Principes de refondation de l’Église

PRINCIPES DE REFONDATION DE L’EGLISE

Ceci est un avant-propos sur « les principes de Vérité-Vie »

Mgr GERMAIN, évêque de Saint-Denis

Qui président en tous temps et ont présidé à l’établissement :

de l’Eglise universelle

de l’Eglise locale

de notre Eglise de France (depuis 1929, cf. Travaux de la Confrérie Saint Photius)

ceci pour permettre d’introduire la présentation, l’étude (rapide) de la situation et des discussions ecclésiales orthodoxes actuelles en France et dans les liens avec les questions générales spirituelle et religieuse du pays et de notre Eglise.

Les questions canoniques résultant de « l’état des choses créées en Europe Occidentale actuellement est notre sujet réel ».

Avant-propos donc, avec Mgr Jean et « Saint-Photius ».

Un homme pieux ne commence aucun travail sans avoir prié, car il ne croit pas en ses propres forces mais il est habitué à tout faire avec l’aide de Dieu.

Et un Orthodoxe, c’est-à-dire cet homme qui glorifie Dieu en vérité, ne pense jamais, même sur les questions passagères, sans élever son esprit avant tout vers les principes premiers, vers les dogmes fondamentaux de l’Eglise, car il construit toujours sur le seul fondement : « Le Christ – La Vérité ».

Nous sommes Orthodoxes. Elevons ainsi nos esprits vers les principes avant les faits et la pratique.

La croyance fondamentale dans la vie de l’Eglise est que, dans des conditions limitées par le temps, par l’espace et par la qualité des hommes et par leur nombre, l’Eglise peut se manifester dans sa plénitude de grâce et de vérité, dans la vie divine du Saint-Esprit.

On propose de discuter l’état des choses (en général et en France actuelle) en Europe : thème limité par le temps, par l’espace et par les hommes. Et on propose surtout d’examiner la question canonique résultant de ces conditions, c’est-à-dire l’organisation de l’Eglise dans ces conditionnements.

L’Eglise dans sa plénitude n’est plus une chose limitée : elle est l’Eglise qui vit essentiellement de la Lumière incréée de la Sainte Trinité, qui est vivifiée par le Saint-Esprit, dont la tête est le Dieu-Homme, et qui existe pour un but absolu : la divinisation, la déification du monde. Posons donc la question : comment une chose absolue, sans limite, peut-elle exister ainsi ? Quel paradoxe :

– Elle ne peut pas exister et pourtant elle existe

– Elle doit exister dans des conditions limitées par le temps, par l’espace et par les hommes, en particulier en France (Europe), par nous, parmi nous.

Il y a trois dogmes, trois mystères principaux dans les rapports entre l’Absolu et les choses limitées :

1. Dieu sans limite a créé le monde limité

2. Dieu sans limite s’est uni au monde limité

3. Tout se fait pour que le monde limité s’ouvre à la divinité sans limites.

Trois absurdités logiques – Trois bases essentielles de la vie de ce qui existe et de ce qui se déploie. En dehors de ces trois absurdités il n’y a rien ! Néant !

Tout existe par ces trois absurdités logiques, par ces trois mystères principaux de l’existence. Même sans les connaître, l’Eglise les confesse. La Vérité dogmatique les incarne à l’évidence dans la vie et dans la Vérité canonique. L’Incarnation consiste à vivre ces trois mystères :

1. Le monde existe par le premier mystère : Dieu sans limite a créé le monde limité

2. Le fondement de l’Eglise est le deuxième mystère

3. L’Eglise vit par le troisième mystère.

Saint Grégoire le Théologien ayant vu cette triade fondamentale a proclamé le premier mystère qui se dirige vers le deuxième et s’accomplit dans le troisième :

1. Confesser les mystères est la vérité dogmatique

2. Les vivre personnellement est la vérité ascétique

3. Organiser la vie, la société, par ces mystères est la vie canonique.

Le canon, base la vie sociale sur les trois lois fondamentales de l’existence. Les sociologues cherchent des formules parfaites et quelquefois absolues pour la vie sociale – L’Eglise leur répond : que les choses limitées restent limitées, car c’est la Volonté divine, mais qu’au-delà de leur attente Dieu met l’absolu dans les conditions limitées. Concrètement :

1er mystère – Dieu se limite, sans être limité, « par le temps » (exemple : les 7 jours de la création)

2e mystère – Dieu se limite « par l’espace » (exemples : demeurant Dieu il devient petit enfant, se donne d’être embrassé par une femme, entre dans le tombeau)

3e mystère – Dieu se partage sans être partagé et devient la propriété des hommes par l’Eglise.

