Pierre Kovalevsky

Pierre Kovalevsky

Les ouvrages publiés par Pierre Kovalevsky : le professeur et l’histoire

(Père Jean-Louis Guillaud)

Introduction

pierre kovalevsky

Comment ai-je eu l’audace de me porter volontaire pour dire quelques mots sur Pierre Kovalevsky ? Cette audace s’est même transformée en inquiétude quand je suis tombé sur la première ligne d’un hommage de Maxime en l’honneur de son frère aîné : « Je me trouve en grande difficulté pour tracer les lignes qui vont suivre[1] ». Cela commençait bien ! L’inquiétude s’est transformée en angoisse quand j’ai lu la suite : « Ce seront certains détails biographiques dont seuls les proches peuvent avoir connaissance, certaines œuvres publiées bien que peu connues, et enfin les œuvres non encore publiées, qui nous aideront, ici, à mettre en lumière les aspirations intérieures et les méthodes de travail de l’homme, au fond très secret, qu’était Pierre Kovalevsky.»

Comment faire pour parler d’un homme très secret, même pour son propre frère qui l’a côtoyé pendant 75 ans ? Comment approcher ses innombrables œuvres peu connues et s’en faire une idée ? Comment mettre la main sur ses archives secrètes non publiées, archives qui ont quitté la Villa Notre Dame où il a fini sa vie après sa naissance au ciel ?

Oui, je fais pourtant partie de ceux qui l’ont connu : ayant terminé mes études de théologie l’année de sa naissance au ciel, j’ai eu l’honneur de l’avoir comme professeur d’histoire de l’Eglise, mais comme il était de santé fragile, j’ai dû l’entendre sur cette chaire seulement 2 ou 3 fois (le Père Jean-Siméon Rocher ayant pris le relais du cours de l’histoire de l’Église).

J’ai aussi l’avantage d’avoir une dédicace de son livre « Saint Serge et la spiritualité russe » publié en 1969 aux Editions du Seuil. Un jour que je passais à la Villa Notre Dame, je le lui avais demandé, il m’avait aimablement reçu dans sa chambre : l’actuel secrétariat bien éclairé où travaille de façon très ordonnée Sœur Yéléna était à l’époque un sombre capharnaüm ou s’empilaient dans tous les sens des monceaux de livres et de dossiers ! Mais la dédicace précieusement gardée ne nous éclairera pas davantage sur un personnage dont la sobriété et la pudeur est légendaire : « Avec les meilleurs souvenirs de l’auteur. P. Kovalevsky ». J’ai pensé sérieusement à percer le mystère en tentant une étude graphologique…

Heureusement, il y a des écrits, des témoignages et ses œuvres les plus connues dont il est possible de dire quelques mots. Auparavant, quelques éléments biographiques que l’on peut rappeler, au risque de se répéter.

Naissance sur terre et naissance au ciel

Pierre Kovalevsky est né le 16/29 décembre 1901, c’est l’aîné des enfants d’Inna et Eugraph Kovalevsky. Inna Strekalova est une des premières femmes en Russie à faire des études universitaires. En 1899, elle a 22 ans. Son parrain a des responsabilités au Ministère de l’Instruction publique et côtoie Eugraph Kovalevsky père, un célibataire de 34 ans. Il lui vient l’idée que les 2 jeunes gens pourraient faire un bon couple. Eugraph père a été nommé par le Ministère pour organiser la section russe de l’Enseignement et des Beaux-Arts à l’Exposition Universelle de Paris en 1899. Et le parrain fait en sorte qu’Inna y soit aussi envoyée pour organiser la section russe de l’Enseignement féminin. Les futurs parents des 3 frères Kovalevsky se rencontrent donc à Paris où ils se fiancent, et où ils reçoivent même des décorations des autorités françaises[2]. Même si les 3 frères Kovalevsky sont nés à Saint-Petersbourg, on peut dire que la France et Paris, particulièrement, là où ils vivront tous les 3, sont à l’origine de leur naissance. Et plus précisément, le motif en est une exposition universelle, où les parents étaient tous deux chargés d’enseignement, d’instruction : les 3 rejetons œuvreront donc chacun pour enseigner, pour instruire, et plus spécialement dans le domaine de l’Eglise orthodoxe, en soulignant la dimension universelle de l’Eglise orthodoxe.

Deux dates peuvent suffire pour illustrer une biographie, c’est le résumé que l’on trouve souvent sur les pierres tombales : le commencement et la fin ! Après la naissance de Pierre Kovalevsky sur la terre de Russie, considérons de suite à sa naissance au ciel à Paris.

Pierre est né au ciel le 27 avril 1978 à l’âge de 77 ans. Selon le calendrier de l’Eglise russe, c’était le Jeudi Saint, ce jour où le Christ réunit ses disciples dans la chambre haute et partage avec eux le repas de la Pâque instituant l’Eucharistie, le cœur de la divine liturgie. Pierre serait donc également un homme du Jeudi Saint, dans la lignée des disciples qui perpétuent dans le monde la vie eucharistique.

