7ème DIMANCHE APRÈS PENTECÔTE
Les bons et les mauvais fruits
Saint Hilaire
Le Sauveur nous avertit d’apprécier les paroles flatteuses et l’expression de douceur d’une personne en la comparant au fruit de ses actes.
Nous n’avons pas, en effet, à apprécier quelqu’un d’après ses paroles, mais bien plutôt d’après son comportement. Car chez beaucoup de gens, le vêtement de brebis cache la férocité du loup.
Les épines ne produisent pas de raisins, ni les buissons des figues, ni les mauvais arbres des fruits comestibles ; ainsi, et c’est Jésus qui nous l’apprend, la cause de bonnes œuvres ne saurait être mauvaise ; c’est pourquoi tous les hommes doivent être jugés par les fruits qu’ils portent, car le royaume des cieux ne s’obtient pas simplement par des paroles, et ce n’est pas celui qui aura dit : Seigneur, Seigneur, qui en sera l’héritier.
Saint Paul dans l’Épître aux Galates nous donne la définition des fruits de l’Esprit: «Les fruits de l’Esprit sont charité, joie, paix, longanimité, bienveillance, bonté, foi, mansuétude».
Quel mérite, en effet, y a-t-il à dire : Seigneur, Seigneur ? Ne sera-t-il donc pas Seigneur, si nous ne lui disons pas ? Et quelle sainteté y a t’il dans la simple invocation.
N’est-ce pas dans l’obéissance à la volonté de Dieu, et non dans la simple invocation de son Nom, qu’on trouve le chemin du ciel ? Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? (v. 22).
Ici encore Jésus condamne la fraude des faux prophètes et les simulations des hypocrites qui s’attribuent la gloire parce qu’ils ont parlé, soit en prophétisant, soit en priant pour chasser les démons, soit en d’autres œuvres de ce genre.
Ainsi ils se promettent le royaume des cieux comme si quelque chose leur appartenait en propre dans leurs paroles ou dans leurs œuvres, et comme si ce n’était pas la puissance de Dieu qui accomplit tout, qu’il s’agisse d’enseigner la doctrine ou de chasser les démons au Nom du Christ.
Pour nous, ce que nous pouvons, c’est mériter l’éternité bienheureuse, car il faut mettre du sien pour vouloir le bien et éviter le mal et pour obéir de tout cœur aux injonctions du ciel.
En agissant ainsi, nous nous ferons connaître de Dieu, nous ferons sa volonté au lieu de nous attribuer ce qui lui revient ; car il répudie et repousse ceux qu’il ne peut recevoir à cause de leurs œuvres d’iniquité.
(Homélie sur Saint Matthieu, ch.6)