l’état de santé où je me trouve, son aide me sera personnellement précieuse et indispensable.

Les membres de mon clergé de Paris, ainsi que plusieurs fidèles se joignent à moi dans cette demande qui a toute la sympathie de la Confrérie de Saint-Photius, afin de requérir auprès de Votre Eminence, sa nomination pour les affaires orthodoxes occidentales. »

Le 2 février 1970, Fête de la Sainte Rencontre, Monseigneur Jean de Saint-Denis fait son entrée dans sa cathédrale. Ses prêtres se disputent l’honneur de porter son cercueil, face au sanctuaire.

Le 6 février 1944, le Père Eugraph réunit le Comité Saint-Irénée, car c’est l’occupation et «selon les ordonnances allemandes, seuls les bureaux ont le droit de fonctionner, et encore a-t-il fallu de multiples démarches pour arriver à ce résultat, mais vous pouvez, dit-il, aux gens réunis, devenir les Amis de Saint-Irénée et aider efficacement. »

La Confrérie, née à Paris le 11 février 1925, est composée « d’épistates » (enseignants) et de « mathestes » (élèves). Sa fête a lieu le jour du Triomphe de l’Orthodoxie, premier dimanche de Carême. Les confrères se réunissent chaque semaine. Les premiers mois, les réunions se déroulent dans le bureau du contrôleur de la gare de Bois-Colombes – le premier président, Alexis S. étant le dit contrôleur – puis à Saint-Serge, la majorité des confrères étant des étudiants. (P. K.) et enfin : « dans une maison louée à Viroflay.

Le 21 février 1940, il part pour le front, mais avant il définit le but de « L’œuvre de Saint-Irénée » d’où naîtra quelques années après l’Eglise Catholique Orthodoxe de France.

.Le mercredi 3 mars 1937, de retour chez lui, Mgr Irénée entre en agonie. A onze heures du matin, Mgr Eleuthère lui rend sa dernière visite. Il se tient debout, près du lit, lui prend la main et durant deux heures, malgré son grand âge, prie en silence, sans bouger. Mgr Irénée en trouvant ses lèvres séchées, parvient à murmurer « Mon évêque ! »

L’ordination d’Eugraph Kovalevsky est indissolublement liée à l’enterrement de celui qu’il nommera toujours : « mon évêque ».Le samedi 6 mars, il est ordonné prêtre par le Métropolite Eleuthère en l’église des « Trois Docteurs » (rue Petel Paris) pour servir l’Orthodoxie occidentale.

LA NOUVELLE NAISSANCE

Le dimanche 7 mars 1937, jour fixé auparavant par Mgr Irénée pour remettre son troupeau à l’EGLISE, est celui de son ensevelissement. Dans la petite chapelle de l’Ascension (72, rue de Sèvres, Paris) c’est une houle d’orthodoxes, de romains, de protestants, de juifs. Mgr Eleuthère n’a pas voulu précéder le cercueil dans l’église, afin de répondre au dernier souhait de cet Irénée qu’il aime. C’est Irénée qui le reçoit. La cérémonie : messe pontificale, suivie de sept absoutes, dure plusieurs heures. Le Père Eugraph est chargé de traduire l’allocution du Métropolite

Le 12mars 1960,le Père Eugraph annonce officiellement dans sa lettre pastorale que «la reconnaissance de notre rite par le Concile de New York présente une grande valeur morale. »

Le père du prêtre Eugraph, naît au ciel le 14 mars 1941, précédé du Métropolite Eleuthère qui meurt en janvier.

Le 18 mars 1936, Mgr Winnaert remet tous les documents nécessaires au Frère Eugraph, ainsi qu’une lettre priant la Confrérie de Saint-Photius de « communiquer ces documents au Patriarcat de Moscou afin de connaître la pensée et l’attitude éventuelle de l’Eglise russe dont je sollicite l’avis particulièrement autorisé ».

le dimanche 26 mars 1905 (8 avril selon le nouveau calendrier), deuxième jour de l’Annonciation et fête de l’Archange Gabriel, porteur de la « bonne nouvelle », arrive sur terre une petite créature, Eugraph Evgrafovitch Kovalevsky.

De l’Archevêque Jean Maximovitch : «Cher Monseigneur Jean : j’attendais ces difficultés et toutes les autres, car sans elles aucune œuvre bonne et grande ne peut se réaliser, mais Dieu donnera la possibilité de les surmonter. Plus les difficultés sont grandes, plus l’œuvre a de succès. L’œuvre sans difficulté est une œuvre sans avenir. Que Dieu vous aide et vous donne la force. »(29 mars 1965)

Les confrères en 1928 quittent Viroflay et louent à Saint-Cloud un local dont ils font l’Eglise confrériale.« Au cours de la séance du 30 mars 1928 du Conseil paroissial de la première paroisse orthodoxe française (rite oriental), des remerciements sont adressés à la Confrérie Saint-Photius pour la liturgie organisée par elle à Saint-Cloud après laquelle M. Eugraph Kovalevsky a prononcé quelques mots très chaleureux à l’adresse de la Paroisse française, au nom de la Section Saint-Irénée de la Confrérie qui, avant même les débuts de cette paroisse, s’est intéressée à l’Orthodoxie française et a célébré des liturgies en français. Certes, cet éloge cause du plaisir à la Confrérie, mais le Frère Eugraph ne perd pas de vue le but à atteindre : l’Orthodoxie en Occident…

Le 30 mars 1928, le Frère Eugraph entre dans la paroisse française comme « représentant de la Confrérie Saint-Photius ». Aussitôt la paroisse bouge.

Les Jeunes Orthodoxes du Patriarcat d’Antioche ont formé le M.J.O. (Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe). Très intéressés par l’Orthodoxie Occidentale, ils entrent en contact avec elle et une correspondance chaleureuse s’établit. Le Père Eugraph voudrait asseoir une amitié orthodoxe entre l’Orient et l’Occident, appuyée sur l’élan de la jeunesse.

