Foi et guérison

2ème DIMANCHE APRÈS THÉOPHANIE

La foi et la guÉrison

Père Bernard Jakobiak

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien-aimés,

L’Eglise nous invite entre autres à contempler le centurion. Il est l’homme qui vajusqu’au bout du bien en l’homme, qui vit à l’image de Dieu en lui alors qu’il n’est pas du« peuple élu», du peuple qui bénéficie de la Révélation. Il est l’homme qui ne connaît dedivin que cette image de Dieu en lui. Il est aujourd’hui l’agnostique ou l’athée de bonnevolonté parvenu à ses limites.

Nous avons fêté les Rois Mages qui sont l’homme qui va jusqu’au bout de larecherche de la vérité, sciences, philosophie ou art. Nous pouvons aussi nous souvenir du bonlarron qui est l’homme qui va jusqu’au refus de la loi, jusqu’au bout de la révolte. Et dans laprière avant la communion, ils témoignent tous les trois. Nous proclamons :« Je crois quececi est Ton corps très saint et très pur, et que ceci est Ton sang vénérable et précieux. » C’estla foi des mages adorant au bout de leur quête Jésus et voyant Dieu en ce bébé dans une étable.

Nous prions:« Souviens-Toi de moi dans Ton royaume. » reprenant les mots dularron et orientant notre esprit et notre coeur vers le « Oui » à toutes les épreuves dansl’humilité du repentir. Et nous ajoutons la phrase exprimant et résumant la très admirable foidu centurion: « Seigneur, je ne suis pas digne que Tu entres en moi mais dis une seule paroleet mon âme sera guérie. » Ils sont là tous les trois le mage, le larron et le centurion. Et toustrois, ils sont l’homme livré à lui-même, allant jusqu’au bout de son chemin et trouvant le Christ. Ils sont les trois témoins de la conversion de l’homme.

Le centurion est l’homme qui estime être à sa juste place:il est au service de ce quiest plus grand que lui, il a des subalternes et il accepte d’obéir à des supérieurs. De plus, il sedéplace en personne pour son serviteur. Il est donc au service de l’autre, de l’homme, de tout homme. Il est l’homme qui va jusqu’au bout de l’humanisme, jusqu’au point où il ne peut pasguérir son « serviteur », où il sait qu’il ne peut pas sauver l’homme. Il est l’homme qui vajusqu’aux limites des actions humanitaires. Il est l’homme hors de l’Eglise, l’homme sans Dieu mais qui a développé en lui le meilleur de l’homme et qui, voyant ses limites, vient àJésus-Christ. Il est courant d’affirmer:« un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science rapproche de Dieu;» De même, on pourrait dire:« Un peu de générosité,dedévouement, d’humanisme éloigne de Dieu, mais beaucoup d’humanisme ramène à Dieu. »c’est du moins ce qu’enseigne le centurion.

L’homme sans Dieu, comme les Rois Mages, comme le centurion ou comme le larronsur sa croix qui ne se laisse pas contaminer par l’ambiance, est en marche vers Dieu. En dehors de toute Eglise, il peut recevoir et cultiver en lui une foi de grande qualité. Dans lalignée du centurion, l’homme de bonne volonté est, par exemple, le médecin dévoué,l’homme soignant les autres et découvrant le vrai Guérisseur, Jésus-Christ, reconnaissant qu’Ilest le médecin, le seul qui, guérissant l’esprit de l’homme, le sauve de la mort.

Mes amis, nous serons surpris à notre mort et après, par la foi de certains que nousqualifions d’agnostiques ou d’athées ou d’égarés. Voyons bien dès cette vie, que leur dangerest aussi le nôtre:le vrai danger de la mort de l’esprit est de s’arrêter en chemin, de s’installeret de se satisfaire de son œuvre ou de soi-même, au lieu d’aller jusqu’au bout de son chemin.

Mes amis, que le Seigneur nous donne le goût de chercher notre juste place, la grâcede la trouver et la simplicité de servir comme Il sert, Lui, notreSeigneur Jésus-Christ avecl’Esprit-Saint et le Père à qui soit la gloire aux siècles des siècles.

P. Bernard Jakobiak