Sexagésime

Mgr Jean, évêque de Saint Denis

Homélie audio de Monseigneur Jean, évêque de Saint Denis

Les trois combats spirituels

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen !

La Sexagésime est le deuxième dimanche qui prépare la période de carême. Hier, nous lisions aux vêpres le récit du déluge ; aujourd’hui, l’Eglise nous propose l’Introït (Praelegendum) : «Sois-moi un Dieu protecteur, une forteresse où je trouve le salut», l’épître de saint Paul où l’apôtre se glorifie de ses faiblesses afin que le Christ agisse en lui, et l’évangile de la semence.

A juste titre, saint Augustin disait que la période de pénitence, de jeûne, de carême est celle de notre printemps. Et vous entendrez tout àl’heure la préface – l’immolatio– du rite des Gaules rappeler cette analogie entre le printemps, la nature qui s’éveille, la semence évangélique qui porte de plus en plus de fruits, et notre purification que produit le carême.

Quarante jours de carême. Cette totale renaissance intérieure de notre âme, ce deuxième baptême que nous renouvelons chaque année, non dans les eaux mais dans la pénitence, est aussi l’époque de la lutte et de la conquête spirituelles, dans lesquelles le dernier mot appartiendra à la Croix du Christ qui nous ouvre la victoire de la Résurrection. Mais si nous voulons ne pas demeurer en dehors de la Résurrection du Christ, ressusciter véritablement en Lui, suivons fidèlement les services du Carême, imprégnons-nous de l’enseignement de l’Eglise, car chacune de ses paroles, chacun de ses rites nous aideront à poursuivre avec justesse cette lutte et la purification de notre âme.

Le Christ nous propose la parabole de la semence et du Semeur, et, disant ces choses, Il s’écrie : «Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !» ; plus loin, Il ajoute : «A vous, il a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu, mais aux autres il n’est proposé qu’en paraboles». «A vous les apôtres, Je dévoile les mystères du Royaume». Et pourtant, lorsqu’Il explique cette parabole des grains tombés sur la route, en terre pierreuse, dans une terre où poussent les ronces, ou des grains tombés en bonne terre, l’explication nous semble étonnamment simple. Où donc est ce mystère du Royaume de Dieu, cette difficulté qui le voile aux gens du dehors ? Pourquoi notre Seigneur n’a-t-il point parlé ouvertement, comme dans le Sermon sur la montagne ? Car, en vérité, ces symboles d’apparence simple, ne le sont pas dans la réalisation.

Quel est le sens de cette bonne ou mauvaise terre, ce sol qui reçoit les semences de la grâce divine ? Ce sol, cette terre, sont nos âmes. Dieu nous donne la grâce et la parole de vie, Dieu nous donne les sacrements ; à nous de cultiver notre cœur, notre intelligence et notre esprit afin que le grain divin porte fruit. Nous ne réussissons pas dans la vie spirituelle parce que nous n’avons pas compris le mystère du Royaume qui s’épanouit dans le labeur, la lutte intérieure et l’acquisition de la connaissance de nos âmes. Mystère des deux volontés, divine et humaine ; Dieu sème, l’homme cultive. Sans travail personnel, les meilleures paroles du Verbe, les plus fortes grâces de Dieu, ne mûriront pas notre salut.

Le Christ nous indique quatre catégories d’âmes.

Il commence par celles qui tombent sur la route et que le diable ravit. Qu’est-ce, cette image de la route ? Notre Seigneur répond : ce sont les âmes incapables de stopper le vagabondage de leurs pensées, «âmes oisives», selon l’expression de saint Ephrem. Comment agir pour empêcher le diable d’effacer les paroles de nos cœurs ? L’image de la route nous fournit l’explication.

Le premier combat que nous devons entreprendre pour que le démon ne saisisse pas les paroles du Christ dans notre cœur, est le combat avec les pensées. L’ennemi pénètre par les pensées et non par les désirs. Au début de la vie spirituelle, nous ne pouvons mater nos désirs. Que les faux maîtres se taisent ! Peut-on aisément mater undésir charnel, un désir de repos, de sainteté ou de grandeur ?