Il l’est dans une moindre mesure que ses deux frères cadets, Mgr Jean et Maxime, qui ont été associés dans le domaine de la liturgie, par la réflexion et par la pratique, pour opérer un retour prophétique aux racines de la tradition liturgique orthodoxe au-delà de ses fixations tardives, tant en Orient qu’en Occident. Le premier, Mgr Jean, le fut particulièrement par la justesse du verbe, par la vérité du verbe, le deuxième, Maxime, particulièrement par la beauté du chant, serviteur de la parole, tous deux pour faire redécouvrir au monde occidental la vérité et la beauté de la liturgie. En ce sens-là, Mgr Jean et Maxime ont été apôtres, certains les ont même comparés à de nouveaux Cyrille et Méthode, puisqu’ils ont, pour notre Occident, transmis, réinterprété, renouvelé le sens liturgique, comme les saints Cyrille et Méthode l’ont fait en traduisant et en réécrivant la liturgie byzantine en cyrillique pour les peuples slaves au 9ème siècle. Ils sont apôtres, dans la lignée des disciples présents à la Sainte Cène le Jeudi Saint, et même, pour l’évêque Jean, présent le Vendredi Saint, puisqu’il est né au ciel un vendredi à trois heures de l’après-midi comme son Maître, le Christ.

Et je verrais bien Pierre comme un de ses serviteurs qui tient les linges ou la bassine quand le Christ lave les pieds de ses apôtres, après qu’il ait dit : « Qui est le plus grand : celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Or, moi, Je suis au milieu de vous comme celui qui sert[3]. » ? Pierre fut aussi un serviteur de la liturgie, serviteur discret, moins connu que ses frères et agissant dans l’ombre.

Ceci a été remarquablement exprimé par son frère Maxime :

« Les mobiles essentiels qui ont animé son existence sont d’une part un total dévouement à l’Église, et d’autre part l’amour de la vérité historique liée au besoin de remonter aux sources. Pour comprendre le dévouement quasi amoureux de Pierre envers l’Église, il ne faut pas oublier qu’il appartient à la génération dont l’adolescence a vécu les premières années de la Révolution russe. Dans un monde dont les structures politiques, sociales et culturelles s’effondrent, seule l’Église subsiste. Elle se révèle comme une réalité nouvelle, comme seule permanence. On l’aime avec ses beautés et ses faiblesses, les unes sublimes, les autres déroutantes. Cet amour pourrait être comparé à celui d’un chevalier pour sa Dame. On l’admire, on la sert et on la défend….La tâche la plus urgente, la plus noble, est donc le service concret de l’Église dans la liturgie et dans son organisation. …

Transplanté en France, Pierre conserve ce dévouement chevaleresque pour l’Église vue comme structure survivante au cataclysme, ce qui n’est pas facile dans l’émigration, monde où des structures effondrées se trouvent conventionnellement reconstituées. Fidèle à cet idéal de jeunesse, ordonné sous-diacre en 1921 par le Métropolite Euloge, il reste volontairement en cet état jusqu’à la fin de sa vie, pendant 57 ans. Il organise dans l’ensemble des paroisses de l’émigration russe un enseignement pratique et théorique de la liturgie, en formant autour de chaque église un groupe de clercs mineurs qui s’engage à desservir les offices. Rien que pour la cathédrale Saint-Alexandre-Nievsky, trois cents jeunes gens au moins ont ainsi été formés par ses soins. En 1936, les clercs mineurs de la région parisienne sont réunis en confrérie (Confrérie Saint-Alexandre-Nievsky). Dans cet organisme de jeunes que Pierre préside jusqu’à la fin de sa vie, la tradition d’un dévouement chevaleresque à l’Église-mère se transmet et demeure encore vivace chez ceux qui l’ont connu.

Outre sa participation active aux offices et la formation des clercs mineurs, une grande part de son temps est consacré à l’enseignement des dogmes, des canons et de la liturgie[4] qu’il dispense sous forme de cours, de conférences, de brochures et de travaux imprimés ou dactylographiés d’importance variée. Le nombre de ces manifestations est tellement important qu’on a peine à croire qu’un seul homme, par ailleurs de santé fragile, ait pu les réaliser[5]

L’historien de la Russie, témoin de son histoire mouvementée au XXe siècle

Maxime parlait du « second mobile essentiel qui animait [son] frère : cet amour de la vérité historique qui le poussait vers la recherche des sources[6] ».

La recherche des sources était l’élément essentiel de sa méthode de chercheur en histoire.

Dans son introduction de l’Histoire de la Russie et de l’URSS[7], pendant 8 pages, il cite les ouvrages principaux d’histoire de la Russie, écrits en Russie et à l’étranger.

