5ème après Pâques

5ème DIMANCHE APRÈS PÂQUES

Mgr Jean, évêque de Saint Denis

Quel est l’évangile du jour ? De plus en plus, l’Église prépare nos âmes à la réception de l’Esprit Saint.

Vous êtes probablement frappés par cette contradiction qui apparaît toujours dans notre vie : d’une part, le Christ dit :“Que votre joie soit parfaite”. “Que votre prière soit exaucée en mon Nom”.et, d’autre part nous constatons maintes fois que nous ne sommes pas dans la joie, mais dans l’abattement, la tristesse, l’angoisse, l’ennui, que nous frappons à la porte céleste et que notre prière n’est pas exaucée comme nous le voudrions.

Pourquoi cette contradiction ? Le Christ nous offre la joie et nous ne l’avons pas. Ne sommes-nous pas chrétiens, ne venons-nous pas à l’église, nous efforçant d’aller vers le bien et d’éviter le mal?

Tout d’abord nous n’accordons pas assez de valeur dans notre prière à la vertu du Divin Nom :“Tout ce que vous demanderez en mon Nom, le Père vous le donnera”.Car, devant le Nom du Christ Jésus. s’inclinent et se prosternent le ciel, la terre et l’enfer. Devant le Nom du Christ Jésus, tremblent les puissances infernales.

Christ Jésus, Fils de Dieu, venu sur terre ! Si nous voulons que ce Nom manifeste toute son efficacité pour nous, nous devons croire fermement que le Christ Jésus est le Fils issu du Père, descendu sur la terre, fait homme et remonté avec notre corps transfiguré à la Droite du Père.

Et le Christ continue :“Le Père vous donnera Lui-même : il n’est pas besoin de mes prières, car Il vous aime parce que vous m’avez aimé”.À la confession de la Vérité : le Fils de Dieu issu du Père est venu parmi les hommes, nous devons unir notre attachement, notre amour pour le Christ Jésus, serviteur pour nous. Si nous observons ces deux mouvements de l’âme, le Nom du Christ fera éclater Sa puissance et notre prière sera exaucée.

Un jour, on amena un paralytique à saint Séraphim de Sarov. Que fit le saint ? Il demanda à l’infirme:“Crois-tu que Jésus-Christ notre Seigneur est le Fils de Dieu descendu pour nous sauver ? Le crois-tu fermement ?”.Le paralytique répondit :“Oui, je le crois”. “Crois-tu à la Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Reine ?”Le paralytique répondit :“Je crois”.Saint Séraphim affirma :“Alors, tu es guéri”. Et le paralytique se tint debout. Ainsi par la confession de notre être total et l’incarnation du Nom Divin, nous avons la guérison et notre prière est entendue.

Mais la joie, pourquoi n’avons-nous pas la joie ?

Parce que dans notre prière totale nous n’avons pas en vue le but de toutes les prières : le Saint-Esprit. Attention au piège ! Vous me direz :“Mais j’ai demandé le Saint Esprit et je ne L’ai pas ressenti. J’ai demandé le Saint-Esprit et je ne suis pas sorti de l’angoisse. J’ai demandé le Saint Esprit et je ne suis par entré dans la parfaite joie. Je crois, j’invoque le Nom du Christ et rien n’arrive”.

Et moi, je vous répondrai : “Avant toutes choses, redemandez, encore une fois redemandez, priez, priez le Père qu’il vous envoie l’Esprit Saint au Nom du Christ”.

Ensuite : vérifiez vous-mêmes si vous aimez le Christ. Désirez-vous réellement avoir l’Esprit en vous, ou votre désir et votre amour sont-ils dirigés vers votre “Moi”, votre “Je” ? Car je le proclame, l’amour du Christ, la foi et la prière pour obtenir le Saint Esprit ne peuvent passer à travers notre regard, notre désir, notre attachement tournés et fixés sur notre “Moi”.

Considérez un seul instant que vous n’êtes rien, un peu de poussière, indignes de l’Esprit, anéantissez l’idolâtrie du “Moi” et l’Esprit sera en vous, au plus profond, au plus loin en vous. Habituez-vous à cette pensée : quelle importance d’être ceci ou cela, d’être dans la joie ou la tristesse, Dieu est en moi. Par ce dépassement, vous entrerez dans ce qui est objectif, ou plutôt véritablement réel.

Lorsque l’Esprit Saint a une fois saisi notre âme, même les troubles extérieurs, les persécutions, les doutes, les soucis, les angoisses, les difficultés, dès qu’Il a pris Son siège en nous, ne peuvent toucher la joie qui L’accompagne, parce qu’elle est en-deça du “Moi”. C’est pour cette raison qu’Il descend sur terre lorsque le Christ quitte physiquement le monde visible, afin que nous ne cherchions pas Sa joie dans les choses palpables extérieures, mais qu’au Nom du Christ nous Le supplions de reposer en nous dans notre hypostase, dans ce qui n’est pas notre “Moi”.

Je terminerai par un conseil très simple : Avant l’arrivée de la Pentecôte, tâchez de surmonter votre “Moi”, faites-en abstraction en répétant ces paroles saintes et infaillibles :“Dieu est ma joie, que je le ressente ou ne le ressente pas:Dieu est ma joie !”.

Amen !