La lutte commence dans les pensées. Avant tout, mes amis, arrêtons les pensées qui errent de droite et de gauche, chez nous, en nous. Comment y parvenir ? Par le silence intérieur ? C’est trop dur. Nous y parviendrons en fixant une seule pensée, une pensée unique. Essayez, par exemple, de planter une pensée au centre de votre journée et dès que vous vous évaderez, revenez à elle. Car si vous laissez les pensées vous envahir et s’entrechoquer en vous, vous perdez toute défense contre le diable. Et les plus lumineuses paroles du Christ vous seront ravies. Tout être peut nourrir une pensée intense si elle est entretenue par un désir. Admettons qu’un homme veuille gagner de l’argent ou qu’il subisse une quelconque grande passion, bonne ou mauvaise, le désir tenaillera sa pensée et du matin au soir, la nuit et le jour, il pensera à obtenir ce qu’il recherche. Nous ne désirons pas le ciel… ou si peu, que ce désir de Dieu n’a pas la force d’engendrer une pensée unique. Notre pensée doit précéder, soutenir notre désir du ciel. Dans le monde, c’est le désir qui pousse la pensée et le sentiment qui la meut ; dans la vie spirituelle, c’est la pensée qui fait naître le désir. Fixer notre pensée sur un sujet unique, lutter pour que le ou les sujets seconds s’ef-facent.

L’homme est toute contradiction ; il est angoissé, tranquille, joyeux, il se précipite vers ceci, revient vers cela, il s’inquiète pour sa famille et ses affaires, il est découragé par sa faiblesse spirituelle, triste ou heureux… Une foule de préoccupations, désirs ou pensées s’accrochent en nous, les uns sur les autres. Au début du chemin, tenez compte de vos sentiments, ne les maltraitez pas, mais créez une pensée : «Dieu est bon», ou : «Il nous sauve», et attachez votre regard intérieur à ce soutien invisible. Un écrivain se maintient aussi longtemps qu’il le faut pour exprimer exactement sa pensée ; imitez-le intérieurement et lorsque d’une certaine manière vous aurez maîtrisé votre esprit, lorsque les va-et-vient de la route ne seront plus vos maîtres, le diable ne pourra ravir la semence de l’évangile. Voulez-vous y atteindre par une prière perpétuelle : «Jésus, aie pitié de nous» ? Essayez, et vous couperez les bras et les mains au prince d’iniquité et à ses serviteurs.

La deuxième lutte : la terre pierreuse et sèche. Après avoir combattu les pensées errantes et lié votre regard à une pensée unique, ne croyez cependant pas que votre cœur sera aussitôt réchauffé par le désir ardent de Dieu. Oui, vous aurez anéanti les désirs extérieurs, mais ne posséderez pas encore le désir spirituel. Votre âme ne sera pas enflammée, emportée par l’élan de la vie en Dieu. Par contre, la maîtrise de vos pensées, et, par vos pensées, de vos désirs, videra, séchera votre âme, la rendant quasi indifférente car, séparés du monde, vous ne serez pas encore greffés consciemment à la vie éternelle. Attention ! Ici, surgit une lutte sans merci: supprimer les pensées, arrêter les sentiments peut durcir le cœur et ouvrir la porte à une catégorie de sentiments soi-disant moraux, provoquant une certaine dureté pour vous-mêmes et les autres. Cette deuxième lutte doit s’opérer alors contre ce qui durcit l’âme. En plus de la concentration sur une seule pensée, il nous faudra poursuivre l’action de charité, en employant différents moyens : prières, chants, cantiques, pénitence, patience, compréhension, douceur, briser tout ce qui fait de nos cœurs des cœurs de pierre.

La troisième lutte : contre les ronces. Parvenus à la troisième étape, nous sommes devenus une terre molle, un cœur de chair. Nous ressentons la suavité de la grâce divine. Notre âme amollie peut glisser alors vers la paresse ou des plaisirs seconds et, auprès des dons divins, produire les ronces. Ne croyez pas que si la grâce agit efficacement, elle supprime la possibilité des jouissances terrestres. On a vu des gens qui s’étaient élevés à la prière sublime, des thaumaturges, des visionnaires célestes, commettre les péchés les plus vulgaires, parce que la vitalité de la grâce, semblable à l’humidité, fait croître en nous non seulement les plantes célestes, mais, précisément par cette vitalité qu’elle nous confère, sinous ne sommes pas attentifs, elle n’empêchera pas l’ivresse sournoise de ce monde. Pour éviter cette troisième attaque, la sobriété, l’humilité et la simplicité sont indispensables. Que cette troisième période ne nous grise pas !

