Bucarest 1972

DECLARATION SUR L’EGLISE
CATHOLIQUE ORTHODOXE DE FRANCE

rédigée à Bucarest et signée le 28 avril 1972

I – La foi

Unie avec l’Eglise des premiers siècles et aux Eglises Orthodoxes d’Orient dans les dogmes salutaires, l’Eglise Catholique Orthodoxe de France (Union des Associations Cultuelles Catholiques Orthodoxes Françaises) confesse ce que l’Eglise Orthodoxe Universelle confesse et rejette ce que l’Eglise Orthodoxe Universelle rejette.

Chaque année, au jour du triomphe de l’Orthodoxie, premier dimanche de Carême, nous confessons la Foi des sept Conciles Œcuméniques et nous rejetons toutes les hérésies qu’ils ont condamnées.

Chaque dimanche nous chantons le Symbole de Nicée-Constantinople et, en face de l’Eglise romaine et du monde protestant, nous confessons la Foi Orthodoxe :

Le Saint-Esprit procède du Père seul et non du Père et du Fils. Le Père est seule source du Fils par engendrement, et de l’Esprit par procession, et seule Source de la Divinité. L’expression que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils ne signifie nullement la participation du Fils dans l’origine du Saint-Esprit.

Avec saint Basile le Grand, nous proclamons que ce serait porter atteinte au contenu de l’Evangile lui-même que d’ignorer la Tradition transmise par les Apôtres et les Pères de l’Eglise et qui éclaire le contenu de l’Evangile.

Ainsi, nous confessons avec les Pères pneumatophores que la grâce est incréée, que la Lumière qui a resplendi sur le Mont Thabor est incréée, que le pain et le vin mélangé à l’eau deviennent le Corps et le Sang du Christ par l’épiclèse, c’est-à-dire par l’invocation du Saint-Esprit qui accomplit et transforme les dons.

Nous proclamons que l’Eglise Orthodoxe Universelle a été toujours composée d’Eglises-sœurs, locales ou nationales, qu’elle ignore un Evêque pouvant prétendre à un pouvoir sur la totalité de l’Eglise, ou possédant l’infaillibilité dans les questions du dogme ou morale.

Nos témoignons que seule l’Eglise Orthodoxe, c’est-à-dire l’ensemble des Eglises Autocéphales Orthodoxes (et celles qui sont en union dogmatique avec elle), a gardé fidèlement le dépôt de la Vérité.

II – Structure

L’Eglise Catholique Orthodoxe de France actuellement composée d’un unique diocèse, est une Eglise autonome ; elle prévoit, au fur et à mesure de ses besoins, sa division en plusieurs diocèses qui pourront être groupés autour des métropoles. De par sa situation actuelle, cette Eglise, en accord avec la tradition orthodoxe, doit entrer en relations avec une Autorité canonique supérieure ayant le caractère d’Eglise Orthodoxe autocéphale.

III – Demande de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France
à l’Eglise Orthodoxe Roumaine

Compte-tenu de son origine apostolique, de sa personnalité actuelle, de la nécessité de préserver sa vie spirituelle et canonique, et des liens historiques qui unissent la Roumanie et la France par le fondement commun de leur génie latin, l’Eglise Catholique Orthodoxe de France s’adressa à l’Eglise Orthodoxe Roumaine en 1967 pour lui demander de devenir son Instance canonique supérieure. En 1967, 1968, 1969, 1970, les Assemblées générale de notre Eglise, composées du clergé et des représentants élus des fidèles, animés par le chef de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France et par le Conseil épiscopal, ont renouvelé et ratifié les désirs unanimes suivants :

a) que le Patriarcat de Roumaine devienne l’instance canonique supérieure de l’Eglise ;

b) de voir sacrer, avant la mort de Mgr Jean de Saint-Denis, son Vicaire Général comme~Evêque Coadjuteur ;

c)Après la mort de Mgr Jean, de combler la vacance du siège épiscopal en sacrant son Evêque élu, le RP Gilles Hardy, Vicaire général.

IV – Système de Gouvernement et Discipline
de vie ecclésiastique

La vie et la discipline ecclésiastique de notre Eglise a pour bases : la Sainte Tradition Orthodoxe, l’Écriture Sainte, la législation canonique des huit premiers siècles, la législation locale des conciles et des Pères de l’Eglise de France et le droit coutumier. Elle tient compte également des conditions extérieures dans lesquelles vit l’Eglise.

V – Le Culte

L’Eglise Catholique Orthodoxe de France célèbre les Divines Liturgies de rite byzantin et de sa tradition locale, c’est-à-dire les Liturgies de Saint Jean Chrysostome, de Saint Basile, de Saint Grégoire le Grand (Présanctifiés) et la Liturgie selon Saint Germain de Paris (l’Ancien Rite des Gaules).

