Intronisation 1972

DÉCRET PATRIARCAL D’INTRONISATION CANONIQUE

Mgr Germain, évêque de St Denis

11 juin 1972

Au très cher clergé et aux fidèles orthodoxes de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, Eglise protégée par Dieu, grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu, notre Père des Cieux, et de Notre part, bénédiction paternelle.

Nous portons à la connaissance de tous que Notre Sauveur Jésus-Christ par l’envoi du ciel, sous forme de langues de feu, du Très Saint et Vivifiant Esprit, sur Ses saints disciples et apôtres, les a confirmés dans la mission de prêcher Son Evangile des degrés hiérarchiques divers dans Sa Sainte Eglise, par l’imposition des mains, assurant ainsi le service sacerdotal dans un enchaînement ininterrompu, jusqu’à la fin des siècles, et en instituant de la sorte pour les fidèles, des Pasteurs et des Archipasteurs participant aux mêmes grâces et pouvoirs apostoliques.

En tant qu’humble successeur de ces Pasteurs prenant connaissance de la décision du Saint-Synode de l’Eglise Orthodoxe Roumaine Nr. 3320 du 28 avril 1972, décision par laquelle il a approuvé la demande de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France d’être acceptée sous l’autorité canonique supérieure de l’Eglise Orthodoxe Roumaine ;

Vu que par le décès de l’évêque Jean de Saint-Denis le siège épiscopal de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France est devenu vacant ;

Déterminé par les obligations canoniques que nous avons assumées à l’égard de cette Eglise, par les dispositions de l’art. 3, alin. « a » du Statut de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, ainsi que de la décision Nr. 3320/1972 du Saint-Synode de l’Eglise Orthodoxe Roumaine de ne pas laisser l’Eglise Catholique Orthodoxe de France privée de son Chef canonique ;

Vu les décisions de l’Assemblée Générale de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France des années 1967,1968, 1969,1970 et 1971, ainsi que la volonté du clergé et des fidèles de cette Eglise-là, exprimées dans les lettres à Nous adressées, ainsi que le rapport du 28 avril 1972, pièces par lesquelles on Nous fait savoir que le Très Révérend Archiprêtre Gilles Hardy, Vicaire Général, a été déclaré évêque élu de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, s’étant montré digne de cette haute charge, étant constant dans la foi de l’Eglise Orthodoxe Universelle, digne de serviteur de l’Autel du Seigneur, prédicateur capable de l’Evangile, s’acquittant avec zèle et rectitude des charges ecclésiastiques qui lui ont été confiées jusqu’aujourd’hui ;

Vu aussi l’adresse du 11 mai 1972 du Conseil Episcopal de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, par laquelle on Nous sollicite le sacre comme évêque du Très Révérend Père Archimandrite Germain Hardy, Vicaire Général. Nous avons soumis les documents mentionnés au Synode Permanent de l’Eglise Orthodoxe Roumaine dans sa séance du 6 juin 1972 ;

La Commission synodale instituée par le Synode permanent à la suite de la décision No. 6640, 8326 du 6 juin 1972, après l’examen des documents du dossier respectif, et après l’examen canonique du Très Révérend Archiprêtre Gilles Hardy, Vicaire Général, a constaté que celui-ci, d’accord avec l’Eglise des premiers siècles et avec les Eglises Orthodoxes de partout, confesse tout ce que l’Eglise Orthodoxe Universelle confesse, et rejette tout ce que l’Eglise Orthodoxe rejette, elle constate aussi que son élection comme évêque par l’Assemblée Générale est faite en conformité avec les stipulations de l’art. 5, afin. « d » du Statut de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France et avec la doctrine des saints canons ; elle constate encore que la personne élue réunit les conditions canoniques exigées pour être consacrée évêque et que la tonsure monastique du Très Révérend Père Vicaire Général a étécélébrée au Monastère Anthym de Bucarest le 29 avril 1972, lorsqu’il a reçu le nom monastique de GERMAIN; le 30 avril on lui a accordé la dignité d’Archimandrite de la sorte que le Très Révérend Père Vicaire Général Germain Hardy est digne d’être consacré évêque.