Il se partage entre les 120, le jour de la Pentecôte.

Il se partage dans l’Eucharistie.

Il se partage dans les âmes solitaires.

Il se partage dans les Eglises locales.

Et cela tout en restant dans sa plénitude.

En nous rappelant tous ces mystères principaux de l’Eglise, tous ces bienfaits divins, revenons aux questions pratiques. Etudions brièvement l’état des choses créées :

a – Dans l’Eglise Orthodoxe

b – Dans la situation et les discussions ecclésiales actuelles en France

c – Dans les questions générales spirituelles et religieuses du pays et dans notre Eglise et étudions-les sur le fondement de la vérité, du point de vue du temps, de l’espace, des hommes.

I – Du point de vue du temps dans l’Eglise Orthodoxe en général :

a – Dans son « Orient » « byzantin », comme la désignent les « Orthodoxes Orientaux (Coptes, Arméniens, Syriens, Ethiopiens, Erythréens, Malabars). On distingue :

– Les Grecs : Jérusalem, Constantinople, Alexandrie

– Les Slaves : Russes, Serbes, Bulgares, Macédoniens, Ukrainiens, Polonais.

– Liés aux Grecs : Tirana, Roumains, Syriens, Libanais, Finlande, Géorgie.

– Liés aux Slaves : Tchèques, Roumains (également), Finlande (également), Japon, Géorgie (également).

– Et les diasporas des trois premiers nommés.

b – Dans « l’Occident » deux Eglises peuvent être considérées comme telles, c’est-à-dire « Eglise » et « Orthodoxe » :

– l’Eglise Catholique Orthodoxe de France

– l’Eglise Orthodoxe en Amérique, (OCA) Etats-Unis.

Que se passe-t-il en ces temps dans « l’Eglise Orthodoxe » ainsi désignée :

Constantinople se veut le garant de l’ecclesia (garant de l’orthodoxie de la foi), la Mère-Eglise et le garant spirituel de toutes les Eglises.

Note : sur tous ces sujets la Confrérie de Saint-Photius a questionné le Patriarche de Constantinople en 1927-1930 – Nous présenterons cette question une autre fois, retenant seulement qu’en ce temps (2004) Constantinople :

– maintient ses privilèges (la primauté),

– propose (et impose) d’organiser l’Orthodoxie en Europe Occidentale,

– se place en face de l’Eglise de Rome pour se partager l’organisation de l’Eglise universelle.

Moscou ressuscite très rapidement après la force de la persécution soviétique, se remettant dans l’esprit qui l’animait en 1917 à l’orée de la Révolution. Les classes cultivées de la société russe actuelle revendiquent à 70 % la foi orthodoxe, et la population nouvelle (issue de la société soviétisée, et la jeunesse en général) va vers l’Eglise mais n’y trouve pas toujours à baptiser son existence.

Moscou refuse à Rome de s’implanter en Russie (« ne venez pas chasser sur nos terres »),

– cherche à rassembler les Russes de partout et partout (exemples : l’Eglise russe hors-frontières – créer une Métropole en Europe occidentale),

– voit s’implanter une nouvelle émigration dans les pays occidentaux, ce qui renouvelle des organisations plus ou moins nationalement assimilées en Occident (exemple : l’église de la rue Daru en France qui a ses rameaux en Europe).

– Quelques autres Eglises :

– L’Eglise d’Albanie renaît, aidée par Constantinople ;

– L’Eglise de Macédoine (issue de l’Eglise de Serbie) se lève ;

– L’Eglise de Tchécoslovaquie a deux Métropoles, une Tchèque, une Morave ;

– L’Eglise d’Alexandrie s’occupe de l’Afrique et commence à entrevoir les nations africaines noires ;

– L’Ukraine essaye de réunir les trois branches orthodoxes en une seule Eglise autocéphale ;

– L’Eglise de Syrie (Antioche), pressée par l’Islam, a une diaspora très importante en Amérique centrale et en Amérique du sud ;

– L’Eglise du Japon vit en bonne intelligence avec Moscou (sa Mère-Eglise).

c – Dans la situation et les discussions ecclésiales actuelles en France :

Les diasporas russes, grecques, géorgiennes, roumaines, serbes, ukrainiennes et d’autres peuples de l’Orient (les Orthodoxes) sont là depuis 1920 et il en vient de plus en plus.