Ainsi, le premier combat est contre les pensées multiples, qui nous extériorisent et nous jettent sur la route, le deuxième contre cet état de sécheresse, de dureté qui paraît moral… le cœur vide…, le troisième contre la facilité et la paressespirituelles.

Le mystère du Royaume appliqué inconsidérément à une âme, la perdra totalement. Comment pourra-t-elle, par exemple, cultiver la sobriété si elle est dans l’état de sécheresse, ou amollir son cœur si elle est encore la proie des pensées multiples ? Rien de plus dangereux.

Au seuil du chemin spirituel, il serait insensé de se glorifier de sa faiblesse et de jouer à l’humilité, mais le cultivateur de la bonne terre pourra, après un persévérant effort, s’écrier avec l’apôtre Paul : «Je me glorifie de ma faiblesse afin que la puissance du Christ agisse en moi».

Amen !

Notre âme devient printanière
(1960)

D’un pas joyeux, nous marchons au long de la période de pénitence vers la Semaine Sainte et l’allégresse pascale.

Lorsque commence la Sexagésime, nous sommes déjà emplis d’un désir progressif de mourir et de ressusciter avec le Christ.

Combien cette période liturgique est admirable !

Et plus le temps de jeûne et de pénitence est profond, plus notre âme fleurit et devient printanière, car il y a une telle correspondance entre la vraie pénitence et le printemps que notre cœur de pierre s’amollit. Evitant la distraction des herbes mauvaises qui étouffent le bon grain, nous préparons, en nous concentrant, la bonne moisson.

En vérité, c’est une période de concentration de la prière, de jeûne, de demande de pardon, de révision de notre âme. Plus est ardente notre pénitence et plus elle prodigue à notre âme la floraison, la joie qui augmente en Dieu.

Une fois encore, je suis frappé par l’épître d’aujourd’hui de l’apôtre Paul. Le grand Paul est appelé dans l’Eglise «apôtre des nations» ; lui qui fut ravi au troisième ciel, qui entendit les paroles ineffables, doit se défendre devant les païens, devant les empereurs de Rome, devant la synagogue hostile au christianisme ; il doit aussi se défendre devant ses propresconfrères, son propre peuple, comme si celui qui a été engendré en Christ devait se défendre devant eux !

Il est rare dans l’humanité que la mère soit méprisée par ses enfants ou, comme Paul, rejetée par sa postérité spirituelle, le contraignant à dire : moi aussi, je suis juif, moi aussi j’ai travaillé plus que les autres ; vous supportez vos détracteurs qui vous crachent au visage, vous humilient, vous dépouillent, mais en raison de ma faiblesse et parce que je vous aime, vous mettez en doute mon apostolat !

Ce saint Paul, cet humble Paul, doit souligner à cette foule qu’il a convertie, baptisée en Christ, portée dans ses entrailles spirituelles, qu’il a travaillé pour elle et il doit le lui répéter.

Pensant alors à Paul, j’ai immédiatement saisi que tous les Paul qui accomplirent de grandes choses dans l’histoire de l’Eglise, ne furent pas que persécutés du dehors comme les martyrs, mais incompris et meurtris par leurs propres frères : les Hilaire de Poitiers, Athanase d’Alexandrie, Photius le Grand et tant d’autres, jusqu’à la petite Thérèse de Lisieux de qui certaines de ses sœurs disaient, lorsqu’elle mourut : «Cette petite, vraiment, lorsqu’elle sera morte, on n’aura rien à dire sur elle».