Edouard Laham qui dirige le Bureau Culturel du M.J.O., écrit de longues lettres enthousiastes, dès le début d’avril. Quelques extraits suffiront à donner l’image de cette jeune flamme qui aurait pu se répandre : 2 avril 1945 :

«Ce fût la plus belle des surprises et la plus émouvante des joies, lorsqu’il y a cinq jours, nous reçûmes des frères orthodoxes français une lettre et des documents qui nous ravirent et nous transportèrent… Il ne s’agit pas pour l’instant, de raconter comment nous vous avons « connus », il s’agit maintenant de déborder de joie et dans un transport d’allégresse saluer le plus ardemment nos frères orthodoxes français. Nous avons beaucoup, beaucoup trop de choses à vous dire, trop de choses à vous demander, trop à vous communiquer ou à recevoir. J’essaierai dans cette lettre, d’aborder les points suivants :

1) Qu’est-ce que le Mouvement de la Jeunesse Orthodoxe ?

2) Notre connaissance des paroisses orthodoxes occidentales.

3) L’histoire d’une lettre (celle que nous reçûmes, il y a quelques jours).

4) Quelques questions urgentes, élaboration d’un plan de collaboration étroite. L’ORTHODOXIE N’EST PAS MINUTIEUSE … elle ne connaît pas la notion d’une «sainteté possédée» ; elle n’a pas divisé les péchés en mortels et véniels ; elle n’a pas instauré le purgatoire comme troisième partie distincte dans l’autre monde, elle est infiniment large, compréhensive, aimante … ». Suivent les principes généreux du M.J.O.

«9 avril 1945 : nous pensons diffuser la brochure de Mgr Winnaert. En tous cas, nous vous prions de nous faire les dépositaires attitrés de toutes les publications des éditions orthodoxes. Pourquoi ne pas ajouter « Éditions Orthodoxes Françaises » ? Nous vous prions de nous renseigner sur tout ce que vous avez de nouvelles et de nous informer sur tout ce qu’il vous est possible de nous procurer.

10 mai 1945 : Je ne veux pas m’attarder plus longuement à faire le commentaire de ces deux petites pages (texte du Père Eugraph), mais chaque paragraphe fait écho chez nous, chaque phrase presque : la primauté romaine de droit ecclésiastique, le principe national dans l’Eglise, le travail pour l’unité.

14 mai 1945 : soyez sûr que ces jeunes gens de 16, 18 ou 24 ans qui vous écrivent et qui vous aiment ne sont arrivés à leur orthodoxie que par une véritable résurrection. Ils croient intensément, intimement, qu’ils sont l’objet d’une révélation et ils aspirent à la Pentecôte nouvelle. Quelle surprise foudroyante ce fut pour nous de lire votre lettre ouverte à Mauriac. L’Orthodoxie me semble un trésor qui n’appartient pas uniquement à nos nations !»

La majorité des membres agissants du M.J.O. écrivent les uns après les autres. Ils arrivent enfin à Paris, désireux d’étudier la Théologie. Ils semblent comprendre véritablement l’Orthodoxie Occidentale, mais ils se rendent à l’Institut Saint-Serge qui leur parle de l’œuvre du Père Eugraph de telle sorte, qu’ils ne le revirent jamais plus. Plusieurs d’entre eux sont devenus des évêques, des métropolites ou des personnalités marquantes de leur pays. L’Histoire de l’Eglise témoigne combien les reculs psychologiques – si souvent naïfs ou faussement informés – peuvent entraver la Providence.

12 avril 1967 – Monseigneur Jean demande alors au Patriarche Justinien de sacrer Père Gilles Hardy comme son évêque coadjuteur. Le Patriarche ne donne aucune réponse nette. L’Esprit-Saint a précédé la réponse de l’homme.

Missive patriarcale

Mgr Jean rapporte un message d’espoir du Patriarche :

«Message au Clergé et Fidèles de l’Eglise catholique orthodoxe de France. »

«A l’occasion de la visite fraternelle que Son Eminence l’Évêque Jean de Saint-Denis, accompagné des T. R. Pères Gilles Hardy et Jacques, a faite à l’Eglise orthodoxe roumaine cette année, au début d’avril, nous avons appris avec grande joie spirituelle le zèle avec lequel vous avez embrassé la foi orthodoxe, et nous avons connu l’amour que vous manifestez envers l’Eglise orthodoxe roumaine, gardienne fidèle des trésors de la foi léguée par notre Seigneur Jésus-Christ et prêchée par les Apôtres et les Saints Pères de notre Eglise une, sainte, catholique et apostolique.

Grâce à ce premier contact avec les représentants de l’Eglise orthodoxe de France, nous avons appris la manière dont elle s’est constituée, comment elle s’est organisée et développée de jour en jour, arrivant jusqu’à avoir des monastères, des paroisses et des œuvres, institués sur la vieille tradition orthodoxe.

Le fait que vous, clergé et fidèles orthodoxes français, par vos représentants, vous êtes dirigés avec confiance fraternelle vers la hiérarchie, le clergé et les fidèles orthodoxes roumains, nous fait croire que vous êtes poussés vers nous par le Saint-Esprit et, en même temps, par la conscience de l’origine latine commune à nos deux peuples roumain et français.

Nous espérons que les liens spirituels entre nous, Orthodoxes roumains et Orthodoxes français, se développeront de plus en plus et qu’ainsi, nous connaissant mieux et plus profondément, nous pourrons établir des rapports fructueux et utiles à la collaboration future, pour la gloire de notre Dieu, loué dans la Trinité et pour la fortification de l’Orthodoxie dans le monde.

Avec ces sentiments et ces espoirs, nous prions notre Dieu tout puissant afin qu’il répande en abondance Ses grâces sur le clergé et les fidèles de l’Eglise catholique orthodoxe de France en vous assurant de notre entier amour et de l’estime de nos hiérarques, du clergé et des fidèles de l’Eglise orthodoxe roumaine. Je vous envoie de tout mon cœur mes paternelles bénédictions dans notre Seigneur,»

Bucarest, 12 avril 1967 signé : JUSTINIEN, Patriarche de Roumanie

Le 14 avril 1967, Monseigneur Jean passe par Sofia. Le Patriarche Cyrille lui déclare : «L’Eglise de France vaincra, car sa cause et ses positions sont vraies, mais patience.» L’Eglise de Bulgarie ne peut rien faire d’elle-même étant surveillée attentivement par la Russie.