Ceci n’est plus inattendu ni neuf ; et même les « petits enfants » des émigrés sont devenus nationaux et côtoient de nouveaux venus.

Les canons de l’Eglise ne prévoient pas l’organisation de la diaspora en général ! Mais Dieu a dispersé les Orientaux ! Qu’attend-il d’eux ? Comment doivent-ils Le servir dans ces nouvelles conditions ? Pourquoi ont-ils été et sont-ils jetés dans tous les coins du monde comme l’ancien Israël à l’époque de la naissance de l’Eglise ?

La réponse est claire : elle se répète à chaque instant de l’histoire des peuples après les guerres ! Les « orthodoxes » (peuple oriental) sont le nouvel Israël de l’époque de la renaissance de l’Orthodoxie en Occident. Car « les peuples aimés de Dieu, de l’Occident », en particulier la France qui a vécu pendant mille ans sous le joug de l’hérésie, doivent être libérés par la vérité, la prière et la vie. Telle est la tâche des orientaux venus et venants ; Dieu a posé les conditions pour cela.

d – L’état des choses dans la question générale spirituelle et religieuse de la France et de notre Eglise.

Il n’y a pas beaucoup de personnes qui prêtent l’oreille pour écouter la Parole de Dieu, mais ceux qui vivent par l’Esprit-Saint ont prévu la grande mission :

a – La Belle Dame de la Salette disait, en 1846, à deux petits bergers : « Les vrais fils de la Grâce viendront habiter ici ».

b – Saint Séraphim de Sarov prophétisa : « Cent ans après ma mort, si les Orthodoxes suivent la volonté de Dieu, ils renouvelleront la vérité en Occident et l’Eglise aura son Concile œcuménique ». Saint Séraphim de Sarov est mort en 1833 ; cent ans ont passés et quelques-uns ont suivi la volonté de Dieu : l’Eglise n’a pas encore son Concile œcuménique mais elle a suscité par ceux-là la renaissance des Eglises d’Occident qui s’extraient par la foi hors du nouvel Israël oriental, comme Paul a extrait les Gentils de la Synagogue et permis l’Eglise primitive. Dieu ayant dispersé les Orientaux pour suivre sa volonté, quelques-uns ont accompli la prophétie.

c – Saint Nectaire d’Egine (+ 1920) prophétise : l’Orthodoxie va renaître en Occident et malgré l’Orient.

Ceci est prouvé en notre temps. L’Eglise Orthodoxe de France est là – souvent rejetée – repoussée – sectarisée – mais elle se lève.

Du point de vue canonique, l’organisation de l’Eglise Orthodoxe en Europe occidentale doit avant tout se soumettre à l’idée de la restauration de l’Orthodoxie en Occident :

– si les Orthodoxes comprennent cette mission, ils vivront et auront la plénitude de la Grâce,

– s’ils refusent d’obéir à la volonté divine et s’occupent surtout des choses ethniques, politiques ou autres : l’Eglise Orthodoxe sera détruite en Occident, la foi diminuera parmi eux.

Quant, en Occident et en France en particulier, on travaille pour la restauration de l’Orthodoxie en Occident (cf. expérience de la Confrérie Saint-Photius) et qu’on tâche d’organiser l’Eglise selon ce but : la Grâce abonde et, dans la faiblesse des diasporas et de notre Eglise de France, Dieu donne des forces spirituelles sans limite ; mais quand on se relâche on perd la bénédiction de Dieu et alors on se sent faible sans être fortifié, inutile pour Dieu, inutile pour l’Eglise, inutile pour le monde (le pays).

Les questions religieuses se posent en France : laïcité – judaïsme – Islam – Rome – Orthodoxie – Vie spirituelle (sectes) – Sagesse : bouddhisme ou autres Indous… La faiblesse de la mission orthodoxe qui ignore la Volonté divine de restauration de la foi et de l’Eglise orthodoxe en Occident, rend inutiles les Orthodoxes au service de ces questions.

Et pourtant si on accomplit maintenant la volonté divine, la vérité orthodoxe peut rendre un immense service pour Dieu et le pays.