Pourquoi, pourquoi l’œuvre du Christ, cette Epouse immaculée pour laquelle Il versa son Sang précieux, pourquoi l’Eglise n’accorde-t-elle pas un soutien total à ses enfants, n’agit-elle pas à la manière de l’Etat qui donne sa protection à des savants en aidant la recherche scientifique, qui paie les généraux, les soldats, les députés, les hommes utiles à la cité du haut jusqu’en bas de l’échelle sociale ? Pourquoi les généraux du Saint-Esprit, les élus du Père ne reçoivent-ils pas de salaire, mais sont au contraire persécutés, incompris ? Pourquoi Dieu a-t-il organisé cette Eglise étrange ? Pourquoi celui qui vit au sein du Christ est-il, depuis les temps apostoliques, obligé de crier sa confession ?

Traverser des épreuves, c’est de l’eau qui coule en dehors de sa maison ; mais être attaqué par les siens…!

Le Christ l’a prévu et ne l’a point caché. Il a dit : «La vie de l’Eglise sera fondée sur la pierre de la foi et les portes de l’Enfer ne pourront l’ébranler» (Mt 16, 18). Mais Il a aussi averti que la sœur serait contre sa sœur, le frère contre son frère, le père contre son fils (Lc 12, 53). Il a envisagé une multitude de Paul dans l’Eglise, donnant toute leur vie pour souffrir des gens du dehors, et aussi de l’intérieur de leur famille, sinon même de leurs enfants.

Je connais une gravure de l’époque romantique, d’origine anglaise ou allemande, je ne sais plus, représentant le diable qui laboure la terre avec un air fort satisfait, et cette gravure porte cette inscription : «Ainsi je fais souffrir les âmes». Oui, mais, derrière le diable, passe le Christ qui jette la semence.

Les épreuves sont le fait du diable, oui, mais celles des saints, depuis saint Paul jusqu’à la petite Thérèse, sont plus profondes parce que la terre dans l’Eglise est vigoureusement remuée ; sans elles, il n’y a qu’un petit jardinage pour salades et non pour du blé. Le diable se sert de toute sa sagesse ; il envoie une théorie d’obstacles : il n’est pas facile parfois, étant trahis par ses frères, de demeurer amoureux de Dieu et de l’Eglise et Satan travaille subtilement afin qu’on abandonne. Et qu’arrive-t-il ? Il fait naître une bonne terre grasse, noire, et la semence divine tombe sur les saints de telle manière que le meilleur blé sort de cette terre grasse.

Le Christ aime tellement ses Paul, jusqu’à la petite Thérèse, qu’Il veut qu’aucun grain de sa Parole ne se perde en leurs âmes.

S’ils étaient bien portants, soutenus et loués par les leurs, récompensés comme l’Etat récompense les généraux et les hommes célèbres ou les vedettes de cinéma, imperceptiblement, leurs cœurs seraient moins labourés et s’empliraient de petites pierres de vanité, d’indifférence, de plaisirs, de distractions ; si le grain n’était pas tombé en profondeur, les oiseaux le picoreraient et le mangeraient peu à peu. En l’Eglise nul grain ne se perd. Tous donnent des fruits.

Et l’apôtre Paul pense : Je veux me glorifier de ma faiblesse, car dans ma faiblesse est la force de Dieu (2 Co 12, 9-10). Je veux chanter Dieu pour toutes les faiblesses, pour toutes les épreuves, l’incompréhension de mes confrères, de mes enfants engendrés dans mon apostolat, car chaque épreuve qui est une douleur d’aujourd’hui prépare le terrain où la grâce et la gloire et la puissance de Dieu agiront soudainement !

En effet, disons-le, si nous ressentons aujourd’hui, au travers des paroles de l’Apôtre, la tragédie, le cri de douleur, l’indignation, la souffrance, mes amis, si nous pouvions nous indigner et dire orgueilleusement : j’ai travaillé plus que les autres, et, simultanément, je ne veux pas me vanter, si nous savions mesurer cette profondeur de peines à travers les siècles, nous comprendrions que nos petites douleurs ne sont rien, mais «vous n’avez pas de mesure pour les mesurer…».

Pourtant, ne craignez pas les souffrances… car l’apôtre Paul fut aussi ravi au troisième ciel !

Marche vers le Christ Ressuscité
(1965)

Le dimanche de Sexagésime est un de ces dimanches admirables du point de vue du choix des lectures, desimmolatio, des graduels, des prières ; il nous prépare au grand Carême, à ces 40 jours qui symbolisent notre marche vers le Christ ressuscité, ils préparent la période que l’on peut souder à la vision du printemps, du réveil.