« L’auteur du présent ouvrage a consulté les travaux parus à ce jour. Il a également pris connaissance de très nombreux articles de revues ayant trait à l’histoire de Russie[8] »

Pierre est l’homme des sources, et je me demande si l’on ne peut pas parler de la triade des frères Kovalevsky dans leur rapport au temps et par analogie aux Trois Personnes divines. Audace pour audace ! Pierre, le premier, est l’historien qui scrute les sources du passé (il est dans l’ombre du Père, Source de tout). Maxime, le deuxième, est le chantre du présent, l’homme de l’écoute de la Parole sublimée par le chant si éphémère, le liturge (il est dans l’ombre du Fils, du Verbe de Dieu). Eugraph, le troisième – Monseigneur Jean – est manifestement le prophète visionnaire qui voit notamment l’Eglise d’Occident transfigurée et les êtres dans leur devenir, dans leur dynamique (il est dans l’ombre du Saint-Esprit, le Feu vivant).

Pierre cite les nombreuses sources auxquelles il s’abreuve, et, qui plus est, il donne une appréciation sur beaucoup d’entre elles, preuve qu’il en a fait une analyse détaillée et une synthèse.

Il parle de « la difficulté de coordonner la masse des documents et publications…dans le fait qu’ils ont été publiés dans une quinzaine de langues[9] »

Dans ses nombreux livres d’histoire de la Russie, il ne fait pas que rechercher les sources et les agencer, il écrit quelque chose de nouveau, en critiquant 4 traditions ancrées dans la science historique russe[10] :

  • Etudier la Russie comme un monde à part (Pierre K. propose d’établir des liens avec l’Europe Occidentale, et il établit donc souvent des « parallélismes chronologiques entre les événements russes et occidentaux»)
  • Confondre la Russie avec le Grand Duché de Moscou (il regarde aussi l’histoire des autres grands centres russes pour voir la Russie dans toute sa diversité)
  • Négliger la renaissance byzantine au XIVe siècle (il voit que la renaissance byzantine sous les Paléologue a eu une grande influence en Russie, et c’est justement le siècle de saint Serge de Radonège)
  • Négliger l’interpénétration avec les autres sciences (il inclut les domaines des arts, de la pensée, de la langue, de l’archéologie, de la géographie historique comme en témoigne son Atlas historique et culturel de la Russie et des pays slaves paru en 1961 ; il élargit les cadres de l’histoire en utilisant « les résultats offerts par les sciences subsidiaires »)

Il ajoute aussi qu’il emploie « une méthode analytico-synthétique, comportant l’étude des documents et des faits, et éliminant tout détail non indispensable à la compréhension des événements.»

Pierre Kovalevsky est un chercheur et un historien prudent.

Vers 1970, il décrit la Révolution russe de 1917. Voilà ce qu’il écrit en début d’un chapitre sur le sujet :

« La période de cinq ans que nous allons étudier est encore trop récente pour pouvoir être exposée dans tous les détails et surtout avec une perspective historique. Vu son importance, non seulement pour la Russie, mais pour le monde entier, il nous faudra en donner un tableau général le plus objectif possible et exposer les faits dans leur suite, sans tirer des conclusions définitives[11] ».

Pierre ne veut pas tirer de conclusions sur cet événement, dont il dit l’importance pour le monde entier. Il l’a vécu de l’intérieur : il était en 1917 et jusqu’à l’été 1918 à Saint-Petersbourg, puis à Kharkov en Ukraine, ville que la famille quitte en novembre 1919, et, après un passage en Crimée, en février 1920, ils embarquent à Istanbul pour Marseille sur le paquebot russe Alexandre III.

Deux anecdotes données par Mgr Jean qui a seulement 15 ans à l’époque.

Le jour du départ, il glisse sous la porte de toutes les églises russes de Constantinople une feuille où il expose sa conception sur les événements : « La révolution russe est permise par Dieu afin de purifier l’Église et pour l’éclatement universel de l’orthodoxie… [12]»

Le bateau fait escale à Thessalonique. Ils assistent à des vigiles, et le métropolite s’adresse aux trois enfants, bénit leur voyage et leur dit : « Vous allez dans un pays, la France, qui n’est pas orthodoxe, mais n’oubliez pas que les Français ont deux qualités : leur âme est orthodoxe et leur esprit aime la liberté du Christ. Ils nous ont donné à nous, les Grecs, la liberté nationale et nous n’avons pas su leur donner en retour le goût de la liberté de notre Église. [13]»

Pierre a donc vécu la Révolution russe un peu de l’intérieur et beaucoup de l’extérieur, comme émigré. En 1951, il écrira un livre sur La dispersion russe à travers le monde et son rôle culturel.

Il dit de la diaspora russe qu’elle ne peut être comparée qu’à la diaspora juive, même si elle présente un phénomène unique en son genre[14]. La dispersion, c’est l’exil d’une grande partie de la classe intellectuelle (plus des trois quarts avaient fait des études secondaires), allant de l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche révolutionnaire. Et c’est Paris qui fut le centre incontesté de la « Russie hors frontières ». Paradoxalement, écrit-il, la classe de la population qui donna le moins d’expatriés fut celle du clergé, avec seulement 10 % des évêques et à peine à 0,5 % des prêtres ayant quitté la Russie. Le clergé de l’Église russe est majoritairement resté auprès du peuple russe, et il a subi avec lui le joug du communisme, donnant d’innombrables martyrs.