II – Examinons, sommairement et maintenant, l’état des choses (sur le fondement de la vérité) du point de vue de « l’espace » :

a – Dans les Eglises orientales en général :

-naissance d’Eglises locales et renaissance : Russie (renaît), Albanie (renaît), Ukraine (3 Eglises) Serbie et Macédoine se distinguent ; la Géorgie (renaît) ; Alexandrie s’occupe de l’Afrique.

b – L’Europe Occidentale – et en particulier la France – est un territoire canonique où pendant mille ans a fleuri l’Orthodoxie pure, la sainteté de l’Eglise, la plénitude de la Grâce. Les terres de ce genre sont différentes des terres d’Amérique (Nord et Sud). Elles sont les terres spirituelles (Saint-Photius) et là, seulement en se rattachant à l’antique délimitation du (et des) lieu, on peut vivre la plénitude de la Grâce en ce lieu. L’expérience est là depuis 70 années.

Autres sont l’espace, le lieu, le territoire « de désert » qui n’ont pas eu les semences «évangéliques », comme par exemple : les deux Amériques.

c – En France (pays) où se trouve notre Eglise. Nous assistons, par notre défaillance et celle du nouvel Israël, à une poussée anarchique d’Eglises, sous-tendues non par l’Orthodoxie, mais par « l’éveil spirituel » et la soif ecclésiale des lieux (exemple : les Celtes, l’évêque Vigile, les vagans de Hollande ou d’Allemagne, les alliés des Coptes. En ces milieux on se sert d’abord de la succession apostolique et secondairement de l’Orthodoxie).

Pour faire l’Eglise il faut un lieu, l’Orthodoxie et la succession apostolique.

III – L’état de fait « des hommes ».

a – Laissons de côté la question des Orientaux.

b – En Occident : l’Orthodoxie actuelle se compose, à l’évidence, des différentes émigrations des pays orthodoxes ; des mouvements vers l’Orthodoxie au sein des autres confessions qui demandent d’être réunis et des membres de l’Eglise Orthodoxe de France.

Comment ce peuple Orthodoxe qui vit sur le territoire de l’Europe Occidentale doit-il organiser sa vie d’Eglise pour qu’elle soit agréable à Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit ? La réponse est nette, indiscutable : chaque peuple orthodoxe doit avoir sur son territoire un « évêque principal » parmi les autres évêques, pour former des conciles afin de diriger, en communion, l’organisation de l’Eglise locale, à la Gloire de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Règle apostolique 34). C’est l’enseignement des Apôtres !

Hélas ! Un grand mal est entré dans l’Eglise : l’hérésie ethnophylétique. Elle déchire l’unité de l’Eglise et affecte la plénitude de l’Eglise, de l’Orthodoxie.

Il y a (1872) 150 ans que l’Eglise l’a condamnée, mais, malgré la condamnation, cette erreur continue à se développer. On peut (cf. Saint-Photius) comparer la situation actuelle avec celle qui a suivi le Concile de Nicée : on multiplie les évêques sur le territoire, dans la même ville et, sans créer des hérésies on perd l’unité interne et la Grâce de l’Esprit-Saint.

Tout ceci diminue ou brise l’unité de l’Eglise par des discussions à caractère national, politique, ethnique, canonique même ou autre. Cela affaiblit le sentiment de l’Unité de l’Eglise et viole, surtout, un des premiers principes de l’Eglise : le principe territorial. Selon ce principe, sur un territoire ne peut exister qu’une seule Eglise, un seul évêque, l’évêque du lieu, et c’est seulement dans ces conditions que la Grâce peut se manifester dans des cadres limités.

Ainsi les trois bases essentielles sur lesquelles doit reposer la question canonique en Europe occidentale, en France en particulier, sont :

a – La restauration de l’Orthodoxie au sein du peuple du lieu

b – Le culte des saints

c – Les traditions du lieu et de l’époque où l’Occident était une branche de l’Eglise orthodoxe, c’est-à-dire l’organisation basée non sur des principes ethniques, politiques et passagers mais sur le principe de « l’Eglise locale ». Autrement dit il faut laisser les divisions nationales et politiques – ce que nous faisons – et ne pas récupérer « l’Eglise locale » dans les Eglises nationales ou autres.

Histoire – Les camarades de Basile le Grand, à l’université d’Athènes, lui disaient :

« Voilà un prétentieux ; il veut restaurer l’Orthodoxie (face à l’arianisme) en Orient. Or, le roi est hérétique, le pape se fiche pas mal de nous. Et les évêques : nous savons bien que nos évêques sont incapables d’aller contre ou au-delà des circonstances. Que pouvons-nous faire à trois ou quatre jeunes gens contre l’état des choses ? »

Basile leur répondit : « Vous ? Rien ! Mais vous… et la Trinité ! »