«Réveille-toi !» Précisément, il est temps de vous adresser la prière instante d’augmenter non seulement la confession générale, mais la confession personnelle. Nous sommes suffisamment nombreux comme prêtres pour qu’il y en ait un chaque soir pouvant vous confesser. Venez ! Que chacun de vous se confesse pendant le Carême.

J’ai remarqué que, chez ceux qui ne se confessent pas personnellement, se produisent une certaine dispersion, un manque d’intériorisation. L’homme est faible, il ne sait pas réellement discerner en lui, il ne sait pas distinguer encore s’il est sur une route ou sur le roc, s’il a de mauvaises herbes étouffant le bon grain semé. Faites-le, mes amis, confessez-vous !

Nous devons dans la confession placer, avant tout, nous et Dieu ; voir sans tricher notre attitude en face de Lui. L’aimons-nous, l’écoutons-nous en vérité ? Avons-nous honte de Dieu, de son Fils et de l’Esprit devant les autres ? Plongeons notre regard dans l’intimité de notre vie: sommes-nous des croyants? Après Dieu, plongeons notre regard dans notre attitude vis-à-vis de notre prochain, de nos proches et, enfin, vis-à-vis de nous-mêmes.

Je vous en supplie, usez du sacrement de la confession, ne pensez pas qu’elle dépend du prêtre. Quand vous arrivez à laconfession, le prêtre dit : «Le Christ est invisiblement présent, je ne suis que le témoin».

Et si vous approchez de la confession et du prêtre comme du Christ Lui-même, le prêtre vous dira les choses utiles. Traversez la personne du confesseur, confiez-vous à Celui qu’il représente et dont il est l’icône. Pourquoi est-elle nécessaire, cette confession devant un homme et non seulement devant Dieu ? Le Seigneur l’a dit : «Celui qui me confesse devant les hommes, Je le confesserai devant les anges» (Lc 12, 8).

L’Eglise primitive avait même la confession publique, ouverte à tous. Le saint dont je porte le nom, Jean de Cronstadt, la pratiquait aussi. Les gens se confessaient devant la foule, énonçant leurs péchés, mais il faut pour cela être d’une forte trempe, car d’une part, nous n’avons pas la force d’agir de cette manière et, d’autre part, nous sommes faibles et pouvons être choqués par les péchés du prochain. C’est pourquoi l’Eglise, condescendant à notre faiblesse, nous offre la confession devant le prêtre discret.

Mais il y a une force aussi à confesser ses péchés devant un témoin. Le Christ, dès le début, prenait toujours deux ou trois témoins. Partout, Il unissait le témoignage d’en-haut au témoignage d’en-bas. Nous avons le témoignage de l’Esprit qui éclaire notre conscience et celui de l’Eglise. Certes le prêtre est présent pour absoudre, mais en même temps pour être témoin ; en sa personne l’Eglise est présente, et même si votre confession est maladroite – nous ne savons pas nous confesser – vous en ressentirez une grande joie. Que de fois nous disons des choses inutiles, que de fois nous ne distinguons pas l’essentiel, n’ayant pas suffisamment l’habitude de jeter notre regard éclairé par la grâce en nous-même, dans l’homme intérieur. Je le répète, en dépit de la maladresse de votre confession, elle sera efficace. Ceci est ma demande avant le Carême. Vous pouvez, dès aujourd’hui, commencer, vous pouvez le faire. N’hésitez pas ! Si vous découvrez quelque chose que vous n’avez pas dit, revenez simplement vers le prêtre, avec cet esprit qui ne se juge pas, dévoilez votre état et attendez humblement la miséricorde divine. Souvenez-vous que, même si vos péchés sont cramoisis, le pardon de Dieu les fera blancs comme neige (Is 1, 18). Puisez à la source du renouveau, la confession est le printemps de l’âme.

Pour accueillir la joie pascale, pour vivre la Semaine Sainte, mourir et ressusciter en Christ, nous devons déjà nous préparer, afin que la semence tombe en une terre fertile et que notre être profite pleinement.

Telles sont mes paroles pour vous aujourd’hui.

Que Dieu vous bénisse et vous garde, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.