L’historien connaisseur de la sainte Russie

Dévouement pour l’Eglise, amour de l’histoire, c’est ce qui conduit Pierre à écrire son ouvrage sur saint Serge, intitulé « Saint Serge et la spiritualité russe ». Pierre Kovalevsky a écrit cet ouvrage en 1958. Saint Serge est très honoré chez les Russes, et admiré dans sa famille, puisque déjà sa mère Inna avait traduit du russe en français l’ouvrage de Boris Zaitzeff, Saint Serge de Radonège (Coll. : « Le Roseau d’Or », Plon, 1928[15]).

L’ouvrage de Pierre n’est pas seulement une vie de saint Serge : sur 190 pages, environ 70 sont consacrées à sa vie, précédée de 50 pages sur la spiritualité russe avant lui, et cette vie est suivie de 70 pages sur son héritage spirituel.

Pour Pierre, saint Serge est « non seulement le plus grand saint de la Russie, mais un maître spirituel dont l’importance de nos jours ne fait que croître.[16] » Il nous le montre en première page par l’image d’un tableau du XIXe siècle appelé La Sainte Russie, tableau dont la reproduction orne des milliers de foyers russes. Le Christ parcourt les plaines et les forêts de la Russie, il attire le peuple avide de ses paroles, et derrière Lui, saint Nicolas, le prince Boris et saint Serge. Saint Nicolas de Myre a été adopté, le prince Boris est le premier saint de l’Église russe, premier martyr de la terre russe (tué par son frère en 1015), et saint Serge est celui qui a permis au XIVe siècle un nouveau développement du christianisme en Russie, comme saint Martin pour la Gaule un millénaire plus tôt.

Il faut raconter le miracle qui a orienté sa vie[17]. A l’école, le jeune Barthélémy (c’est son prénom de baptême) n’arrive pas à apprendre. Il ne sait pas lire. Il se fait gronder…et il prie pour que Dieu lui donne le don de la lecture et de la compréhension des livres. Dans un champ, il rencontre un vieux moine, qui lui donne du pain bénit et lui annonce qu’à partir de ce jour, il lira mieux que ses frères et ses camarades de classe. Il l’emmène dans la chapelle familiale : à l’étonnement de tous, il lit les Heures sans difficulté. Les parents effrayés interrogent le vieillard qui leur dit : « Réjouissez-vos, cet enfant sera grand devant Dieu et devant les hommes…Il sera un serviteur de la Sainte Trinité.[18]» C’est pourquoi le monastère qu’il a fondé à Zagorsk l’a été sous ce patronage, et on l’appelle aujourd’hui la Laure de la Trinité-Saint-Serge.

Comment Pierre Kovalevsky dessine-t-il les traits de la spiritualité russe ? Chaque peuple a son génie. Pierre en voit trois pour le peuple russe : la liberté de l’esprit mais limitée par le sens de la communauté, le détachement des biens matériels, et l’amour des pérégrinations. Il dit que le peuple russe a accepté le message de l’Évangile et veut l’appliquer avec un radicalisme extrême. Le Russe est attiré vers les extrêmes : le bien ou le mal. Il a la conscience d’être pécheur, alors il s’élance vers la sainteté, il a un désir de purification et de transfiguration qui doit atteindre, non seulement l’humanité, toute l’humanité, mais toute la créature. D’où son désir ardent du salut universel et idéaliste. « Le nom de Sainte Russie n’est pas un vain mot, dit-il, parce que pour le peuple russe l’idéal de sainteté représente la valeur suprême. L’idéal vers lequel il tend n’est pas un idéal de bien-être, mais un idéal de sainteté. Tel est la base de la spiritualité russe.[19]»

Il cite l’exemple des premiers saints canonisés en Russie, Boris et Gleb, qui s’identifient au Christ en allant librement au devant du martyre, et que le peuple russe a canonisés, avant la hiérarchie, en les nommant « saints ayant souffert innocemment la Passion. [20]»

Le critique passionné d’un peintre de l’âme russe

Je souhaiterais enfin dire quelques mots sur un autre ouvrage de Pierre.

Quand je l’ai découvert, en fouillant dans un vieux carton de la cave de la Villa Notre Dame, je suis resté perplexe : « N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe ». J’étais étonné que Pierre Kovalevsky ait écrit sur un peintre. Et c’est en feuilletant le livre que j’ai réalisé que Leskov était un écrivain. J’avais aussi oublié une chose : pour les russes, que vous peignez un tableau ou que vous écriviez un livre, le verbe utilisé est le même. Le russe peint un livre et écrit une icône. Le récent livre écrit en russe L’émigration russe en France 1919-2000[21], dictionnaire très complet de ces émigrés, donne une légère variante pour le titre que l’on peut traduire sans ambiguïté par « Leskov, écrivain[22] sous-estimé de la vie russe ». Je suppose que c’est volontairement que Pierre a utilisé le terme français approprié de peintre pour son ouvrage sur cet écrivain qui, dans les 36 volumes de son œuvre, dessine de nombreuses fresques du peuple russe. Cet ouvrage est sa thèse de doctorat présentée à la Sorbonne en janvier 1926, l’ouvrage ayant été édité aux Presses Universitaires de France en 1925. Pierre a donc 24 ans quand il l’écrit, fort documenté et dans un français remarquable, alors qu’il est en France depuis à peine 5 ans. Il y a une dédicace pour sa mère à laquelle il sera très attaché toute sa vie : « A ma mère, madame Inna Kovalewsky, pédagogue et écrivain

Pourquoi Leskov ? On connaît Gogol, Pouchkine, Tolstoï, Dostoïévsky…mais qui a entendu parler de Leskov, mort en 1895, quelque temps après avoir dit à un professeur de ses amis : « Quand un homme cesse d’avancer et de se perfectionner, il doit mourir[23].» ?