Le 25avril 1960, l’Archevêque Jean envoie deux ordonnances à l’Eglise de France :

« ORDONNANCE à l’Archiprêtre Eugraph Kovalevsky, n. 810/285.

L’Eglise Orthodoxe de France, composée de plusieurs paroisses en France et d’une en Belgique, et ayant comme PRÉSIDENT L’ARCHIPRETRE Eugraph Kovalevsky, est reçue dans notre sollicitude.»

« ORDONNANCE à l’Archiprêtre Eugraph Kovalevsky, n. 8.11/1286.

En tant qu’Évêque diocésain, nous gardons le Protopresbytre Eugraph Kovalevsky comme chef dirigeant immédiat ; il nous fera des rapports et nous aidera dans les affaires le concernant. L’administration de la dite Eglise ne touchera en rien celle du Diocèse de l’Europe Occidentale à la tête duquel je me trouve placé. Les deux administrations auront chacune leur vie intérieure autonome, sans mélange, unies dans une même foi et une même instance supérieure hiérarchique. »

Archevêque Jean

Enfin, le 8 mai 1960, un évêque oriental célèbre pour la première fois le rite selon Saint Germain, en l’Eglise Saint-Irénée : c’est l’Archevêque Jean Maximovitch. Avec sainte attention, il a étudié le pays de France et ceux qui formèrent son sol …

Un évêque oriental à Saint-Irénée

Enfin, le 8 mai 1960, un évêque oriental célèbre pour la première fois le rite selon Saint Germain, en l’Eglise Saint-Irénée : c’est l’Archevêque Jean. Avec sainte attention, il a étudié le pays de France et ceux qui formèrent son sol spirituel. Il prêche à ces fidèles français :

«Le Christ ressuscité a envoyé les Apôtres prêcher dans tous les pays. L’Eglise du Christ ne fut pas fondée pour un seul peuple, pour un quelconque pays, tous les pays sont appelés à la foi du Dieu vrai. Selon la tradition établie, Lazare, le ressuscité après quatre jours, est arrivé en France, se sauvant de devant les juifs qui voulaient le massacrer. Il s’installa avec ses sœurs Marthe et Marie et prêcha en Provence. Trophime d’Arles et d’autres disciples d’entre les 72 ont parcouru la France. Ainsi, dès les temps apostoliques, en Gaule – la France actuelle – fut prêchée la foi orthodoxe du Christ. A l’Eglise Orthodoxe appartiennent Saint Martin de Tours, le grand Cassien, fondateur de l’abbaye de Marseille où durant de longues années il donna l’exemple de la vie ascétique ; de même, Saint Germain de Paris, Sainte Geneviève et une multitude d’autres Saints. C’est pourquoi la foi orthodoxe n’est pas pour le peuple français la foi d’un peuple étranger. Elle est sienne, confessée ici, en France, depuis les temps anciens par ses ancêtres ; c’est la foi de ses pères. Nous souhaitons sincèrement et chaleureusement que la foi orthodoxe; fermement réinstallée en France redevienne sa foi pour le peuple français, comme pour le peuple russe l’Orthodoxie est sa foi maternelle, ainsi que pour les Serbes et les Grecs. L’Eglise Orthodoxe glorifie aujourd’hui, selon l’ancien calendrier, le saint apôtre évangéliste Marc, un des quatre évangélistes qui fut en Europe Occidentale et écrivit son évangile à Rome, directement en latin, suivant quelques uns. Maintenant, j’ai la conviction que l’élévation politique et patriotique de la France se réalise. Que cette élévation s’unisse à sa renaissance spirituelle, que la France orthodoxe renaisse et que la Bénédiction divine soit sur cette France orthodoxe !»

La reconnaissance des fidèles entoure l’Archevêque Jean qui leur permet enfin de chanter réellement : «Ce jour, le Seigneur l’a fait, soyons dans la joie et dans l’allégresse, alléluia !»

Le 11 mai 1928, en l’église confrériale, Wladimir Lossky devient membre de la Confrérie. Il est placé sous les ordres du Frère Eugraph Kovalevsky à la section Saint-Irénée et il sera nommé plus tard président de la Confrérie. Pendant plusieurs années, il est l’ami-disciple du futur Mgr Jean de Saint-Denis. Wladimir Lossky (1903-1958), fils du philosophe Nicolas Lossky. Né à Goettingen, il fait ses études à la Sorbonne et devient Français. Théologien éminent, il est doyen de l’Institut orthodoxe français Saint-Denys de Paris. Auteur de La théologie mystique de l’Eglise d’Orient, La procession du Saint Esprit, La vision de Dieu, A l’image et à la ressemblance de Dieu. Sathèse, intitulée Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart, est publiée après sa mort,

Le vendredi 19 mai 1950, a lieu l’Assemblée Générale de la Paroisse Saint-Irénée. Le Père Eugraph, toujours désireux de jeter des gouttes orthodoxes dans tous les coins de France, propose aux futures communautés de former la Mission Saint-Irénée en un centre chargé de défendre les paroisses orthodoxes françaises. De filiales, il leur offre de devenir des paroisses-sœurs ; il aimerait que ses disciples prennent leur essor et leurs responsabilités.

Louis Joseph Marie Charles Winnaert naquit à Dunkerque, le vendredi 4 juin 1880, à minuit moins cinq.