Le désir et la nécessité de communier pleinement avec les Eglises Orthodoxes par le Rite dans les célébrations liturgiques ont déterminé l’Eglise Catholique Orthodoxe de France à célébrer les Liturgies de rite byzantin, cependant qu’elle conserve l’usage de la Liturgie de sa tradition locale. Les clercs et les fidèles aiment, connaissent et participent pleinement à ces diverses liturgies, trésor de l’Eglise Orthodoxe Universelle.

Dans la pratique, pendant le Carême de Pâques et celui des Quatre Temps, l’Eglise Catholique Orthodoxe de France, comme toutes les Eglises Orthodoxes, célèbre la Messe des Présanctifiés.

La Liturgie de Saint Jean Chrysostome est célébrée aux jours des fêtes des trois Saints Docteurs, des deux fêtes de Saint Jean Chrysostome et à certaines fêtes des principaux Pères de l’Eglise d’Orient, de même que pour la fête de Saint Nicolas ; de manière générale la Liturgie de Saint Jean Chrysostome est célébrée une fois par semaine et lors de toute concélébration avec les représentants d’Eglises Orthodoxes Orientales.

Nous sommes décidés à promouvoir une alternance plus fréquente de la Divine Liturgie selon Saint Jean Chrysostome dans l’ensemble de notre Eglise, et cela concrétisé par des célébrations dominicales, afin de manifester l’unité spirituelle de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France avec l’Eglise Orthodoxe Universelle.

La Liturgie de Saint Basile est célébrée trois fois par an. Nous favoriserons en plus l’usage de célébrer la Liturgie de Saint Basile le Grand le jour du Triomphe de l’Orthodoxie.(1er dimanche de Carême), en dehors de la célébration déjà mentionnée. La Liturgie de Saint Germain de Paris, enfin, est célébrée les autres jours.

VI – Les Saints Sacrements

Le Baptême : l’Eglise Catholique Orthodoxe de France a pour principe de baptiser par immersion ; cependant, en cas d’impossibilité pratique, par économie, les prêtres procèdent par aspersion. D’une manière générale les paroisses prévoient, selon les possibilités financières, la construction de baptistères aux dimensions des adultes.

La Confirmation : le sacrement de confirmation est fait par l’onction du Saint Chrême immédiatement après le baptême qui, pour les enfants, n’intervient pas avant 40 jours; celui qui a été baptisé et confirmé communie au cours de la liturgie baptismale.

L’Eucharistie : le pain eucharistique est toujours du pain levé ; nous le nommons “prosphora” et il est scellé traditionnellement par les sceaux fabriqués par les moines du Mont-Athos. Les fidèles, comme les clercs, communient sous les deux espèces : le prêtre trempant la parcelle dans le calice et la déposant dans la bouche du communiant.

Les diacres assistent les prêtres dans la distribution de l’Eucharistie en tenant la coupe ; si la foule des communiants est trop grande, ils peuvent également donner la communion. Les diacres, enfin, portent les Saintes Espèces aux malades.

Le “canon de la Liturgie” : les termes de “l’Institution” sont les suivants :

“Prenez et mangez, ceci est Mon Corps, qui est rompu pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés” et “Prenez et buvez en tous, ceci est Mon Sang, le Sang de la nouvelle et éternelle Alliance qui est répandu pour vous et pour un grand nombre, en rémission des péchés”.

Comme nous l’avons dit dans l’exposé de la Foi (ci-dessus) nous confessons que le pain et le vin mélangé à l’eau deviennent le Corps et le Sang du Christ par “l’épiclèse”, c’est-à-dire par l’invocation du Saint-Esprit qui accomplit et transforme les dons.

Antimension : tous les autels ont un antimension traditionnel, signé de l’Evêque et contenant les saintes reliques.

La Confession : tous les clercs et les fidèles de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France se confessent de leurs péchés régulièrement et individuellement.

L’onction des malades : conformément au commandement de l’Apôtre Jacques, les malades sont oints de l’huile sainte mélangée au vin, huile bénie le Mercredi Saint, et l’onction se pratique selon le rituel traditionnel.

Nous vénérons dans le culte tous les saints qui appartiennent au patrimoine commun de l’Eglise Orthodoxe et ajoutons la vénération des saints locaux de notre Eglise.

Pour le Conseil Episcopal
et au nom de l’Assemblée Générale
de l’Eglise Catholique Orthodoxe de France
(Union des Associations Cultuelles Catholiques Orthodoxes Françaises).