Leskov a été beaucoup lu dans les provinces de Russie, on trouvait ses livres chez les prêtres de village, chez les instituteurs, chez les marchands un peu instruits, dans les petites bibliothèques de province. Mais il est trop russe, «le plus russe de tous les écrivains russes[24]», et selon l’expression de Pierre, il n’est pas « spécialement tamisé pour le goût européen.[25]», à l’inverse des auteurs plus connus publiés en Occident.

Pourquoi Pierre Kovalevsky a-t-il choisi de faire une thèse sur Leskov ? Il l’exprime dans l’introduction. Manifestement, il est encore sous le choc de la Révolution qu’il nomme « chaos contemporain », mais aussi « chute momentanée », car il a la vision que s’effacera tôt ou tard cette parenthèse de l’histoire de la Russie. Et quand la Russie se relèvera de ses ruines, ce qui survivra c’est le « vrai caractère national », « le tréfonds du génie national » peint par Leskov. Et Pierre Kovalevsky veut le faire connaître aux lecteurs européens pour qu’ils « restent en contact avec la Russie de l’avenir », pour qu’ils puissent « connaître la force et la faiblesse de la vie russe, pour la comprendre et l’admettre, non seulement comme une curiosité exotique, mais comme un facteur essentiel des destinées de l’humanité.[26]»

Il reconnaît que la tâche est ardue, parce que l’œuvre de Leskov est complexe et inégale en qualité, et parce que sa langue russe comporte des expressions imprévues difficilement traduisibles ou voire incompréhensibles pour certains russes. Pierre Kovalevsky y a réussi, en consultant de nombreux ouvrages en France et à l’étranger, et en obtenant des renseignements de première main auprès de membres de la famille de Leskov et de contemporains qui l’ont connu et suivi.

Leskov a été élevé en province, dans le monde rural, il a été marqué par sa grand’mère, une femme qui l’amenait dans les monastères et lui décrivait la vie avec charme et poésie : il avait d’abord rêvé de devenir moine, puis de se consacrer à la science, puis de devenir philanthrope. C’est un autodidacte qui commence par faire carrière dans le commerce. A ce titre-là, il voyage dans toutes les directions de la Russie et observe la vie et les mœurs de ses contemporains. Et c’est à partir de 30 ans, quand il s’installe à Saint-Petersbourg, qu’il commence à écrire, avec des premiers grands romans pas très bons qui alternent avec quelques chefs-d’œuvre. Et il s’épanouit ensuite dans des œuvres où le réel se mêle ingénieusement à l’imaginaire, où la richesse des sujets empêchent l’attention de se concentrer, et d’embrasser le tout d’un coup d’œil.


Au hasard de sa thèse sur Leskov, Pierre Kovalevsky se dévoile lui-même : « La qualité qui fait battre notre cœur à l’unisson du sien, c’est qu’il nous donne l’impression d’aimer tout ce qu’il décrit. Il semble nous dire : ‘ Les voilà – cette mentalité, cette âme nationales, telles que je les connais ; acceptez-les sans rien en omettre, et tâchez de les aimer avant de conclure quelque chose’.[27] »

Comme Leskov, Pierre Kovalevsky aime la mentalité russe, avec ses grandeurs et ses faiblesses, et il ne juge pas : il décrit, et ne se hâte pas de conclure.

Il semble qu’il y ait un fil conducteur dans l’œuvre de Leskov : « Où est le salut du peuple russe ? » Pour certains, son œuvre la plus remarquable, ou tout au moins, la plus originale est le roman Soboranie (Le clergé de la cathédrale). Leskov est chrétien, il a commencé à traduire Origène en russe, il a beaucoup fréquenté les milieux ecclésiastiques où il eut beaucoup d’amis, et il a écrit de nombreux récits sur le clergé et sur les moines, notamment Menus faits de la vie épiscopale, ouvrage qui attira le mécontentement du procureur du Saint-Synode[28] et dont Pierre considère qu’il ne peut être « apprécié et goûté que par les personnes qui connaissent à fond ce milieu…un livre d’amateurs qui n’est pas fait pour le grand public[29] ». C’est parce que vous êtes ces connaisseurs qu’il m’a paru bon de citer trois histoires vraies savoureuses peintes par Leskov (hélas doublement abrégées ici par manque de temps…en français, et non dans la langue imagée de l’auteur), histoires que Pierre Kovalevsky a appréciées et abrégées avant nous.