Juin 1937, le Métropolite Eleuthère nomme W. Lossky « Président de la Commission provisoire pour l’organisation de l’Orthodoxie occidentale ». Le 7 juin W. Lossky convoque des membres éventuels. Le 18 juin, le père Eugraph est élu à sa place comme Président ; obligé de se rendre à Nice pour quelques jours, il écrit :

« Je pense à vous, à notre Eglise, à tous mes co-pères et co-frères et je sens nettement que mon âme appartient à notre œuvre. Je rentre pour la réunion cléricale (que Dieu m’aide à ne pas avoir dans ces réunions l’esprit clérical, mais que l’Esprit Saint règne parmi nous !). Je vous bénis, ma bénédiction est celle des apôtres et celle des apôtres est la bénédiction du Christ, la bénédiction de Dieu. »

le 11 juin 1972, il est sacré Evêque en la Cathédrale Saint-Irénée de Paris, sous le nom de Germain de Saint-Denys par N.N.S.S. Nicolas, Métropolite du Banat, Antoine, Evêque de Ploiesti et l’Evêque Théophile Ionesco, Evêque des Roumains à l’Etranger qui a quitté l’Eglise Russe hors frontières dont il dépendait pour réintégrer son Eglise-Mère, le Patriarcat de Roumanie.

LE DÉCRET DE MOSCOU Serge le Grand a entendu l’appel. Il rédige lui-même le célèbre Décret du 16 juin 1936, n° 75…

NAISSANCE AU CIEL DE L’ARCHEVÊQUE JEAN

le 2 juillet 1966 à Seattle, l’Archevêque Jean part doucement vers la Trinité.

Le 14 Juillet 1952, le Patriarche Alexis et son Saint-Synode acceptent l’élection épiscopale du Père Kovalevsky et envisagent deux vicariats : orthodoxe oriental et orthodoxe occidental – ceci affirmé par témoin devant l’Archevêque Boris (rapport remis par E. Moine le 28 mars 1958 à l’Archevêque Jean) et le 21 juillet 1952, en réponse à la lettre du 23 mai 1952 du Collège des Professeurs de l’Institut Saint-Denys demandant le Doctorat en Théologie pour leur Recteur, le Patriarcat fait savoir :

«par décision de Sa Sainteté ALEXIS, Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, et du Saint-Synode de l’Eglise Orthodoxe Russe, en date du 14 juillet 1952 ; et après avoir pris connaissance de vos travaux théologiques, ainsi que de la demande du Collège des Professeurs de l’Institut de Théologie St Denys de Paris, il vous a été attribué le titre de DOCTEUR EN THÉOLOGIE».

Membre du Conseil du Saint-Synode
– NICOLAS, Métropolite de Kroutitsky et de Kolomensky, Docteur en Théologie

Trois autres professeurs de l’Institut reçoivent simultanément le Doctorat en Théologie : Néophyte Minezac, Wladimir Lossky et W. Illine.

Le Frère Eugraph s’est saisi du Décret et avant même de s’en être entretenu avec les responsables, écrit le 4 août 1936 à Mgr Winnaert :

« Je tiens en main, enfin, la copie du document de Moscou. Dans son ensemble, il est très intéressant et précis. Dès votre retour à Paris, le document vous sera transmis personnellement par le représentant du Patriarcat de Moscou à Paris, le hiéromoine Stéphane. Mais je préférerais vous donner à l’avance quelques explications qui pourront être utiles à notre cause. »

Et dans son rapport de 1947, il rapporte lui-même :

« C’est ainsi que, grâce au Patriarcat de Moscou, les jalons furent posés pour la réalisation de l’Orthodoxie sous la forme occidentale et se termina la stérilité honteuse de l’Eglise en Occident. » (R. 1947)

Le 12 août 1954, l’archevêque Jean annonce :

«Très aimé dans le Seigneur, Père Eugraph, actuellement, tous les litiges de principe sont tombés. Les opposants à votre personne n’ont aucun argument canonique et valable. Aucun motif sérieux contre votre sacre n’a été élevé. La décision négative contre l’Eglise de France, prise l’an dernier par la réunion diocésaine de Genève, a été reconnue illégitime. Le Métropolite Philarète a exprimé le désir de vous connaître personnellement, et de résoudre à deux toutes ces questions et, afin de ne point retarder la réalisation, il vous prie, si cela est possible, de venir rapidement à New York». (Traduit du russe).

L’Archevêque Jean est nommé Archevêque de San Francisco mais les paroisses françaises restent sous sa juridiction.

le 27 août 1945, le Père Eugraph reçoit le papier officiel :

«Par bénédiction spéciale de Sa Sainteté le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, ALEXIS, le Recteur de l’église de Saint-Irénée le Lyonnais, à Paris, le prêtre Eugraph Kovalevsky est élevé au rang d’Archiprêtre, le 26 août 1945. Il a été élevé par moi à ce rang, lors de la Liturgie qui a eu lieu en l’église des Trois Docteurs.signé : Métropolite Nicolas de Kroutitsky» (traduit du russe).

Les Servantes de l’EgliseLe samedi ler septembre 1945, en l’Eglise Saint-Etienne du Mont, après avoir célébré un office en l’honneur de Sainte Geneviève, le Métropolite Nicolas rend à Mme Winnaert le projet de constitution des «Servantes de l’Eglise»[1], en la bénissant et en l’approuvant chaleureusement. De cet instant, une respectueuse affection unira Mme Winnaert et ses compagnes au Métropolite, jusqu’à son douloureux décès. Puis, comme il reprend la route de Moscou, il emporte la crosse de Mgr Irénée pour la remettre auPatriarche Alexis, mais il emporte aussi un Rapport du Père Eugraph au successeur de Serge le Grand.

Extraits du rapport au Patriarche Alexis

«Nous avons l’honneur, Très Saint Père, de vous rappeler que grâce à l’émigration russe l’Orthodoxie en général et l’Eglise en particulier, furent portées à la connaissance de l’Archimandrite Irénée Winnaert et de l’ensemble des Français qui s’étaient attachés à sa personne et à ses recherches religieuses.

Or, cette ÉMIGRATION est appelée à disparaître, soit par un retour à la mère Patrie de ceux qui en font partie, soit par assimilation au peuple français ; le Mouvement Orthodoxe qui, en France, en est issu, est appelé à former le mouvement d’origine purement français une seule Eglise orthodoxe française comportant le rite occidental comme rite officiel ainsi que nous en exposons ci-après la nécessité et un rite oriental en langue française.

