Patriarche Serge de Moscou

LE PATRIARCHE SERGE DE MOSCOU

Ivan Stragorodsky naît le 11 janvier 1867 (ancien calendrier) dans la province de Nigegorode dans une famille de prêtres où l’on est prêtre de père en fils.

Au séminaire de 1880 à 1886, il entre à l’Académie de théologie de Saint Pétersbourg. La science théologique et la prière liturgique sont ses seules préoccupations. Ordonné prêtre sous le nom de Serge, il s’intéresse aux problèmes de la pensée occidentale et produit sa thèse de licence : « les rapports de la foi et des œuvres » où il expose les thèses romaines et protestantes en face de l’orthodoxie. Tout au long de sa carrière écclésiastique, il cherchera à vivre dans les espaces universitaires.

Il part pour le Japon en 1890, revient à Saint Pétersbourg en 1893, où il professe l’Ecriture Sainte à l’Académie dont il deviendra d’ailleurs le Recteur en 1901. En 1905, il est promu archevêque de l’Eglise de Finlande et s’occupe activement de la commission préparatoire du Concile de l’Eglise Russe, dont il est devenu le président en 1912.

Ce Concile « pan-russe » commencé en 1917, sous le régime socialiste, s’achève la même année sous le régime communiste qui déclenche une violente persécution religieuse.

Le patriarche Tikhon élu par le Concile, premier patriarche de l’Eglise Russe depuis la suppression arbitraire de cette instance par Pierre Le Grand, meurt en 1925. Son successeur, Pierre, envoyé en Sibérie par les Soviets est empêché et désigna trois métropolites pour le remplacer dont Serge même. Deux d’entre eux étant arrêtés, le métropolite Serge devient le « remplaçant du locum tenens du patriarche ».

Serge parvient en 1927 à légaliser l’Eglise. Dans une lettre aux évêques et aux fidèles il explique sa conduite qui peut être résumée de la manière suivante :

Il n’y a rien de commun du point de vue métaphysique entre l’Eglise et le régime soviétique. L’église ne peut disparaître ni changer, mais « au cœur du matérialisme », elle doit continuer à prêcher l’existence de Dieu, Sa providence et la vie de l’au-delà comme but de l’homme. Il est pourtant préférable que les deux, l’Eglise et le gouvernement, entretiennent des rapports loyaux et légitimes. L’Eglise peut collaborer avec le gouvernement sur le plan social et économique en vue de l’intérêt des peuples de la Russie Soviétique.

La légalisation de l’Eglise est vivement attaquée par la grande partie de l’épiscopat. Les évêques avancent que cet acte est anticonciliaire, ayant été réalisé personnellement par le métropolite Serge et que, de plus, il entraîne l’Eglise dans une dépendance de l’Etat (1)

En 1934, vingt évêques parviennent à se réunir à Moscou. Ne pouvant procéder à des élections, ils donnent au métropolite Serge, le titre de « Béatitude » comme chef de l’Eglise Russe.

En 1936, fidèle à son intérêt pour les problèmes universels, il comprend l’aspiration occidentale vers l’orthodoxie et promulgue le célèbre « décret de 1936 » ouvrant la porte à « l’Orthodoxie Occidentale ».

Vers la fin de la guerre de 1939-45, il obtient de Staline la permission de réunir le Concile qui, le 12 Septembre 1943, l’élit à l’unanimité Patriarche de toutes les Russies.

Le 15 mai 1949, le patriarche Serge naît au Ciel.

(1)Dépendance usuelle pourtant depuis Pierre le Grand. Le Concile de 1917 avait pris nettement position pour une loi de tolérance religieuse et préconisé la promulgation d’une loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Note. a) En 1905, lors de la première révolution, le professeur Kartachoff (éminent professeur d’histoire à l’Institut Saint Serge à Paris après 1925) s’étant écrié : « avec la chute de la Sainte Russie, l’Eglise va sombrer !, Serge réplique : « l’Eglise est éternelle ! »

b) Un reporter américain lui demandant « quel est votre programme ? », il répond : « le Saint Esprit »

P.S. Pour ces informations et les relations entre le Patriarche Serge et l’Eglise Orthodoxe Occidentale, voir «La Queste de Vérité d’Irénée Winnaert ». par Vincent Bourne, Edition Labor et Fides. Genève – avril 1966 p 285 à 305