22ème après Pentecôte

22ème DIMANCHE APRÈS PENTECÔTE

DIEU et CÉSAR

Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

L’évangile de saint Matthieu relate très bien le piège préparé par les pharisiens contre Jésus. Jaloux du succès grandissant que remporte le Christ auprès du peuple, les pharisiens veulent le compromettre et l’amener à faire des déclarations qui pourraient se retourner contre lui.

Remarquons que ces pharisiens, ont fait alliance avec les Hérodiens, collaborateurs des Romains, puissance occupante à l’époque. Leur entrée en matière est frileuse mais très habile. Ils n’hésitent pas à faire du chantage et après les éloges poser une question piège qui paraît simple. Est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? Si le Christ répond oui on va le dénoncer aux patriotes et crier au scandale car il se montrerait favorable à l’envahisseur romain, c’est-à-dire un collaborateur. En répondant non, les Hérodiens ne manqueront pas de le dénoncer à l’occupant romain comme opposant et obtiendrons ainsi de le faire condamner.

Le Christ sait très bien que les juifs sont naturellement révoltés par l’occupation romaine, qu’ils acceptent les avantages matériels de l’occupation sachant admirablement en tirer profit. Ils savent aussi se servir de la monnaie romaine, la seule acceptée pour payer le tribut. Alors le Christ demande qu’on lui présente la monnaie du tribut. Rusés mais naïfs les pharisiens lui montrent la monnaie romaine et la réponse va les interroger et déjouer leur piège.

«À l’effigie de qui cette monnaie est-elle frappée?»Ils répondent de César. Alors leur dit-Il«Rendez à César ce qui est à César et à Dieu les choses qui Lui appartiennent.»Réponse admirable, solution parfaite, parole céleste ! Il a équilibré de telle façon le mépris du monde et l’honneur dû à César, qu’il dégage les âmes consacrées à Dieu de tous les soucis et embarras du siècle, quand il affirme qu’il faut rendre à César ce qui est à César.

La tradition chrétienne voit dans la réponse du Christ une matière propre à orienter notre comportement sur terre car, aujourd’hui comme hier, César c’est le pouvoir civil. Si ce pouvoir est légitime il participe alors consciemment et inconsciemment à l’autorité même de Dieu L’apôtre Paul nous le rappelle très souvent. De ce fait le pouvoir civil a droit à notre reconnaissance et à notre dévouement au bien commun qu’il a pour mission de procurer à tous. Comme chrétiens, nous sommes invités à ne pas remettre notre liberté comme un mercenaire entre les mains de César, c’est-à-dire du pouvoir civil. Mais comme chrétiens nous appartenons à Dieu et notre vocation essentielle consiste, selon le commandement du Christ, à rendre à Dieu, premier servi, les choses qui Lui appartiennent.

Saint Hilaire cite, dans une de ses homélies sur saint Matthieu, ces paroles :«Nous devons rendre à Dieu ce qui Lui appartient, c’est-à-dire : corps, âme et volonté»,ces biens nous les tenons de Dieu, nous les avons reçu de Lui, ils ont prospérés par Lui. Aussi en reconnaissant leur origine et la cause de leur croissance, il est tout à fait équitable de les rendre à leur auteur, c’est-à-dire Dieu. Respectueux de l’ordre civique l’évangile de Matthieu nous invite à garder l’autonomie de notre conscience et à nous souvenir qu’il faut nous préparer à paraître au jugement du Christ, sauveur et rédempteur, comme le dit l’apôtre Paul, dans l’Épître d’aujourd’hui.

L’essentiel, dans notre relation avec Dieu reste la prière et Paul dit aux Philippiens :«Je fais cette prière : que votre amour abonde encore et, de plus en plus, en connaissance et en pleine clairvoyance».C’est l’Amour qui instruit, ce n’est pas un sentiment aveugle, une passion irraisonnée, ce n’est pas non plus quelque chose qui procède de la connaissance intellectuelle et du raisonnement, non ce n’est pas cela.

L’intelligence seule ne conduit pas à l’amour. Seule notre foi peut nous donner la connaissance d’où découle l’Amour de Dieu. C’est le regard qui réveille l’Amour de Dieu en nous et ce regard là c’est le regard de la foi. L’amour grandit avec la foi pure et notre foi se nourrit par la prière liturgique, par la prière personnelle et la méditation de la Parole de Dieu.

Si nous réussissons à concilier notre devoir envers la cité, envers César et envers Dieu, alors nous vivons pleinement dans l’Amour de Dieu et du prochain, nous servons Dieu en premier et nous donnons alors à César ce qui lui revient avec une conscience libre afin de vivre en paix et de pouvoir parvenir à la connaissance de la Vérité et de confesser la divine Trinité à laquelle soit tout honneur, toute gloire et adoration aux siècles des siècles.

Amen !