Cette Eglise missionnaire, même avant d’atteindre son plein développement, gagnera les pays lointains à sa cause qui, dans un cadre élargi, deviendra celle de l’Eglise catholique orthodoxe occidentale» (Ces quelques lignes forment ce que nous pourrions nommer l’antienne de la vie du Père Eugraph. Il voit, il prévoit plutôt, ce qui adviendra dans les années futures et reprend la pensée de l’adolescent qui, lors de son passage en 1920 à Constantinople, glissait déjà sous les portes des églises russes, un papier exprimant sa doctrine : «La Révolution russe est permise par Dieu afin de purifier l’Eglise et pour l’éclatement universel de l’Orthodoxie. »

«Il y aura lieu de remarquer que cette Eglise ne constituera pas simplement une Eglise missionnaire comme les Eglises en pays païens, mais qu’elle aura avant tout la tâche de faire revivre intensément, naturellement et authentiquement cette Orthodoxie Occidentale qui n’est pas une création orientale pour les Occidentaux, mais la réalité vivante d’un passé historique de glorieuse sainteté orthodoxe, antérieure au baptême de la sainte Russie. Cette sainteté orthodoxe est actuellement encore latente dans le peuple français, bien que masquée par les déviations de la grande Eglise latine. Les orientalismes risquent de dénaturer la forme ethnique de cette Eglise, ce qui, en la rendant impropre aux habitudes occidentales stériliseraient son rayonnement apostolique en Occident. Les rites occidentaux (romain, gallican, lyonnais, milanais, mozarabe) ne doivent pas être envisagés comme liés aux déviations romaines puisque ces rites sont antérieurs au grand schisme d’Occident.

Pour ce qui est du rite romain, il doit être simplement expurgé des quelques nouveautés qui ont été instituées depuis le schisme, c’est ce qui fut fait dans la liturgie de Monseigneur Winnaert, qui s’en était inspiré.

(Un des grands souhaits du Père Eugraph qu’il n’abandonna jamais, est de voir l’Eglise de Rome reprendre sa place dans la couronne des Eglises orthodoxes, en gardant son rite romain propre, «orthodoxisé» avec délicatesse).

«Lorsque nous recherchons le passé orthodoxe en Occident, nous considérons, faute de mieux, la date de 1054, comme une cloison intangible dans le temps et cependant cette cloison est loin d’être étanche. Elle laisse passer dans cette Eglise de France ce feu céleste qui, au dix-septième siècle, enflamma le génie d’un Bossuet défendant les droits et libertés de l’Eglise Gallicane ; les arguments du célèbre Evêque de Meaux ne semblent nullement étrangers à la pensée orthodoxe, pas plus que certains passages de la « déclaration des Députés de la Faculté de Théologie »; députés désignés par l’Archevêque de Paris, le 8 mai 1663. A titre documentaire, vous nous permettrez, Très Saint Père, d’extraire les paragraphes suivants de cette déclaration :

V) Le souverain pontife n’est pas au-dessus du concile œcuménique.

VI) Il n’est pas infaillible (nullo accedente Ecclesiae consensus),

VII) … son jugement n’est pas irréformable, à moins que le consentement de l’Eglise n’intervienne. Nous avons arrêté d’envoyer à toutes les églises de France et aux Evêques QUI PRÉSIDENT PAR L’AUTORITÉ DU SAINT-ESPRIT, ces maximes que nous avons reçues de nos pères, afin que nous croyions tous la même chose, que nous soyons dans le même sentiment et que nous suivions la même doctrine.

Si, en France la doctrine trinitaire a été faussée bien avant le schisme, sous Charlemagne, la notion de liberté de l’Eglise de France fut encore longtemps vivace, jusqu’à son écrasement sous le Concordat entre Napoléon Ier et Pie VII, puis le coup presque fatal dut être porté à ce qui en restait, par la promulgation du dogme de l’infaillibilité du Pape, en 1870.

Mais toutes ces nouveautés n’atteignent en France que l’ecclésiastique de culture moyenne, le demi-savant. Le savant lorsqu’il est de bonne foi, se révèle presque toujours « orthodoxisant », nous en connaissons, et l’homme de la rue lorsqu’il est pieux est bien souvent un Orthodoxe qui s’ignore, le mot orthodoxe étant pris dans un sens large assez éloigné du domaine savant.

Donc, il nous semble avéré que l’Orthodoxie Occidentale non seulement plonge ses racines dans un passé presque deux fois millénaire mais, en dehors de notre mouvement orthodoxe elle n’est pas encore complètement tuée par la curie romaine et sous une forme à la fois authentique et sympathique, de nature à ne pas troubler la conscience du « Français moyen », elle peut renaître complètement de ses cendres.

Il pourrait se faire que certains éléments orientaux ne comprennent pas les besoins de la mission orthodoxe occidentale, et influencent défavorablement cette mission ; aussi nous semble-t-il urgent que des dispositions canoniques toutes spéciales soient prévues.

Nous osons donc vous demander, Très Saint Père, l’autonomie des paroisses et des institutions occidentales».

Le 3 septembre 1939, le Père Eugraph est immédiatement appelé sous les drapeaux. L’Orthodoxie occidentale endosse un uniforme de pionnier de 2e classe.

Le 11 septembre 1950, même avant le départ du Père Eugraph de l’Eglise de Moscou, il écrivait à Wladimir Lossky : « Dès mon retour à Paris, il faudrait nous rencontrer pour nous entretenir, bien que je ne crois plus à la fécondité des entretiens. Oui, dans le passé, notre collaboration était très utile à l’Eglise. Ensemble, nous dirigions les autres et la Confrérie c’était nous deux, ce qui était accepté de tous comme un fait normal et nécessaire. Le retour au passé est actuellement impossible et probablement indésirable ; ce serait improductif. En ce qui concerne les intérêts de l’Eglise, tout le monde en parle mais chacun les comprend à sa façon. La Confrérie? Elle ne peut exister ni avec toi, ni sans toi ! »

Quelle mélancolie. Les intempéries spirituelles ont séparé les deux hommes. Cependant que Wladimir est resté à Paris, n’évoluant que dans le milieu religieux russe, le Père Eugraph, lui, est parti à la guerre, a vécu pendant trois ans parmi les Français, tout son être tendu vers la France orthodoxe, tirant de presque rien la première chapelle orthodoxe occidentale. Et un 8 novembre, fête orientale de l’Archange Michel, Wladimir Lossky ferme la Confrérie Saint-Photius. Il sera le premier à quitter l’Archiprêtre Eugraph lorsque celui-ci sera contraint de laisser derrière lui les Russes pour réaliser sa mission parmi les Français. Mais Wladimir souffre profondément de ne plus accorder sa pensée à ce qui fut son idéal premier. Durant les dernières années qui le séparent du « départ définitif », il donne au Père Eugraph des rendez-vous « clandestins » dans des cafés. Les deux amis se parlent longuement, puis, s’en vont suivre chacun leur route.

