19ème après Pentecôte

19ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE

Le banquet eschatologique
ou l’hospitalitÉ divine

Mgr Jean, évêque de Saint Denis

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,

L’Église nous a déjà donné à méditer cette parabole le 2èmedimanche après la Pentecôte, afin d’en souligner l’aspect eucharistique : l’évangile de ce 2èmedimanche est l’évangile des mystères eucharistiques à travers les temps.

Aujourd’hui, l’Église reprend le même récit mais selon un autre évangile, car l’Église marche aussi vers l’accomplissement eschatologique de la fin des temps, vers les temps apocalyptiques.

Les Pères de l’Église, comme Grégoire de Rome et tant d’autres, discernent dans ce Banquet, trois vagues ou trois mouvements. D’abord viennent les 1ersserviteurs que le Roi envoie quérir les invités : ils n’ont pas de succès. La 2èmevague des serviteurs ne réussit pas davantage : ils sont même maltraités. Enfin, il est dit : «Le Roi fut irrité, il envoya son armée, fit périr ces meurtriers et brûla leur ville».

La première vague de serviteurs représente tous les prophètes de l’Ancien Testament, de cette longue période qui précède l’Incarnation du Christ, mais le monde reste indifférent, préoccupé de choses terrestres et ne veut pas reconnaître sa vocation d’union avec Dieu.

La deuxième vague de serviteurs symbolise les Apôtres depuis les temps apostoliques, du temps du Christ jusqu’à la fin des temps. C’est-à-dire tous les apôtres chrétiens et aussi, d’une certaine manière, nous tous que Dieu envoie vers le monde pour l’appeler à ce Banquet auquel Il le convie. Et le monde les maltraite et nous maltraite.

La troisième vague, c’est une armée, et nous savons que du point de vue des Écritures, « armée » désigne le monde angélique. Cette troisième vague surviendra à la fin des temps, les anges descendront pour détruire la cité qui refuse Dieu.

Que peut-on reprocher aux invités qui ne sont pas venus ? Des péchés personnels ? De la faiblesse ? Non ! car dans le même Évangile il est dit : «Ils amèneront au Banquet des bons et des mauvais». Alors quel était leur péché essentiel ? Pourquoi se sont-ils détournés du Banquet ? Pourquoi cette colère divine ?

Les invités ont décliné l’appel divin uniquement par désir de s’occuper de leurs affaires, de leurs champs, de leur mariage…

L’ennemi du mystère eucharistique, c’est la préoccupation du monde, mais le monde n’a pas le goût de Dieu. Dieu l’invite et il répond : Non ! nous n’avons pas le temps ! Nous avons beaucoup d’autres choses à considérer : œuvres sociale, culturelles, pensées philosophiques, scientifiques, politiques, etc.

C’est ainsi que dans tout l’univers l’humanité est tellement absorbée de « choses » à accomplir, qu’elle renonce à sa vocation essentielle qui est celle d’être épouse de Dieu et de se rendre au Banquet nuptial.

Nous pouvons remarquer que les grands buts dans la vie n’empêchent pas particulièrement l’évolution spirituelle, mais bien plutôt la sollicitation permanente des choses secondaires, la distraction, car, à bien réfléchir : toutes les choses à faire, les champs sont toujours là ! Et lorsqu’un Roi invite à son Banquet, on peut les abandonner, on peut même abandonner la famille, les affaires, la politique pour lesquelles on garde son temps. Ce sont les petites choses qui retiennent.

La plus grande tentation de notre temps – de tous les temps – est précisément de se laisser distraire. Tous sont appelés, mais l’humanité est si distraite, si dispersée par les riens quotidiens – importants en apparence – qu’elle n’éprouve pas le désir de dire : Oui ! Et cependant, chaque Eucharistie que nous célébrons nous offre les prémices de cette invitation divine : «Tout est prêt, le veau gras est servi». L’homme qui cherche soi-disant les Béatitudes, le bonheur, n’a qu’à dire : «Je viens».

«Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus !» annonce le Christ dans l’Évangile, nous sommes tous appelés, mais n’est élu que celui qui répond, comme Marie : «Oui!».

Trouvons donc le temps, revoyons notre échelle des valeurs, trouvons une place dans notre cœur, dans notre existence pour un oui ardent, oui je suis libre, je viens au Banquet du Roi.

Amen!