  • Le métropolite Philarète de Kiev était connu pour sa grande charité chrétienne, pour sa bonté. Un célèbre artiste, devenu presque athée, qui avait passé son enfance à travailler dans la Laure de Kiev se souvenait toujours avec émotion de celui que l’on appelait le « bon petit grand’père». Il disait de lui : « Il est le seul lien qui me rattache à la foi. » Il y avait un jardin fruitier chez le métropolite. Les jeunes artistes peintres profitent de l’absence du très sévère père Irinarque pour aller chaparder quelques fruits. Très étonnés et effrayés, ils entendent la voix du métropolite qui sort d’une cellule : « Sauve qui peut, le père Irinarque arrive ! » Les garçons s’attendent à une punition et tremblent par avance d’aller en pénitence chez le métropolite. Mais deux jours plus tard, le métropolite leur fait envoyer des pleins paniers de poires et de prunes, après avoir dit : « Ils sont jeunes, laissez-les s’amuser un peu. » [30]
  • L’histoire suivante concerne saint Philarète de Moscou, mort en 1867. Il est celui qui a traduit la Bible en russe. Comme la Bible a été éditée avec le concours de la Société Biblique Anglicane, celle-ci fut suspectée de vouloir faire entrer le protestantisme en Russie ; l’édition a été interrompue, et les bibles détruites. Le métropolite dut attendre l’accession au trône d’Alexandre II en 1855 pour poursuivre. C’était un ascète, avec le regard vif et perçant, l’expression générale pleine d’intelligence, mais impénétrable pour son interlocuteur.

Un général de Moscou, brave homme un peu vaniteux, va par hasard dans une église d’un quartier éloigné et se trouve choqué par le chant indistinct et peu harmonieux des chantres. Il se plaint au métropolite que dans certaines églises de Moscou on officie mal et contrairement au rite orthodoxe. Le métropolite fait suivre la lettre sans explication au gouverneur général. Le gouverneur fait demander au métropolite ce qu’il désire que l’on fasse : « Je ne désire rien du tout », dit Mgr Philarète. Le gouverneur fait venir le général et lui dit d’aller s’expliquer avec le métropolite. Le métropolite remet toujours l’audience, faisant dire tantôt qu’il est souffrant, tantôt qu’il est très occupé ou bien qu’il est allé faire ses dévotions hors de Moscou. Enervé, notre général finit par réussir à avoir une audience dans un monastère éloigné de Moscou. Il est dans ses petits souliers. Après la liturgie, Mgr Philarète lui parle debout au milieu de la salle de réception : « Vous m’avez écrit. Vous trouvez que le chant dans les églises de Moscou n’est pas orthodoxe ? Vous devez vous y connaître. Veuillez donc me chanter : ‘Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi…’ en ton huit ». – « Mais, Monseigneur, je ne sais pas chanter… »« Peut-être ne connaissez-vous même pas les mélodies ordinaires ? Alors, comment pouvez-vous vous permettre de juger si le chant est orthodoxe ou non ? ». Sur ce, il lui rend sa lettre et lui tourne le dos… Le général retourna confondu, mais sur le trajet, il en riait de bon cœur, s’imaginant en train de chanter au milieu de la salle de réception en grand uniforme le psaume lucernaire en ton huit[31].

  • Un officier de police politique présomptueux croyait que rien ne lui était impossible, et il apprend que le vieil évêque du lieu n’invitait jamais personne à dîner : alors, il se fait fort d’obtenir une invitation. Dommage pour lui, l’évêque a vent de l’affaire. Après la liturgie, il va se présenter chez l’évêque, et là, il reste une heure, deux heures jusqu’à sept heures du soir. Il parle et l’évêque, silencieux, le laisse bavarder. N’y tenant plus, le visiteur se lève. L’évêque lui dit : « Mais restez donc pour partager mon repas ». L’invité triomphe. L’évêque le fait attendre une heure, et l’invite à passer à table. Dans la salle à manger, l’évêque commence par une prière, qui dure à peu près une heure. Notre homme est près de tomber d’inanition. « Eh bien, servez », dit l’évêque. On leur sert deux petites assiettes de soupe aux pois avec des croûtons. A peine notre officier a-t-il excité son appétit que l’évêque se lève : « Remercions le bon Dieu de notre repas ». Et la prière recommence, mais l’officier n’y tenant plus se sauve sans dire adieu. Le vieil évêque aimait raconter cette histoire en riant, et il ajoutait malicieusement : « Ce genre-là ne s’extirpe que par la prière et le jeûne ! »[32]

Conclusion

Peut-on conclure ? Pour cela, il aurait fallu éplucher tout ce que l’auteur a écrit, et percer davantage le mystère de cet homme attachant.