Père Gilles Bertrand-HardyAlors, se détache un jeune homme, resté sereinement combatif à travers la tempête : le Père Gilles Bertrand-Hardy. Le temps est venu de le présenter à nos lecteurs.

Né le 22 septembre 1930, à Stoke-on-Trent, en Angleterre…

Première liturgie selon l’ancien rite gallican

P. Eugraph : Le dimanche 7 octobre 1945, il célèbre «la Sainte Liturgie selon l’ancien rite gallican, cette liturgie touche l’esprit français car elle rétablit le pont mystérieux et divin entre l’Occident et l’Orient, mais elle réclame encore d’immenses travaux pour retrouver tous les éléments et les mettre au point» (Rapport au Métropolite Nicolas).

Pionnier de deuxième classe dans l’Armée Française, aumônier des prisonniers orthodoxes, le P. Eugraph Kovalevsky est libéré le 13 octobre 1943. Il a longtemps séjourné dans le Stalag IV B

Le 13 octobre 1946, la nouvelle église orthodoxe occidentale – Saint-Irénée – est inaugurée.

PRÉMICES DE L’INSTITUT DE THÉOLOGIE « Le 22 octobre 1928, a lieu l’inauguration de la Commission Saint-Jean le Théologien dont le but est l’établissement d’un programme scolaire. E. Kovalevsky est nommé président et W. Lossky secrétaire. Elle est, en vérité, le début de l’Institut Saint-Denys pour les questions dogmatiques et théologiques et, en particulier, la révision de l’histoire en Occident. » (R. 1947)

Décret n° 1530

Enfin :

«… le 9/22 octobre 1964, après échange de vues, le Synode des Evêques de l’Église russe orthodoxe (Décret n° 1530),

Décide :

De confier à Votre Eminence (l’Archevêque Jean de San Francisco) à l’avenir, la protection de l’Eglise de France, avec la surveillance des autres Eglises Occidentales, en conférant à Votre Eminence le pouvoir d’agir selon son propre jugement.

De quoi, envoyé ce Décret à Votre Eminence 17/30 octobre 1964. Ville de New York.

Président du Synode des Evêques
Métropolite Anastase»

Le Saint-Synode, en remettant à l’Archevêque Jean toutes les affaires de l’Eglise Occidentale, lui accordait le droit de sacrer l’Evêque élu de l’Eglise de France. La date du 11 novembre 1964, fête de Saint Martin (29 octobre 64 pour le calendrier oriental) est choisie. L’immatériel et presque mourant Anastase et l’imbattable Jean, atteignent le but, mais les adversaires sont convaincus que l’Archevêque Jean n’y parviendra pas et, qu’en tout cas si ce but est réalisé, ils se chargent ensuite de le torpiller.

Le jeudi 22 octobre : le soir du Décret, le Métropolite Anastase convie le chef de l’Eglise de France à un dîner officiel d’adieu. Il lui porte un toast prophétique :

«Nous bénissons Dieu de nous avoir permis d’apporter une solution positive et vitale à l’Eglise de France. Par votre sacre, Monsieur l’Archiprêtre, l’Eglise russe hors frontières ne crée pas un nouveau diocèse, ni même une nouvelle province ecclésiastique, elle a l’insigne honneur de devenir la source d’une nouvelle Eglise et de participer à la renaissance de l’ancienne Eglise catholique orthodoxe de France. »

Ce toast rappelle les lointaines paroles du Patriarche Œcuménique Athénagoras de Constantinople :

«Eh bien ! Voici donc une grande chose. Nous allons essayer de résoudre toutes vos difficultés pour le bien de la Sainte Eglise, dans votre intérêt et aussi pour la bonne organisation. C’est une chose merveilleuse pour nous d’apprendre la renaissance de l’Orthodoxie en Occident. Mais je ne suis pas étonné que ce mouvement vienne de France, de cette France qui nous a déjà donné tant de belles et douces choses. C’est un moment historique pour toute la chrétienté et ce serait une grande faute de notre part si nous ne comprenions pas que nous devons travailler à sa réalisation» (voir 14ème chapitre). Mais tandis que le Grec n’a fait que souhaiter, le Russe, à la suite de Serge le Grand, (1936) a réalisé.

Il y aura 55 ans :

Le 1er novembre 1952, le Père Eugraph baptise Olivier Clément, Mme Winnaert est sa marraine…

Baptême d’Olivier Clément

Le 1er novembre 1952, le Père Eugraph baptise Olivier Clément, Mme Winnaert est sa marraine. Olivier Clément est un homme qui cherche Dieu. Le Père Eugraph l’aide spirituellement, lui apportant sans doute la réponse qu’il attendait. Quelques mois après son baptême, il quitte l’Eglise orthodoxe de France et entre dans la juridiction du Patriarcat de Moscou, préférant le rite oriental. Il se tourne ensuite vers le Patriarcat Œcuménique où il acquiert une place éminente au sein de l’Eglise orientale. Le Père Eugraph comprend son attitude – l’Eglise orthodoxe de France est tellement attaquée – mais il est peiné de l’oubli volontaire de Clément. Olivier ne prononce jamais le nom de celui qui fut le premier à lui découvrir l’horizon orthodoxe et à lui présenter son meilleur ami : Wladimir Lossky. La vérité historique, étant donné les ouvrages d’Olivier Clément, nous oblige à donner ces précisions. En 1977, – Mgr Jean de Saint-Denis (Père Eugraph) né au ciel depuis sept ans – Olivier Clément fait paraître un livre «L’autre soleil» (éd. Stock) où il raconte sa conversion. Voici le récit de son baptême :