En même temps, le 6 juin 1972, Nous et les membres du Synode Permanent, prenant connaissance aussi de la décision de l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, décision prise dans sa séance du 6 mai 1972 par laquelle on a adopté à l’unanimité la « Déclaration sur l’Eglise Catholique Orthodoxe de France » et le Statut canonique de cette Eglise, acte par lequel l’Eglise Catholique Orthodoxe de France est entrée ipso facto en relation canonique avec l’Eglise Orthodoxe Roumaine, la reconnaissant comme instance canonique supérieure ;

En vertu de la décision du Saint-Synode de l’Eglise Orthodoxe Roumaine No. 3320/ 1972, nous avons disposé ce qui est de rigueur pour la consécration comme évêque du Très Révérend Père Archimandrite Germain Hardy le 11 juin 1972, acte déjà effectué par Son Eminence le Métropolite Nicolas de Banat et les évêques Théophile Ionesco de Paris et Antoine de Ploiesti, Vicaire patriarcal, dans la Cathédrale orthodoxe de Paris, sous le patronage de « Saint-Irénée ».

Fondés sur ce que nous avons exposé plus haut, sur les saints canons, sur la décision du Saint-Synode du 28 avril 1972 et sur les dispositions de l’art. 3, alin. « a » et de l’art. 5, alin. « d » du Statut de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, Nous, le Patriarche de l’Eglise Orthodoxe Roumaine et Président du Saint-Synode, Nous accordons l’investiture à Son Excellence Mgr Germain Hardy et Nous l’instituons Evêque de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France.

Pour confirmer cette disposition canonique, Nous émettons et accordons à l’évêque élu, à Son Excellence Germain Hardy, ce Décret Patriarcal, pour témoigner que Son Excellence est investie du pouvoir hiérarchique et avec juridiction d’évêque.

En vertu de ce que nous venons d’exposer, Son Excellence a le don d’accomplir tout ce qui revient de droit à un évêque canonique, pour l’édification spirituelle de sa communauté.

De la part de Son Excellence, nous attendons qu’il maintienne le contact avec l’autorité canonique supérieure et qu’il la consulte dans les problèmes dogmatiques, canoniques et cultuels dépassant sa compétence; qu’il entretienne des rapports avec les autres formations et organisations orthodoxes de France dans un esprit fraternel, irénique et œcuménique ; nous attendons enfin qu’il soit vigilant et pratiquant lui-même sa confession de foi, les saints canons, les obligations assumées par la « Déclaration sur l’Eglise Catholique Orthodoxe de France » et par le « Statut canonique » de cette Eglise, concernant la foi, le culte et les normes ecclésiastiques.

Nous l’exhortons au travail sans répit, à la concorde, à une sagesse paternelle, à l’attachement envers sa communauté, en se montrant à tous un bon guide pour la garde et l’affermissement de la foi de l’Eglise Orthodoxe Universelle, de ses traditions, ainsi que des coutumes et des intérêts nationaux de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France.

Outre les prérogatives épiscopales qui lui reviennent selon les saints canons, outre les droits et les devoirs prévus dans le « Statut de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France » et dans le « Statut des Associations cultuelles catholiques orthodoxes françaises », Nous attestons tout particulièrement que Son Excellence l’Evêque Germain Hardy est l’unique Chef canonique et légal des fidèles qui reconnaissent sa juridiction canonique.

Nous faisons les meilleurs vœux que les prières des saints que l’Eglise Orthodoxe Universelle vénère unanimement ainsi que les prières des saints locaux que l’Eglise Catholique Orthodoxe de France vénère par l’emploi égal de l’ancien rite des Gaulois et du rite liturgique byzantin, fortifient son Excellence l’Evêque Germain Hardy dans sa haute mission de Chef spirituel des fidèles de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France et qu’ils daignent l’aider à maintenir ses fidèles étroitement unis autour de son siège épiscopal, fermement inébranlables dans la foi correcte de l’Eglise Orthodoxe Universelle.

A notre cher clergé et à nos chers fidèles appartenant à cette Eglise, Nous recommandons tout chaleureusement et de tout Notre cœur paternel, Son Excellence l’Evêque Germain Hardy comme leur unique hiérarque canonique, élu de l’Assemblée Générale et par le clergé et les représentants laïcs du diocèse les exhortant à le reconnaître et à lui témoigner l’estime qui lui est due, ainsi qu’à lui obéir en toute charité dans la direction des affaires ecclésiastiques selon les dispositions canoniques et dans les limites des dispositions légales et statutaires. Ils attesteront ainsi être de véritables fils spirituels, obéissants, étroitement unis autour de leur Pasteur, Maître et Guide Spirituel, successeur canonique des Saints Apôtres du Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ à qui appartiennent toute gloire, honneur et adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Donné aujourd’hui, le 11 juin, l’an du salut mille neuf cent soixante douze, dans Notre Résidence Patriarcale de Roumanie, à Bucarest.

X JUSTINIAN
Patriarche de Roumanie
Président du Saint-Synode de
l’Eglise Orthodoxe Roumaine