Laissons plutôt la parole à Pierre Kovalevsky qui intervenait en 1975 à l’une des semaines d’Etudes liturgiques de l’Institut Saint-Serge auxquelles il avait coutume de participer. Il y traitait des spécificités de la liturgie byzantine en Russie, disant en conclusion : « Le peuple russe…a toujours défendu les particularités nationales conscient que chaque peuple doit apporter au trésor commun de la vie liturgique sa propre part.[33] » Et l’article était signé : « Doyen de l’Institut de Théologie orthodoxe Saint Denis à Paris » On voit ici l’universalité, disons comme les slaves la ‘sobornost’, la catholicité de ce chrétien érudit, russe en son âme, historien sachant marier l’analyse avec la synthèse, pionnier de l’œcuménisme et serviteur de l’Eglise du Christ dans sa vérité une et dans sa diversité.


Annexe

Résumé sur saint Serge et son époque

(d’après Pierre Kovalevsky)

La vie de saint Serge

Il y a une vraie révolution spirituelle à partir de l’antique ville de Rostov la Grande, la capitale de la Russie du Nord-Est, d’où saint Serge et André Roublev étaient originaires.

Saint Serge descend d’une famille de propriétaires terriens. Ses parents mènent une vie simple de paysans. Trois fils, comme chez les Kovalevsky, dont Barthélemy, le futur saint, né en 1314. Il fréquente les offices dans un des trois monastères de Rostov et prend part à la lecture et aux chants.

En 1328, les princes de Moscou annexent Rostov et sa région et les parents de Barthélemy s’expatrient à Radonège. Barthélemy reste seul à la maison et malgré l’appel à la vie monacale, ne la quitte qu’après la mort de ses parents. Le futur saint décide alors d’aller vivre dans le désert.

Au bout de trois ans, il demande à l’abbé de lui conférer l’habit monacal. Il reçoit alors le nom de Serge. Pourquoi ? Parce que ce jour-là est le 7 octobre et qu’on y fête saints Serge et Bacchus, 2 martyrs en Syrie. Il consacre l’église de son petit ermitage à la Sainte Trinité.

On vient vers lui et une petite communauté de douze moines se forme bientôt. Chacun se construit une maisonnette et on ne se rassemble que pour la prière quotidienne.

Après la mort de l’abbé, les moines se réunissent et élisent saint Serge comme leur abbé. En acceptant cette charge, saint Serge ne change rien à sa vie. Il continue à travailler pour tous.

La règle qu’il adopte pour son monastère est celle de saint Théodose de Kiev (XIe siècle) mais il l’humanise beaucoup en introduisant à la place des exigences rigides de l’ascète de Kiev, la clémence et l’humilité. Toute règle, disait-il, doit être entre les mains de l’abbé un moyen éducatif et appliquée raisonnablement suivant les capacités de chacun. La vie monastique doit être une école et l’abbé un pédagogue qui aide les moines à progresser dans la voie évangélique. Cette règle sera appliquée plus tard par un grand nombre de monastères en Russie.

Des malades viennent implorer son aide et saint Serge les guérit. Une nuit il a la vision d’une multitude d’oiseaux qui emplissent tout le monastère et une voix lui dit qu’une multitude de moines aussi nombreux que ces oiseaux allait habiter l’abbaye.


Les trente dernières années de la vie de saint Serge sont remplies d’une action pacificatrice. Il visite les principautés qui sont en guerre entre elles, il fonde des monastères et ses élèves s’en vont dans les provinces les plus éloignées de la Russie pour y apporter la Bonne Nouvelle et relever le niveau moral et social des populations. L’abbaye Saint-Serge devient le plus grand centre spirituel de toute la Russie. On vient consulter le saint de toutes parts et le grand prince Dimitri vient solliciter sa bénédiction au moment de la bataille décisive contre les mongols sur le « Champ des bécasses » (Koulikovo polié) en 1380.

Avant sa naissance au ciel, saint Serge a la visite de la Mère de Dieu qui le bénit et promet de veiller sur son monastère. Il meurt le 25 septembre / 8 octobre 1392. Son abbaye fut détruite mais entièrement reconstruite par un successeur, et décorée par André Roublev.

L’importance de saint Serge pour l’Eglise de Russie et pour le peuple russe en général est immense. Il redressa la vie de son pays, contribua puissamment à sa civilisation par les nombreux monastères qu’il avait fondés et qui devinrent des centres d’aide aux populations. Son abbaye a joué et joue jusqu’à nos jours le rôle de rassembleur de toutes les forces spirituelles de la nation.

Dans les murs de l’abbaye fut fondée la célèbre Académie Théologique de Moscou. L’archi-abbaye Saint-Serge a transmis sa tradition à l’école de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, fondée en 1925 et qui fut entre les deux guerres un des foyers les plus vivants de la spiritualité russe en dehors de la Russie[34].

La Renaissance religieuse du 14e siècle en Russie

L’origine de cette Renaissance du 14e siècle en Russie doit être cherchée tant à Byzance qui passa à cette époque par une période brillante sous les Paléologues, qu’en Serbie qui était elle aussi à son point culturel culminant au temps du roi Etienne Douchan.

L’envol byzantino-serbe du début du 14e siècle est un mouvement à part qui influencera le renouveau des arts en Russie. C’est dans la Grande Serbie du roi Milutine que l’art byzantin rénové trouvera un terrain propice à son développement et c’est de là surtout qu’il pénètrera en Russie.