«J’ai reçu le baptême dans l’Église Orthodoxe. J’avais trente ans… c’était un 1er novembre. Il pleuvait. J’ai marché longtemps sous la pluie voulant aller à pied, malgré Paris, vers ce décisif pèlerinage… Froide était l’eau qui ruisselait sur mon visage, froide et pure l’eau baptismale. Les longs exorcismes prennent la mesure de l’enfer et du repentir. On n’a pas le temps de suffoquer lors de l’immersion et c’est dommage. La chrismation suit sans désemparer « Sceau du don du Saint-Esprit » dit le prêtre en oignant le front, les yeux, les oreilles, les narines, la poitrine près du cœur, les mains, les pieds… Je me souviens du Credo. On m’a dit que je l’avais proclamé avec force, je ne sais pas. Un groupe se rassemblait pour la célébration eucharistique où je communierai le premier. Quelqu’un est venu m’embrasser. »

Premier jour du sacre DE MGR JEAN

Le lundi 9 novembre 1964, fête de Saint Nectaire d’Egine, débute la cérémonie du sacre qui durera trois jours.

« Et le 11 novembre 1927 (fête de ce grand saint Martin que l’histoire de l’Orthodoxie en France retrouve à tous les carrefours), le premier service divin est célébré en langue française et la paroisse reconnue par le Métropolite Euloge avec son statut particulier. » (R. 1947)

Cette « nouveauté » ecclésiale est d’abord confiée au Hieromoine Abraham, puis au Père Deubner, et enfin au Père Lev Gillet[1] assisté plus tard du Père Jouanny. Le Métropolite Euloge « a daigné prendre la paroisse française naissante sous son autorité canonique, et appeler la bénédiction divine sur son organisation future. » (Procès-Verbal du 25 novembre 1927)1]. Père Lev (Léon) Gillet, français, diacre et prêtre par le Métropolite ukrainien uniate, André Cheptitsky, réuni à l’Eglise orthodoxe sur simple confession de foi. Rédacteur du feuillet La Voie, premier recteur de la première paroisse française de rite oriental à Paris. Remarquablement cultivé, il passe au Patriarcat œcuménique et signe ses écrits : un moine d’Orient. C’est lui qui, en 1936, met en rapport Mgr Louis Winnaert avec Constantinople, puis avec Eugraph Kovalevsky.

Le 11 novembre 1929, fête de saint Martin, Mgr Winnaert est invité au « Foyer de l’âme » (fondé par le grand pasteur Wagner) à parler de la paix, au cours de la « Semaine internationale de la paix groupant les représentants de divers mouvements spirituels ». Est invité aussi un prêtre orthodoxe français : le père Gillet. Ce dernier, frappé par l’allocution de l’évêque dunkerquois, lui demande de le revoir.

11 novembre 1930 – fête de ce saint Martin que Mgr Winnaert vénérait spécialement depuis son enfance, courant le chercher chaque année le jour de sa fête dans les dunes flamandes, près de la chapelle Saint-Eloi – le père Gillet fait inviter le futur Irénée par Mgr Euloge dans le sanctuaire de la cathédrale Saint-Alexandre Nevsky.

Ni lui, ni le frère Eugraph ne se remarquent…

Néanmoins, le hieromoine orthodoxe français parle à M. Kovalevsky de ses entretiens avec Mgr Irénée ; Eugraph, soucieux de ne pas entraîner les Français dans les querelles intestines russes, conseille de s’adresser au Patriarcat Œcuménique – ce scrupule canonique lui joua souvent de mauvais tours car sa conscience des canons était si précise que, paradoxalement, elle indisposa toujours ses collègues. Et, malgré ses conversations sur ce sujet, il ne songe pas à rencontrer celui qui marquera son avenir, de même que le père Gillet ne songe pas à les réunir.

Saint-Martin, le voici à nouveau dans l’Eglise de France – Saint-Irénée et Saint-Martin se partagent les dates importantes de l’Orthodoxie renaissante en Occident et lui offrent un beau cadeau.

Nous sommes le 11 novembre 1944 : par décision du Doyen des Paroisses orthodoxes occidentales, le Père Stéphane – celui qui reçut le vendredi 5 février 1937 Monseigneur Irénée Winnaert dans le monachisme[1] – la Chapelle devient canoniquement la Paroisse Saint-Irénée. Ce n’est que le 3 février de l’année suivante, en 1945, que paraîtra au Journal Officiel, récépissé 4747, l’annonce de la nouvelle Association Cultuelle Catholique Orthodoxe de Saint-Irénée.

[1]. Voir : La Queste de Vérité d’Irénée Winnaert 21ème chap. Consummatum est.

2 novembre 1957 :

« Votre lettre du 15 octobre par laquelle vous nous annoncez votre décision, en tant que Recteur de l’Institut Orthodoxe Français de Paris (sous le vocable du glorieux Saint-Denys), d’attribuer à notre Médiocrité le grade de Recteur d’Honneur et le Doctorat Honoris Causa, nous a beaucoup ému. Nous acceptons bien volontiers cette pensée délicate et filiale de votre part, et nous bénissons paternellement votre Paternité ainsi que tous vos collaborateurs en l’Église Orthodoxe de France que nous chérissons de tout cœur. Que le Seigneur soit avec vous !

A Alexandrie, en notre Patriarcat, le 12 novembre 1957 ; Fête de Saint Jean l’Aumonier, Notre glorieux Prédécesseur, 19e année de notre Avènement.

Prieur ardent auprès de N. S.

Christophoros».

L’Archevêque Jean, en séjour en Amérique, plaide la cause de la jeune Eglise ; Saint Martin, apôtre de la France, abaisse sur elle sa houlette et le 11 novembre 1959, gagne.

ORDONNANCE

«Le Synode Episcopal de l’Eglise Orthodoxe Russe hors frontières envoie à Son Eminence Jean, Archevêque de Bruxelles et de l’Europe occidentale, l’Ordonnance suivante :

La décision du Concile des Evêques du 11 novembre 1959, concernant l’affaire de réception dans l’obédience canonique de votre Eminence de la Communauté Orthodoxe Française :

Permettre à Votre Eminence comme Evêque Diocésain de l’Europe Occidentale, se conformant à votre rapport et à votre demande, de recevoir dans votre obédience canonique la Communauté Orthodoxe Française, et de vous charger de l’organisation de la vie ecclésiastique de cette Communauté en concordance avec les Saints Canons et la Tradition de l’Eglise Orthodoxe, avec le maintien par elle du rite occidental». (Extrait traduit du russe, n. 1824, envoyé le 29.11.59/12.12.59).

11 novembre 1959, fête de Saint-Martin si souvent présent dans l’Eglise de France, l’église de la Sainte-Rencontre de Nancy est inaugurée.

Le 11 novembre 1962, le Moutier Saint-Martin est inauguré.

Troisième jour du sacre de Mgr Jean : C’est le 11 novembre 1964.

le 13 novembre 1960, il est ordonné prêtre par le saint Archevêque Jean de San-Francisco (Maximovitch).

L’Institut Saint-Denys est fondé. Il ouvre le 15 novembre 1944 ses portes et c’est sa première année académique 1944-1945.

Premier rendez-vous fixé par Jean de Shanghai au Père Eugraph et à son ami Emile Moine, pour le 23 novembre 1957.

Un ancien prêtre romain, « le Père Lev Gillet devient orthodoxe avec l’approbation de Mgr Szeptieki. » (Ma vie)

« Le 26 novembre 1928, le P. Léon Gillet fait savoir par lettre au Conseil paroissial qu’il est nommé recteur, et le 2 décembre 1928, à la première réunion constitutive de la paroisse française sous la présidence du nouveau recteur, nous voyons apparaître, pour la première fois, parmi les membres du Conseil paroissial, le nom de M. Eugraph Kovalevsky, nommé membre permanent en qualité de représentant de la Confrérie. » (R. 1947)

Le procès-verbal déclare : « M. Kovalevsky, au terme de brillantes études théologiques, dirigera les choeurs musicaux des Offices avec la science et l’activité bien connues de tous ».

M. Kovalevsky est décidé à augmenter les services religieux.

« Malheureusement, le Père Gillet est beaucoup plus axé sur les cas personnels que sur le développement de l’Eglise orthodoxe de France. » (Ma vie)

Toutefois, le Père L. Gillet et E. Kovalevsky deviennent très amis ; mais le futur Mgr Jean ne pense qu’à l’expansion d’une Orthodoxie enracinée dans le sol de la « Sainte France », tandis que l’ancien prêtre romain, attiré, fasciné par la richesse orientale et le « charme slave », appartenant à la culture raffinée et psychique des Proust, des Apollinaire, des Montesquiou, s’évade du milieu français. C’est un esprit fin, sensible, parlant un français remarquable, amoureux de ce « qui est extrême et qui s’engage » (sic) car lui-même ne s’engage pas, penché sur des êtres exceptionnels, ou du moins qui semblent exceptionnels. Type du messager, il se plaît à porter l’étincelle, puis il se retire. En 1932-1936, il jouera un rôle important, joignant les mains de Mgr Irénée Winnaert et d’Eugraph Kovalevsky.

Le 2 décembre 1967, le clergé élit évêque Mgr Germain.

Confrérie Saint-Photius. Le 10 décembre 1925, le Chef de la Confrérie s’adresse (doc. n° 7) au Métropolite Euloge, lui demandant de confirmer, auprès de la Confrérie, l’établissement d’une Commission pour la France. Le 14 décembre, le Métropolite la confirme.

Il a récupéré son dynamisme et le 10 décembre 1943, le Comité Saint-Irénée[1] est officiellement transféré au 6 rue Saint-Louis en l’Isle, Paris VIème.

Le 12 Décembre 1943, les Confrères de Saint-Photius, ranimés, rajeunis, inconscients et tant soit peu repentants, invitent «à prendre part à la bénédiction du local de l’œuvre missionnaire de Saint-Irénée» (car elle n’a pas encore la permission de s’intituler : chapelle)

[1]. Le Comité Saint-Irénée fut fondé en 1940 par les amis du Père Eugraph alors qu’il était sur le front. Son but était «l’assistance spirituelle, morale et matérielle en période d’hostilités, plus particulièrement destinée aux militaires» (voir «La Divine contradiction», tome I, ch. 25).

Le 15 décembre 1926, M. Eugraph Kovalevsky est nommé Chef de cette Province. » Saint-Photius« Province (ou section) Saint-Irénée »

Ils sont trois qui, profitant du passage de l’Archevêque Jean de San-Francisco, se rendent la nuit auprès de ce dernier afin de détruire leur père. L’Archevêque Jean écoute en silence ; lui aussi est si souvent calomnié par les siens ! Il écrit à son frère Jean de Saint-Denis :

«Je souhaite que l’Eglise française sera comme un grain qui est petit, mais quand il grandit, il devient comme un grand arbre avec de bons fruits» (22.12.1965 écrit en français).

Monseigneur Jean de Saint-Denis, loin de supposer ce qui se passe, ne comprend pas l’avertissement.

Le 24 décembre 1948, le Père Eugraph reçoit une :

«Ordonnance de l’Exarque du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies : Est récompensé pour les fêtes de la Nativité du Christ, l’archiprêtre Eugraph Kovalevsky, de l’épigonation pour son service plein de zèle pour l’Eglise de Dieu. Métropolite Séraphin».

L’épigonation est un ornement porté par les évêques et les archimandrites, symbolisant le glaive spirituel pour la défense de la foi. Il est donné à des prêtres comme haute récompense pour des services exceptionnels. C’est un symbole de remerciement mais c’est aussi un signe de combat.

En 1967 création de Présence Orthodoxe : 40 ans