Grand constructeur d’églises non seulement dans son royaume, mais aussi dans l’Empire Byzantin et au Mont Athos, Milutine attire dans sa capitale les meilleurs artistes de tous les pays. Sous son règne (1275-1320) et sous celui d’Etienne Douchan (1331-1355), la Serbie devient le carrefour de plusieurs cultures, l’influence byzantine s’y mêle aux apports caucasiens, surtout arméniens, syriens, orientaux, ainsi que de l’Italie du Sud et de Sicile.

La Serbie transmet à la Russie l’art de la miniature. La littérature patristique passe surtout par le Mont Athos où résident les copistes et les traducteurs de toutes les nationalités orthodoxes.

Il faut mentionner aussi la colonie russe de Constantinople. Elle comprend, en dehors des marchands et des pèlerins de passage, des traducteurs et des copistes de livres grecs et serbes qui doivent être expédiés en Russie. Par exemple, la bibliothèque de l’abbaye fondée par saint Serge comptera au siècle suivant plus de trois mille manuscrits grecs ou slavons, la plupart de ces derniers d’origine serbe.

L’art de la fresque traverse son âge d’or entre 1363 et la fin du siècle. Le plus grand maître de cette période, Théophane le Grec, arrive à Novgorod en 1370 et entreprend la décoration de nombreuses églises. Théophane a su former toute une pléiade d’élèves dont son disciple le plus célèbre : André Roublev. Ses chefs-d’œuvre se trouvent dans la cathédrale de la Dormition à Vladimir, et dans l’abbaye de Saint-Serge où il peignit les icônes de l’iconostase, et surtout La Trinité connue dans le monde entier (1410) [35].

[1] Hommage à Pierre Kovalevsky, Maxime Kovalevsky, Présence Orthodoxe n° 40 – 1979, p.29.

[2] Maxime Kovalevsky, l’homme qui chantait Dieu, Madeleine Kovalevsky, Ed. Osmondes, 1994,p.27

[3] Luc 22, 27

[4] Parmi ses nombreuses publications, Pierre K. a écrit un petit guide sur la liturgie.

[5] Hommage à Pierre Kovalevsky, pp.29 et 30.

[6] Hommage à Pierre Kovalevsky, p.31.

[7] Histoire de Russie et de l’URSS, Pierre Kovalevsky, Librairie des Cinq Continents, 1970 (édition révisée de son Manuel d’Histoire russe publié en 1948), 6ème partie, chapitre II, p. 349.

[8] Histoire de Russie et de l’URSS, p.15.

[9] Histoire de Russie et de l’URSS, p.7.

[10] Histoire de Russie et de l’URSS, p.15.

[11] Histoire de Russie et de l’URSS, p. 349.

[12] La Divine Contradiction, Vincent Bourne, Ed. Librairie des Cinq Continents, 1975, tome 1, p.55.

[13] La Divine Contradiction, p.55 et ss.

[14] Histoire de Russie et de l’URSS, p.364.

[15] Saint Serge et la Spiritualité russe, Pierre Kovalevsky, Ed. du Seuil, coll. Maîtres spirituels, 1969, p.187.

[16] Saint Serge et la Spiritualité russe, p.3.

[17] Voir quelques éléments biographiques tirés de l’ouvrage et d’articles de l’auteur en annexe.

[18] Saint Serge et la Spiritualité russe, p.65 et ss.

[19] Saint Serge et la Spiritualité russe, p.25.

[20] Saint Serge et la Spiritualité russe, p.26.

[21] Rossiskoié zaroujbiénié vo Frantsii 1919-2000, NAUKA, 2008, tome 1, p.705.

[22] L’auteur utilise le terme pissatel qui signifie écrivain (le terme de peintre est rendu par xoudojnik, artiste, ou jivopissets, celui qui décrit la vie)

[23] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, Pierre Kovalevsky, PUF, 1925, p.89.

[24] Ecrit par le critique littéraire, Dimitri Sviatopolk-Miprskii en 1926 : « Les Russes considèrent que Leskov est le plus russe des écrivains russes, et celui qui appréhende le peuple russe tel qu’il est, de la façon la plus profonde et la plus large ».

[25] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, p.XI.

[26] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, p.XI.

[27] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, p.92.

[28] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, p.66

[29] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, p.67

[30] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, pp.155-156.

[31] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, pp.153-154.

[32] N.S.LESKOV, peintre méconnu de la vie nationale russe, pp.260-261 (tiré du roman ‘Le clergé de la cathédrale’).

[33] Trois réformes liturgiques en Russie : 1551,1620 et 1652, P. Kovalevsky, Liturgie de l’Eglise particulière et liturgie de l’église universelle, 22ème Semaine, Edizione Liturgiche, Rome, 1976, p.209.

[34] Extraits de : La Renaissance Religieuse Russe du 14e siècle, Pierre Kovalevsky, Présence Orthodoxe n° 16, 1971.

[35] Extraits de : La Renaissance Religieuse Russe du 14e siècle, Pierre Kovalevsky, Présence Orthodoxe n° 16, 1971.